Totems des Mers
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer. [Aristote]
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal

 

 A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]

Aller en bas 
5 participants
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeMer 20 Juin - 4:59

[HRP : Arrow L'Hadès]
[HRP 2 : ce sujet est ouvert à tous ceux qui pourraient être sur ce bateau -pour des raisons diverses-, et en particulier à l'équipage de Punition Expéditive. Comme il s'agit d'un navire de chef de camp, nous pouvons faire agir des PNJs... et si vous venez de vous inscrire, vous pouvez quand même nous rejoindre ^^ .]

Kanaw, à la barre, avait les yeux rivés sur l'horizon. Aller droit devant, et en oublier tout le reste.

Depuis qu'il était de retour sur le bateau, son éternel sourire ne l'avait pas quitté. Il s'était contenté de dire qu'il fallait filer, qu'ils n'avaient pas le temps de s'arrêter trop longtemps, et les voiles s'étaient libérées. Pas un mot de l'entrevue n'était encore sorti des lèvres du Croc Noir. Et pourtant, il savait parfaitement qu'il fallait en parler à son équipage. Lui dire qu'il avait été décidé qu'ils iraient combattre le monstre avec les Pirates et les soldats de la Marine.

Dire à ces gens qu'il fallait s'attendre à mourir...

Kanaw Llyr secoua négativement la tête. Il devait se montrer plus dur, s'il voulait être un bon capitaine. Sa sœur ne se refusait certainement pas à tuer qui que ce soit. Alors pourquoi, lui, s'attachait-il autant à ces gens ? Ce n'était qu'un équipage, se répétait-il dans sa tête. Cependant, il savait que cet équipage, c'était la troupe de ses compagnons.

Un soupire s'échappa de ses lèvres. En croisant quelques regards, il sentait que certains se posaient des questions sur son état. Non, il n'était pas dans son état normal. Erwana... Il y songeait encore. Et il se haïssait pour son sentimentalisme exacerbé.

La barre tremblait légèrement. Le Cocyte... Kanaw sentait dans ses muscles qu'il cherchait à briser le navire. A moins que ce ne soit qu'une impression... dans tous les cas, il ne fallait pas se laisser faire. Ce fleuve de larmes pouvait avaler plus d'une vie, s'ils passaient par-dessus bord. Et même si les berges n'étaient pas si éloignées, il serait quasiment impossible de les atteindre. Le Capitaine de Punition Expéditive savait qu'il jouait sa vie à chaque instant... ainsi que celles de ses marins.

Son regard se posa sur un matelot qui traînait dans le coin :


-Trouve-moi quelqu'un pour m'apporter un verre de vin, et pour me masser.


"Quelqu'un", donc, dans le langage de Kanaw, cela ne sous-entendait pas forcément qu'il voulait une femme. Peut-être ne voulait-il, au fond, qu'un peu de présence. Un peu de soutien... et un moyen comme un autre d'éviter de penser à ce qu'il pourrait arriver à Kaano, dans cet autre monde.

Le Croc Noir observa un court instant le matelot partir, et fixa de nouveau l'horizon... Aller de l'avant, pour éviter de sombrer.
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeDim 24 Juin - 20:16

- J’ai deux questions.

La voix aussi glaciale que charmante sembla sortir tout droit du néant, juste derrière l’épaule du Capitaine du navire. Il n’y avait ni impatience, ni agacement dans cette voix. Au contraire, ces quelques mots avaient été prononcés de la manière la plus calme et la plus neutre qui soit.

Le propriétaire de cette voix ? Une jeune femme, appuyée contre la balustrade, les bras croisés devant elle, et les yeux fixés sur le dos de Kanaw. Des yeux qui ne paraissaient pas réellement se poser sur un point fixe. Un très bon observateur aurait d’ailleurs remarqué que ces yeux-là ne parvenaient jamais à trouver une réelle stabilité. Tout à l’inverse de l’attitude impassible de leur détentrice.

Le nez d’Eleanora se plissa légèrement, en un mouvement presque imperceptible. Il ne lui en fallait pas plus pour percevoir l’agitation du navire, sans avoir à bouger d’avantage. Et les odeurs étaient preuves de bon nombre de choses. Elle sentait une certaine appréhension, chez l’être qu’elle fixait avec indifférence.

D’un geste machinal, elle tapota le talon de sa botte, et tourna la tête pour observer l’eau au dessous d’elle. Un instant, elle donna l’impression d’avoir oublié ses propres mots. Ses deux questions ? Inutile de se presser… Aucun doute à avoir là dessus : Kanaw les entendrait bien d’ici peu. En attendant, Eleanora ferma doucement les yeux, sans plus faire attention à la présence de son fiancé.

Nul ne savait réellement les raisons qui l’avait poussée à se retrouver là, à bord du navire du Capitaine des Corsaires, mais personne n’était dupe. Elle n’y était certainement pas montée par simple plaisir ou envie. Preuve en était qu’elle semblait surveiller tout ce qui l’entourait avec une intensité telle, qu’elle s’apparentait tout autant à de l’indifférence.

Quoiqu’il en soit, elle était là, non loin de lui, ayant abandonné pour l’occasion ses robes de princesse pour une tenue plus sobre, et accommodée au voyage. Ses bottes noires montaient jusqu’à ses genoux et enserraient un pantalon d’un noir tout aussi profond. Dans son dos, ses cheveux sombres étaient noués en une lourde tresse, qui se balança au rythme de ses pas, alors qu’elle s’avança… jusqu’à se planter juste derrière Kanaw.

Dans un geste qu’elle rendit presque habituel et nonchalant, Eleanora déposa délicatement son menton sur l’épaule du jeune homme, et poussa un profond soupir, dont on ne saurait dire s’il était sincère ou parfaitement calculé. L’une de ses mains s’avança avec une grâce froide jusqu’à la barre, qu’elle se contenta d’effleurer du bout des doigts. Elle ne donnait pas l’impression d’avoir peur. Elle ne donnait l’impression de rien, en réalité.

Un léger sourire étira ses lèvres, alors qu’elle se décida enfin à développer, de sa voix si sereine et si inquiétante tout à la fois :


- En quoi un verre de vin et un massage peuvent-ils aider à diriger ceci ?

Ses doigts se posèrent cette fois-ci complètement sur la barre, où elle sentit à son tour le léger tremblement qui y demeurait. Cette sensation lui fit naître un second sourire, qui parut vaguement… satisfait.

La première des deux questions n’était rien d’autre qu’une mise bouche, à ce qu’il sembla. Une question rhétorique, à laquelle elle n’attendit nulle réponse, puisqu’elle releva la tête, lâcha la barre, et déposa délicatement ses deux mains sur les épaules du jeune homme, pour y exercer quelques pressions au niveau des omoplates. Ses gestes avaient à la fois quelque chose de doux, d’agréable… et de menaçant.

La deuxième question ne tarda pas à franchir ses lèvres, avec la même indifférence feinte que tout le reste :


- Kan… Combien de temps te faudra-t-il pour me raconter ?
Revenir en haut Aller en bas
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeDim 24 Juin - 22:46

Il sourit.

Rien qu'entendre cette voix, cela lui donnait une énergie incroyable. Parce qu'il commençait à la connaître, et qu'il sentait qu'elle était une source d'amusement... ou d'intérêt. Ils n'étaient pas fiancés pour rien. Et elle était un chemin vers le pouvoir. Un très joli chemin...

Kanaw ne dit rien, lorsqu'elle garda le silence. Les questions, elle les poserait en temps et en heure. Lui s'intéressait aux flots du Cocyte, aux moindres remous. Si son équipage pouvait faire face à une mer tumultueuse, il préférait encore éviter de les mettre à l'épreuve, et chercher, parfois bien instinctivement, à rendre le voyage le plus calme possible. Toujours éviter les dangers, dans la vie comme en mer... D'un côté, les deux femmes qui retenaient le plus son attention étaient deux dangers ambulants. Sa jumelle et sa future femme... L'une voulait sa mort, et l'autre se servait de lui pour... pour il ne savait pas trop quoi. Le Croc Noir savait juste qu'il ne lui en voulait pas. Il se servait bien d'elle, lui aussi.

Il ne fit pas un geste, lorsqu'elle déposa son menton et qu'elle soupira. Pas un geste, à part celui de maîtriser la barre que les doigts fins de la princesse frôlaient. Il souriait, et c'était tout. Se laisser faire, avec une légère retenue, lorsqu'elle commençait à le masser. Cette femme pouvait sembler menaçante dans le moindre de ses gestes... et si douce qu'il appréciait les mouvements des mains de la princesse.

La seconde question semblait attendre une réponse, contrairement à la première. Oui, il était peut-être temps d'expliquer pourquoi tout cela. D'un autre côté, un équipage qui agissait sans se poser de questions, et une princesse prête à entrer dans les Enfers Aquatiques pour le suivre, cela avait quelque chose de plaisant.


-La question aurait été plus précise si tu m'avais demandé combien de temps tu accepterais que je garde le silence.

Il se tourna vers elle, pour la première fois depuis son retour de l'Hadès. Vraisemblablement, il n'avait pas changé. Toujours ce sourire, et ces yeux d'or et d'orange qui n'exprimaient jamais rien.


-Tu as fait tout ce chemin pour savoir ce que j'ai en tête, n'est-ce pas ?

Le Croc Noir n'attendit pas la réponse.

-Ton père m'a demandé de monter une force d'attaque suffisante pour vaincre ce monstre dont les civils parlent. Je lui offre une alliance entre la Marine, les Pirates, et les Corsaires. Ne suis-je pas le gendre parfait ?

Surprenant quelques regards indiscrets et surpris, il reprit sa phrase, en faisant une annonce plus forte :

-Vous m'avez bien entendu, nous sommes alliés avec les Pirates et la Marine pour vaincre ce monstre qui pourri nos flots ! Nous avons fait une courte paix, mais si l'un de nos alliés nous attaque... nous sommes dans notre droit de l'éliminer.

Un léger brouhaha prit naissance sur le bâtiment. Kanaw ne donna pas beaucoup d'importance à ce bruit. Il souriait. Toujours. Et son regard se posa de nouveau sur sa fiancée.


-Le reste est plus personnel. Je voulais parler à ma jumelle. Ca s'est si mal passé que je suis assez énervé. D'où l'intérêt du massage et du verre de vin.

La main droite du Croc Noir lâcha la barre, pour errer le long de la hanche de sa fiancée. Il sourit, toujours, fixant les flots droit devant lui. Et s'arrêta soudainement, sentant quelque chose de dur dans les vêtements de la princesse. Le geste fut vif, très vif... Et la conséquence était le poignard que Kanaw avait planté sur sa main gauche, entre le majeur et l'index, sur la barre.

Le Capitaine des Corsaires poussa un râle, bref et ressemblant plus à un soupir qu'à autre chose, et fixa son sang couler sur la barre et sur le sol. L'image de sa sœur d'imposa à ses yeux, ses caresses, sa voix, son faux sourire. Comment pouvait-elle se permettre de le blesser ainsi ? Pourquoi ne le croyait-elle pas ?

Cependant, la douleur était invisible. Kanaw ne savait pas pleurer. Encore moins en public. Son corps restait droit, son regard sans vie fixait les flots, et avant tout...

... le Croc Noir souriait.
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeLun 25 Juin - 19:31

Eleanora se mit à rire à la première phrase du jeune homme. Un rire qui pouvait surprendre, tant il était simple et chaleureux, en comparaison du ton glacial et neutre de sa voix. Encore que… peut-être était-ce d’avantage inquiétant, de l’entendre rire le plus simplement du monde. Comme si cette attitude était… contre-nature. Contre sa nature, plus précisément. Et un rire aussi léger résonnait le long du fleuve d’une manière quelque peu lugubre.

Elle n’ajouta cependant rien, mais un coin de sa bouche s’étira en une petite moue satisfaite et curieusement désinvolte, alors que Kanaw se retourna enfin vers elle. Les yeux de la jeune fille clignèrent, en un mouvement quasiment imperceptible. Il y eut dans son regard une sorte de lueur… rassurée. Pour une raison obscure, elle parvenait d’avantage à garder la vue stable, quand elle fixait les yeux d’or et d’orange du jeune homme. L’acier des siens semblait aussi inébranlable, que ceux de Kanaw étaient inexpressif.

Le feu contre la glace.

La glace, pour l’heure, fut parcourue d’un éclat amusé, cette fois-ci. Le sourire d’Eleanora s’agrandit encore, et elle cessa son massage, pour croiser de nouveau les bras devant elle, sans pour autant quitter le regard de son fiancé. La question de Kanaw n’était qu’à peine voilée… Nul doute à avoir : il se demandait avec une réelle curiosité les raisons qui avaient poussée Eleanora à l’accompagner jusqu’ici. Et la jeune femme trouvait cela fort amusant.

Kanaw en lui-même, était amusant. Quoi qu’on puisse en dire, Eleanora n’avait pas accepté de l’épouser pour la simple et bonne raison qu’il était le Capitaine des Corsaires, et un fidèle allié de son père.
Bien au contraire. Il la distrayait, et elle était parfaitement consciente que l’inverse était exacte… Tous deux savaient pertinemment que l’autre voulait quelque chose de précis. Mais là où Eleanora pensait avoir un point d’avance, c’était que lui, ignorait ce qu’elle attendait de ce mariage. En revanche, elle lisait en lui aussi aisément qu’en n’importe qui. Pas besoin d’être voyante pour comprendre qu’il admirait le trône de son père, à travers elle. Et elle n’en était nullement vexée. Plus encore… Si elle savait cela, c’était donc qu’elle avait bien l’intention de mener le jeu.
Cependant, Kanaw avait oublié un léger petit détail… elle n’était que la seconde fille du Roi. La mauvaise, donc.

Le Roi, d’ailleurs… Il était en train d’en parler. Et l’amusement sur le visage d’Eleanora, côtoya soudainement l’amertume et la rancœur, même si elle demeura d’un calme olympien, et d’une douceur qui frôlait la perfection. Perfection douteuse, lorsqu’elle se mit à secouer légèrement la tête, pour siffler entre ses dents, les yeux toujours rivés vers ceux du Capitaine :


- Le gendre m’importe peu…

Même ainsi murmuré, il demeurait un semblant de neutralité dans sa voix, qui laissait planer un affreux doute… Hypocrisie, ironie, ou vérité ? Eleanora semblait prendre sa propre remarque comme un simple constat pas même digne d’un quelconque intérêt. Elle jeta quelques regards vagues autour d’elle, pour observer autant qu’elle le pouvait les réactions des matelots, quant à la déclaration soudaine de Kanaw.

Pour sa part, si elle fut surpris, choquée ou satisfaite, elle n’en montra rien. Au contraire, elle donnait l’impression d’être au courant d’une telle chose depuis au moins une décennie. Ce qui, bien sûr, était faux. A travers le léger brouhaha qui s’ensuivit, sa voix se contenta d’ajouter, en toute impartialité :


- Mon père a toujours su trouver des gens capables de mourir ou d’accomplir pour lui des exploits… et d’en retirer seul toute la gloire. Si sa véritable raison était de se débarrasser de ce monstre, pourquoi n’irait-il pas lui-même le chercher ?

Eleanora pencha légèrement la tête sur le côté, accentuant cette fois-ci une ironie certaine, pour conclure brièvement :

- Qui donc est le pion, dans cette histoire ?

Ses réflexions sur son père furent vite chassées de son esprit à l’évocation de la jumelle de Kanaw. Eleanora ne prit pas un seul instant une mine compatissante ou compréhensive, en apprenant que les retrouvailles du frère et de la sœur s’étaient plutôt mal passées. A croire qu’elle s’en fichait éperdument. Ce qui était peut-être le cas.

Quoi qu’il en soit, cette jeune femme dont Kanaw lui parlait, lui semblait tout aussi digne d’intérêt que son frère, sinon plus. Et sans rien en montrer, elle nourrissait une curiosité à son égard, teintée d’une réelle méfiance. La jumelle pouvait être une alliée irréprochable… ou la pire des rivale. A voir…

Les yeux d’Eleanora glissèrent soudainement vers le geste de son fiancé, sans ciller. Elle suivit avec une immobilité parfaite la main du jeune homme errer le long de sa hanche, sans paraître éprouver le moindre sentiment, ni la moindre gêne. La glace, toujours… Jusqu’au moment où Kanaw se saisit de son poignard, et d’un geste vif, le planta dans sa main.

Pas plus choquée que cela, Eleanora arbora une mine ennuyée, mais sans plus. Visiblement, l’état mental de Kanaw laissait vraiment à désirer, mais sa fiancée semblait avoir l’habitude. Ou bien elle n’y voyait là aucun intérêt.
Après une petite minute de silence neutre, il y eut un léger mouvement de la part d’Eleanora, qui murmura soudain à l’oreille du jeune homme :


- Toujours finir le travail commencé.

Il ne ressentit rien d’autre que la même douleur vive dans la main, alors que la jeune femme plantait un second poignard identique au premier, à peine quelques centimètres plus loin dans la chair du Capitaine. Elle n’avait pas montré la moindre hésitation. Le geste avait été aussi gracieux que désinvolte.
Pendant quelques secondes, elle se contenta d’observer le sang qui coulait sur la main du jeune homme, avant de lâcher doucement, en faisant un petit signe de tête vers les deux poignards :


- Jamais sans son jumeau…

Et sans plus d’explication, elle récupéra tout aussi rapidement ses armes, pour les faire glisser le long de ses doigts en les détaillant, comme si elles avaient pu être abîmées par l’incident. Visiblement, la blessure du Capitaine, ni la raison de cette blessure, ne lui causaient plus de problème.

D’un geste machinal, elle sortir un mouchoir de sa manche, et un instant, fit mine de vouloir nettoyer ses poignards. Mais elle n’en fit rien. En un éclair, ils disparurent simplement sous ses vêtements, et elle approcha le mouchoir de ses dents, pour le déchirer en deux.


- Ca t’amuse, n’est-ce pas, de penser que je suis venue jusqu’ici juste pour te surveiller ? C’est la seule explication que tu as pu trouver à ma présence, je me trompe ?

Son sourire se fit quasiment malicieux, ce qui offrit un contraste saisissant avec le regard d’acier qu’elle lui lança au même moment. Elle laissa passer un silence énigmatique, tandis qu’elle approchait son index de la main blessée de Kanaw, pour récupérer une goutte de sang sur le bout de son doigt, et l’amener à ses lèvres.

- Quant à cette histoire avec ta jumelle… Je ne vois pas ce qu’il y a de si compliqué.

Elle baissa la tête vers la main blessée, qu’elle prit délicatement entre ses doigts, pour la forcer à s’approcher lentement de son visage. Eleanora semblait parfaitement détachée, autant de ce qu’elle faisait que de ce qu’elle disait. Avec une infinie précaution, en contradiction complète avec le geste violent de tout à l’heure, elle enroula soigneusement les deux bandes de son mouchoir autour de la blessure. Le tissu se teinta aussitôt de rouge.

Elle n’y prit pas garde, déposa un baiser inopiné sur le dos de la main du jeune homme, et la rendit à son propriétaire. Son attitude pouvait presque paraître protectrice, douce et chaleureuse. Mais elle prenait soin, dans le même temps, d’y glisser une menace sous jacente. Une preuve de ce qu’elle pourrait faire. L’être et l’apparence se côtoyait chez elle en un mélange qui mettait mal à l’aise.

Elle choisit pourtant de continuer, plantant un regard neutre sur le visage de Kanaw :


- Si cette jeune fille ne te cause rien d’autre que de la souffrance, pourquoi diable t’y attaches-tu ? C’est tout bonnement ridicule… Si tu juges que l’utilité de cette personne ne vaut pas le mal qu’elle te donne, oublie-la, c’est aussi simple que ça.
Revenir en haut Aller en bas
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeMar 26 Juin - 5:50

Le corps de Kanaw se tendit immédiatement, en sentant un autre fer se placer dans sa main. Le sang se mit à couler bien plus abondamment, et les yeux du Capitaine virèrent littéralement au rouge. Eleanora avait vraisemblablement ravivé le feu. Un feu qui souriait toujours, pourtant... et qui avait la gentillesse de ne pas laisser le corps du marin se transformer.

Le Capitaine Llyr avait cette capacité à se laisser faire, entre les mains d'une femme telle que la princesse, qui pourrait en surprendre plus d'un. Elle venait de lui dire quelque chose de profondément ennuyant, aussi. Alors il y avait deux solutions : il parvenait à pardonner à la jeune femme, ou il comptait se venger un peu plus tard. Pour l'instant, il fallait être devin pour savoir quelle en était la réponse.

Le Croc Noir fixait Eleanora, comme s'il n'y avait qu'eux au monde. Les Corsaires autour d'eux, conscients de la colère qui devait commencer à croître dans le cœur de leur chef, se permettaient de s'éloigner un peu des deux fiancés. Lui ne s'en souciait guère, il n'était plus en état d'y penser. Et elle enfonça un autre poignard, invisible, dans l'âme de son fiancé. Parler d'Erwana, c'était risqué. Même si la princesse avait des gestes doux en prononçant ses paroles. Elle devait bien se douter de la suite, de toutes manières.

La suite qui fut une claque de l'arrière de la main droite du Croc Noir. Le coup sembla résonner sur les flots, le bâtiment s'était tu.


-Toi...

Kanaw s'était tourné vers un pauvre malheureux qui s'était trouvé un peu trop près de lui.

-Conduis. Et au moindre faux pas, je te mange. Et je tiens pour responsable chaque membre de l'équipage. C'est à dire que j'appliquerai les sentences nécessaires si je juge que personne ne prend sa place s'il ne sait pas conduire un bateau.

La menace qui courait dans l'air faisait son effet. La main droite de Kanaw se ferma sur le bras de la jeune femme, qu'il tira derrière lui, sans lui donner l'occasion de s'échapper, jusqu'à la cabine du Capitaine. Il ferma la porte derrière eux, et la força à prendre place sur un fauteuil.


-Je saurais te punir comme il se doit si ma main gauche ne fonctionne plus.

Il ne souriait plus. Cela lui arrivait souvent, quand ils n'étaient que tous les deux.

-Et il n'y a plus de jumeaux. Je crois que je suis moins proche de ma famille que tu ne l'es de la tienne. Et je te surveille assez pour savoir que tu es... Enfin, ce n'est pas le sujet, n'est-ce pas ? Sache juste que je suis encore attaché à elle. L'amour fraternel, ça peut exister... mais il est devenu un duel à mort. Alors je me battrai, et s'il le faut, je la tuerais avec tout l'amour que j'ai pu ressentir.

Le Croc Noir posa ses mains sur les accoudoirs du fauteuil, pour surplomber la jeune femme.

-Pour répondre à ta première question, je ne suis pas un Pion, je suis un Fou. Et je suis en train de faire oublier à ton père qu'il existe un autre prétendant au trône, et que tu es cette fille qu'il ignore constamment. Nous n'arriverons à rien l'un sans l'autre. Alors à moins que tu ne trouves une meilleure solution, on s'en tient à mes décisions.


Pas la peine de signaler que la pression qu'il faisait sur sa main gauche n'était pas très bonne pour lui. Il ne semblait pas ressentir une once de douleur... A vrai dire, Kanaw n'était pas de bonne humeur. Et il dégageait un côté sauvage et destructeur...

-Je ne sais pas pourquoi tu es là. Je peux supposer bien des choses. Et peut-être ne saurai-je jamais la vérité. La sais-tu seulement ?

Les yeux clos, il poursuivit :


-J'aimerais que tu évites de prendre le risque de m'énerver. Un peu plus, et j'aurais été le seul survivant de ce bateau.


L'homme se redressa, s'avança vers la table qui siégeait un peu plus loin. La table à laquelle il mangeait. Cette fois-ci, il y déposa deux verres, les remplit de vin, et les prit dans ses mains. Une grimace due à la douleur de sa main gauche, et le voilà reparti vers la princesse, à laquelle il tendit un verre, tout en commençant à déguster le sien.


-Embrasse-moi, Eleanora Montgomery.

Le regard de Kanaw reprit des teintes orangées, sans revenir pourtant à la normale. Il était toujours vide, implacable. Son sourire ? Presque invisible. L'homme était droit, fixe, tâchant le sol de son sang, face au fauteuil de la princesse.

Il était encore au bord de l’énervement critique, juste avant l’instant fatidique où il pourrait se transformer. La menace, il ne ressentait pas le besoin de la prononcer. C’était à sa fiancée de comprendre.
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeMar 26 Juin - 19:41

Un jeu. Ce n’était rien de plus qu’un jeu aux yeux de la Princesse. Cela se remarquait dans son regard coupant qui mêlait le défi à l’amusement, tandis qu’elle fixait inlassablement son fiancé. Il n’y eut pas un seul mouvement, pas un seul frémissement dans la moindre parcelle de son corps, lorsque le navire retentit du coup qu’elle reçut.

Elle l’accusa sans un mot, et sans une faille. Même son sourire calme et apaisant au possible n’avait pas disparu de son visage. Eleanora avait simplement tourné la tête sous la gifle, mais pas la moindre expression de sa part ne permettait de dire si elle était surprise ou non. Le contraire semblait plus juste, à la réflexion. Son attitude si stoïque qu’elle en paraissait irréelle, laissait comprendre que c’était exactement l’effet recherché… A moins qu’elle ne veuille simplement donner l’impression de toujours maîtriser la partie. Toujours…

Quoiqu’il en fut, le résultat était plus que clair. Sa joue la brûlait et prenait une belle teinte rouge. Et Eleanora restait toujours de marbre. Imperturbable. Comme si tout se passait précisément ainsi qu’elle l’avait voulu. Preuve en était qu’elle ne sembla pas surprise le moins du monde de se sentir tirée un peu violemment par Kanaw, en direction de sa cabine.

Elle le suivit avec une docilité telle, que personne ne pouvait véritablement y croire… sans pour autant s’en empêcher. Ce fut même la jeune femme qui se plaça de son plein gré dans le fauteuil, devinant parfaitement les intentions de son fiancé. L’éclat cruel qui demeurait dans ses yeux, depuis qu’elle avait fait jaillir son second poignard, s’effaça soudain, et elle revêtit en une fraction de seconde son masque infaillible.

La jeune fille assise dans le fauteuil semblait à présent aussi sage qu’innocente, les mains soigneusement posée sur ses genoux, la tête levée en signe d’assentiment vers le jeune homme, un léger sourire poli inondant son visage de naïveté, et puis ses yeux… qui n’exprimaient plus rien d’autre que l’attention la plus vive pour ce qu’il était en train de dire.

Il n’y eut qu’un murmure, qui franchit ses lèvres, alors qu’elle remarquait un détail anodin :


- Tu ne souris plus, Kan.

Le ton était parfaitement neutre, mais il y résonnait comme un arrière goût de conclusion. Etait-ce donc seulement ce qu’elle recherchait ? Difficile à dire. Voir même impossible, puisqu’elle ne prit absolument pas la peine de disserter sur la question. Le fait était là, point final. Elle garda le silence tout le long de sa tirade, hochant la tête de temps à autre en guise d’approbation, comme on le ferait, poliment, en bonne société. Et c’était tout.

Pas le moindre signe de remord pour son geste. Pas le moindre signe de colère pour celui de Kanaw envers elle. Pas le moindre signe de compassion lorsqu’il parla de sa sœur. Rien. Converser avec Eleanora revenait plus ou moins à parler tout seul, en un sens… Du moins, pour le moment.

Un court instant, ses yeux gris virèrent jusqu’à la main ensanglantée du jeune homme, qu’il appuyait sans doute un peu trop sur les accoudoirs. Elle sentait, plus qu’elle ne voyait, la douleur qu’il pouvait ressentir, et visiblement, cela ne lui fit ni chaud, ni froid… En revanche, elle plissa légèrement le nez. L’odeur du sang n’avait rien de désagréable, mais…

Elle en était à cette réflexion lorsque les vapeurs du vins se mélangèrent à celles du sang, et Eleanora releva lentement et docilement la tête vers le Capitaine, attendant avec la plus grande patience du monde, qu’il lui tende son verre. Au moment où elle y refermait ses doigts, il lui fit cette étrange demande.

Et là, seulement là… Elle sembla vaguement surprise. L’étonnement ne dura que le temps d’un éclair, mais il fut bel et bien sur son visage. La Princesse fronça légèrement les sourcils, et le dévisagea avec attention. Comprenait-elle le message ? Sentait-elle la menace sous-jacente ? Ou jouait-elle simplement de cela ?

Une, deux, trois secondes de silence s’écoulèrent… Eleanora fixait sans ciller l’orangé des yeux du Capitaine, jusqu’au moment où elle lâcha un nouveau murmure :


- Pourquoi ?

Le ton n’était même pas celui d’une question, à la vérité. Elle ne sembla d’ailleurs pas y attendre la moindre réponse. A peine ce simple mot avait-il franchit ses lèvres, qu’elle esquissa l’ébauche d’un sourire différent, et releva d’avantage la tête. Sa bouche se déposa presque délicatement sur celle du jeune homme, qu’elle se mit à embrasser avec une étrange douceur. Ses lèvres étaient plutôt froides, insensibles… mais l’embrasser, c’était comme embrasser du vent et de la soie.

Lorsqu’elle se retira, son regard argenté se posa dans celui de son fiancé, et elle se contenta d’un constat :


- Tu brûles…

Ce qui n’était pas bien difficile, vu la froideur des lèvres d’Eleanora. Elle ne s’éternisa pas sur la question, et après avoir laissé glisser son index sur la joue du Capitaine, elle ramena son verre à sa bouche, et en but une gorgée, tout en se rasseyant dans le fauteuil avec un naturel déconcertant. Elle adopta alors le ton léger de la conversation, comme si elle se contentait de discuter de la pluie et du beau temps :

- Résumons… Tu t’es planté un poignard dans la main, j’ai fait de même, tu m’as giflée… Ensuite tu as demandé au premier marin qui passait de diriger ton navire alors que tu sais parfaitement que ce fleuve est dangereux, et pour finir, tu réclames un baiser. Donc tu as parfaitement raison… Tu es un Fou…

Elle leva son verre, faisant mine de boire à sa santé, et le termina d’une seule traite, avant de planter de nouveau son regard dans le sien. Son attitude était parfaitement sereine, et sa voix plus douce que jamais. On ne sentait nullement l’hypocrisie ou la fausseté dans son expression, et pourtant… Il y avait quelque chose qui dérangeait réellement. Elle mettait parfaitement à l’aise, mais il manquait quelque chose. On avait l’impression flou et dissipée que quelque chose ne tournait pas rond.

- Mais dois-je te rappeler que le Roi est toujours Roi ? La partie ne fait que commencer, et nous sommes bien loin de l’échec et mat. L’échiquier est bien plus grand encore que tu ne l’imagines. Et soit dit en passant, mort, tu ne pourras plus prétendre à rien, de toutes les façons… Quant à cet autre prétendant, je peux t’assurer qu’il ne sera plus un problème fort longtemps… Tout comme ma sœur, d’ailleurs.

Elle laissa passer un silence un peu énigmatique, reportant son attention sur son verre vide, dont elle caressait machinalement le bord du bout de son index.

- Oui, figure-toi que TES décisions ne sont pas les seules à être utiles. Crois-moi, il y a encore beaucoup de choses que tu ignores sur moi…Et si dans ce jeu tu es le Fou, moi, je suis la Dame…

Il sembla planer comme une sorte de menace, mais l’impression fut si fugace qu’elle laissait penser qu’il s’agissait seulement d’une hallucination. D’ailleurs, elle ne s’attarda pas d’avantage, et changea de sujet à une vitesse surprenante, et pourtant naturelle :

- La famille, hein ? Tu te trompes sur toute la ligne, Kan… A ta place, je la remercierais, ta sœur… Que tu sois proche d’elle ou non, ça n’a aucun intérêt… Mais au moins, sa présence, ou simplement l’idée de son existence te fait ressentir quelque chose de fort. En bien ou en mal, elle évoque en toi des sentiments… Et pas simplement un vide.

C’était étrange comme aucun sentiment ne pouvait trôner dans sa voix, même lorsqu’elle disait ce genre de choses. Un court instant, elle baissa les yeux vers ses mains, auxquelles elle parut accorder un intérêt démesuré. Peut-être était-ce la fin de cette discussion… Non. Le silence ne dura pas. Elle le rompit de sa voix de cristal :

- Et puisque tu me le demandes si gentiment, je veux bien te le dire… Non, ce n’est pas pour tes beaux yeux que j’ai embarqué sur ce navire. C’était pour lui… Le monstre. J’ai entendu mon père en parler…

Pas plus d’explications. Mensonge, vérité, ou simple dissimulation, de toute façon, elle n’en dirait pas d’avantage, c’était là une certitude. Et ses yeux d’aciers fixèrent de nouveau la main blessée, sans qu’elle quitte son sourire de politesse, exaspérant.

- Et pour ce qui est de ta main, je peux t’assurer que si j’avais vraiment voulu l’abîmer, tu t’en serais tout de suite rendu compte… Tu voulais sentir la douleur ? C’est chose faite. J’espère simplement que cela te servira de leçon… Et si tu veux bien me faire confiance, je peux faire quelque chose pour arranger cette blessure. Dans le cas contraire, j’accepte de recevoir une juste revanche.

Et quelle que fut la réponse de Kanaw à ce sujet, elle tendit lentement la main vers lui. Soit pour y recevoir la sienne, et tenter de remédier au fâcheux incident… Soit pour s’y voir planter à son tour un poignard.
Revenir en haut Aller en bas
Lycia Malawé
Mercenaire
Lycia Malawé


Nombre de messages : 66
Navire : Punition Expéditive
Totem : Mii, petit papillon
Date d'inscription : 21/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeMar 26 Juin - 20:31

[Si je me tape trop l'inscruste, je partirais. Mais comme j'ai pas pu poster avant, je me rattrape maintenant !]

Le voyage n'était pas vraiment paisible. Et en tout cas, pas vraiment comme Lycia l'avait espéré. Non, c'était vraiment tout le contraire qu'elle avait imaginé... Mais le voyage était intéressant, très intéressant, et pour le moins peu... banal et reposant. Et ça, Lycia adorait. Adorait tellement qu'elle laissa de côté cet imprévu soudain. Les imprévus... Ca, c'était bien une chose qu'elle ne supportait pas. Toujours en train d'apparaître en travers de votre chemin, au moment où vous pensez que tout va bien, et que tout se déroulera à la perfection. Ah les imprévus ! Mais imprévu est forcément synonyme d'aventure, de surprise et d'activité. Et c'est pourquoi Lycia toléra cet imprévu au lieu d'aller assassiner froidement le capitaine...

Chose totalement imprudente, elle le savait. Et ne l'aurait d'ailleurs certainement pas fait, pas sans prendre trop de risque. Mourir aurait été la finalité la plus probable... Et mourir avec le capitaine une autre totalement improbable. Le capitaine était... étrange. Peut-être un peu comme elle, en fin de compte. Comme... Habité par... Lycia ne le savait pas vraiment, mais elle était certaine que cela cachait quelque chose, quelque chose d'important...


Lycia était en train d'affûter sa lame lorsque le marin avait quitté le capitaine à la barre, les yeux en mouvement comme à la recherche de quelqu'un. Lycia ne l'avait pas quitté des yeux, depuis qu'ils s'étaient engagés sur cette rivière étrange... Depuis, pour être franc, qu'elle s'était embarquée pour un voyage très étonnant. Le regardant, l'examinant, le jugeant... Sans que lui-même ne tourne une seule fois son regard dans sa direction.
*Au silencieuse et discrète qu'une ombre... Mais bien plus dangereuse* avait pensé un bon nombre de fois Lycia depuis qu'elle avait embarqué, elle ne le savait trop comment.
*Sans importance* s'était-elle reprit. *L'important n'est pas comment, mais le fait que je sois ici, tout simplement.*

Elle n'avait tôt fait de se lever à moitié qu'une femme, une vraie, s'était approché du capitaine. Ce qui fit jurer tout bas Lycia. Elle avait des questions à poser à ce damné capitaine, et voilà qu'une putain venait l'embêter. Une putain noble certainement, à en voir son port altier, et son insolente froideur. Même la simplicité de ses vêtements le démontrait. Elle n'était pas habituée à porter ce genre de vêtement, cela pouvait presque se sentir.

Lycia décida de les observer de loin. Fort heureusement, le vent ne portait pas dans sa direction, pour autant qu'il y avait du vent. Elle aurait été quand même bien gênée de surprendre leur conversation ne serait-ce que par hasard et sans aucune attention par derrière. Aussi, sans le son, se contenta d'elle de regarder, prête à réagir au moindre faux pas... Faux pas qui la fit bondir quelques secondes plus tard lorsque le capitaine sortir quelque chose de brillant de son fourreau, pendant à son côté.

Seule une parfaite maîtrise de soi l'empêcha de crier. Et même de bouger, lorsque la femme sortit à son tour un poignard, pour l'enfoncer juste à côté de l'autre. Lycia déglutit péniblement, toute son attention concentrée sur les deux personnes, là haut là-bas. Si loin.

*Quand a-t-elle bien pu monter à bord? Quand et comment? Et qui est-elle? Le capitaine semble la connaître, ou alors c'est en son sein qu'il aurait enfoncé le poignard... Mais que se passe-t-il donc?*

Elle n'eut pas le temps d'en apprendre plus car le capitaine et sa charmante compagne s'en allèrent dans la cabine du premier. Ce qui fit jurer une fois de plus Lycia. Peu désireuse d'engager la conversation avec un matelot pour s'enquérir de l'identité de cette foutue femme, Lycia s'approcha à pas de loup de la porte de la cabine. Et resta à distance respectueuse. Elle n'avait aucune envie d'écouter aux portes. En fait, elle se fichait éperdument de ce qu'ils auraient à se dire.

Assise sur un tas de corde, les yeux rivés sur la porte en bois, Lycia attendit quelque chose, n'importe quoi, pour enfin pouvoir bouger. L'inaction commençait sérieusement à lui donner des crampes et elle n'avait qu'une envie : foutre une raclée à cette donzelle qui se croyait tout permis. Qui qu'elle soit.

Les minutes passèrent, lentement, mais ne semblèrent avoir aucun effet sur la jeune femme, totalement immobile. Il n'était pas encore temps d'agir.


Dernière édition par le Dim 8 Juil - 18:44, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://rpg-krondor.actifforum.com
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeMer 27 Juin - 6:05

Les yeux clos pendant le baiser, Kanaw respecta cette douceur soudaine venant de la princesse. C'était la première fois qu'il l'embrassait, elle. Et c'était aussi la première fois qu'il ressentait un tel frisson, pendant un simple baiser. Etrange, elle l'était encore, plus maintenant. Ce contact entre eux fut court. Il n'était pas du genre à forcer une femme pour cela, alors il se contenta de sourire, de nouveau. Un sourire peut-être plus franc qu'à son habitude, pendant qu'il passait sa langue sur ses propres lèvres, d'un air connaisseur.

Il l'observa, toujours avec cet air étrange, lorsqu'elle plongea son regard dans le sien, et lorsqu'elle frôla sa joue. Certains goûteraient un nouveau vin avec cette expression, lui venait d'embrasser celle qui serait sa femme. Un air rêveur s'installa au coin de ses lèvres, qu'il frôlait maintenant des doigts de sa main droite.

Puis, sans raison apparente, il s'avança vers sa table, et observa les flots du Cocyte, pourtant déchaînés, en sachant que ce n'était pas lui qui conduisait, par cette baie vitrée qui donnait sur l'arrière du bateau. Kanaw ne semblait plus posséder aucun intérêt pour ce qu'elle racontait... ou peut-être que son inquiétant silence était une preuve d'attention. Son sourire actuel, moins défiant qu'à son habitude, se perdit un instant dans le vin.

Et alors que la princesse parlait de son envie de voir le monstre, envie qu'il ne pouvait prouver, ni parfaitement croire, Kanaw s'était rapproché d'elle, la bouteille de vin à la main, pour remplir de nouveau le verre princier. Un retour vers la table, où il se servit à son tour, puis il reprit place près d'elle.


-Toi, tu as des lèvres de glace.

Le jeune homme s'installa dans le fauteuil en face de celui de la princesse.

-Ce n'est pas désagréable... tu me surprends jusque dans le premier baiser que tu me cèdes. Au passage, je vais peut-être sembler déplacé de faire ce genre de comparaison, mais... ta sœur a beau embrasser très bien, tu as un petit quelque chose en plus qui permet de l'éclipser. Eclipser, ou effacer...

D'un trait, il but son verre, puis fixa Eleanora.

-La glace et le feu, s'ils se rencontrent... que penses-tu que ce couple pourrait faire, alors qu'au premier regard, il devrait être inconcevable ?


Le Capitaine se releva, posa son verre sur la table, et se mit à genoux face à la princesse. Son sourire s'effaça, alors qu'il l'observait en contre-plongée, et qu'il tentait de trouver quelque chose dans ses yeux...

Peut-être y trouva-t-il ce qu'il cherchait. Ou peut-être pas. Il sourit de nouveau, de cet air étrange qu'il avait pris après le baiser.


-Je me demande ce que tu prépares à ma belle-sœur et à son mari. J'hésitais à envoyer un assassin, mais je voulais ton accord... Finalement, je vais te laisser faire, cela sera plus amusant... Je pensais aussi à salir leur couple, avant que je ne te rencontre, mais c'était trop dangereux. Et nous tissons des liens trop importants pour que je me permette de les briser.

Son sourire s'agrandit...

-Bien sûr que tu es la Dame... Tu me connais, je l'avais déjà senti... Sinon nous n'en serions pas là.

Il tendit sa main blessée à la jeune femme, en fermant les yeux... Des yeux qui avaient repris leur teinté orangée et d'or...


-J'aviserai au bon moment, pour ma sœur. Pour l'instant, nous allons combattre "côte à côte". Pensons à survivre, le reste n'est qu'un tas de futilités qui ne sont bonnes qu'à m'amuser... oui, je m'amuse de tout, mais je garde ma priorité... Comme tu l'as dit, mort, on ne peut plus prétendre à rien.

Kanaw déposa totalement sa main blessée dans celle de la princesse, demeura un instant immobile, pour vivre silencieusement la douleur, puis passa sa main droite dans ses cheveux noirs. Des mèches noires, rebelles, retombèrent rapidement devant ses yeux. Il ne s'en énerva pas. Il était redevenu calme.

-Aurais-tu des connaissances en médecine dont je n'aurais pas entendu parler ? Ou voudrais-tu me planter un troisième poignard ?

Il effaça son sourire, pour devenir froid... ou plus exactement, pour sembler plus sombre.

-Surprends-moi, en bien ou en mal, et j'aviserai...

Le regard de flammes du Capitaine plongea dans celles de sa fiancée. Il était presque certain qu'il ne parlait pas seulement du cas de sa main.

Pendant ce temps-là, il ne se doutait absolument pas que quelqu'un l'attendait derrière sa porte. Kanaw n'avait pas les moyens de se rendre compte de la présence si proche. Entre les bruits du vent, les hurlements de certains matelots pour couvrir les bruits des vagues, et l'intérêt qu'il se devait de porter à cette conversation, il avait ses limites... Pour l'instant, son attention était confinée dans cette cabine. Eleanora était un danger, un agréable danger qu'il valait mieux surveiller.


[HRP : bien sûr que tu peux venir ^^. Par contre, pour plus de facilités de lecture, et pour ne pas perdre un de nous trois en route, je propose qu'on respecte l'ordre des messages qui vient de s'installer. C'est-à-dire que comme nos persos sont très proches les uns des autres, et risquent d'agir ensemble, mieux vaut faire au tour par tour "Eleanora - Lycia - Kanaw". Ceci dit, dès que nous n'agirons plus ensemble, ces tours n'auront plus raison d'être... je ne sais pas si on peut me comprendre, là, Shocked . Si non, n'hésitez pas à me MP, j'expliquerai ça plus en détail en privé.]
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeMer 27 Juin - 19:42

(HRP : Aucun problème, c'est parfaitement clair ! Chef, oui chef !!)

Lentement, Eleanora releva les yeux, qu’elle tenait jusqu’alors fixés sur sa propre main tendue, en l’attente d’une réponse du Capitaine. Réponse qui tardait à venir. Visiblement, Kanaw prenait le temps de réfléchir à l’éventualité d’un nouveau coup bas de sa part. Ce qui était plutôt sage. Elle ne fit qu’à peine attention à son verre, qu’il remplissait une fois de plus, et sourit mystérieusement, en l’entendant constater la froideur de ses lèvres. Un simple haussement d’épaule de sa part vint approuver l’évidence de cette déclaration, accompagné d’un murmure neutre :

- Je sais.

Elle n’en resta pas moins la main tendue devant elle, arborant le visage le plus patient du monde, tandis qu’il s’installait dans le fauteuil en face d’elle. Les traits de marbre de la jeune femme se modifièrent presque imperceptiblement, et elle s’humecta instinctivement les lèvres. Il venait de la comparer à sa sœur.
Sa sœur… La jeune femme parfaite. Celle dont son père était si fière. La plus douce, la plus charmante, la plus généreuse… L’éclipser, elle ? Voilà qui n’était pas désagréable à entendre… Encore que. Eleanora se méfiait de tout. Et surtout de paroles dans ce genre là. Il ne les avait certainement pas dites sans un but précis… Et quoiqu’il en fut, après tout, cela lui était bien égal. Sa sœur n’était rien. Rien du tout. Pas même un simple Pion.

Le feu et la glace, disait-il… Cette idée lui fit naître une petite lueur un peu inquiétante au fond de ses yeux gris. Elle observa le visage du jeune homme, à genoux devant elle, avec une intensité presque douloureuse, mais ne répondit rien. C’était une sorte d’accord tacite entre eux… Il y en avait toujours un pour garder un étrange silence. Silence qu’elle nourrit d’un nouveau sourire entendu, lorsqu’il évoqua un assassin pour régler définitivement le cas de sa sœur.

Non… Il y avait bien plus simple. Et tellement plus réjouissant… Tuer était trop commun. Elle voulait plus. Et elle savait parfaitement comment s’y prendre. Kanaw choisissait de lui faire confiance à ce sujet ? Elle n’en doutait pas… Mais devait-elle lui parler maintenant de ce qu’elle mijotait depuis déjà un certain temps ? Non… Le surprendre, toujours, c’était bien plus amusant…

Surprendre… C’était justement ce qu’il venait de faire, en tendant finalement sa main blessée à Eleanora. Elle fixa ses yeux qu’elle retrouva d’une belle teinte flamboyante, et arqua un sourcil, prenant volontairement un air perplexe. La confiance qu’il plaçait en elle avait ses limites, elle en était parfaitement consciente… Et ses paroles étaient on ne peut plus limpides. Il ne parlait pas uniquement de sa main… Bien loin de là.

Sans réagir au regard soudainement sombre de son fiancé, Eleanora posa son verre de vin sur une tablette aux côtés de son fauteuil, et referma légèrement ses doigts sur la main blessée, pour la forcer à venir s’installer sur son genou, bien en vue. Aucun son ne franchit ses lèvres pour l’instant. Elle sembla momentanément oublier la présence de Kanaw, et déplaça sa seconde main vers le mouchoir tâché de sang, qu’elle enleva soigneusement pour dévoiler sa blessure.
Ses gestes avaient toujours une précision qui semblait un peu aléatoire, mais on sentait toujours cette menace diffuse, dans toute son attitude. A n’importe quel moment, elle pouvait se décider à faire ce qu’elle voulait à cette main posée sur son genou… Peut-être, justement, s’amusait-elle de cette ambivalence.

Toujours était-il qu’elle se pencha un peu plus sur les deux blessures distinctes, nettes, à la jointure des doigts du jeune homme, et plissa les yeux. Elle s’en rapprocha même beaucoup plus qu’il ne paraissait nécessaire. Puis, à la suite de son examen rapide, elle releva la tête et lança un sourire à Kanaw.


- Ce n’est pas précisément un poignard, que je vais y planter…

Une menace ? Non… Sa voix n’avait rien d’agressive. Comme d’habitude, en somme. Elle était douce, peut-être un peu trop posée pour être réelle, mais rien de plus… Rien de plus qu’une petite teinte amusée qui persista dans ses yeux, alors qu’elle retira sa veste épaisse, dévoilant une simple chemise blanche où trônait une broche. Broche qu’elle ôta rapidement, et dont elle brisa l’aiguille, d’un geste vif.

La pointe dorée brilla un instant dans sa main, puis elle la tendit juste sous le nez du Capitaine, annonçant de la manière la plus naturelle qui soit :


- … mais ceci. Je n’ai pas précisément de connaissances en médecine, non. En revanche, je maîtrise parfaitement l’art de la… broderie.

Elle ne donnait apparemment pas l’impression d’avoir envie de faire de l’humour, au contraire. Eleanora vacillait entre cet air sérieux et impassible, et l’intérêt luisant dans son regard. Une nouvelle façon de s’amuser… Ou de maîtriser la partie, plus précisément. Les deux allaient de paire, généralement. Il y eut même une sorte de lueur un peu sadique dans ses yeux d’aciers, alors qu’elle ajoutait innocemment :

- Quatre ou cinq points de suture suffiront, à mon avis. Cela va certainement faire un peu mal, mais je te demanderais de bien vouloir éviter de bouger pendant ce temps… Sinon ce sera à tes risques et périls. Mais je suppose qu’après deux poignards, tu peux bien supporter une aiguille.

De nouveau, aucune véritable moquerie ne transparaissait. Elle semblait se contenter de constater froidement et simplement les faits. Ou presque…En très peu de temps, elle eut décousu le bas de sa veste, pour récupérer uniquement le mince fil dont elle allait avoir besoin. D’une main ferme, elle saisit celle, blessée, de Kanaw, et de l’autre, elle y planta l’aiguille.

S’il avait su que la jeune femme qui lui réparait la main avec un objet aussi pointu était myope, peut-être le Capitaine se serait-il fait encore plus de souci que cela. Mais Eleanora semblait se débrouiller plutôt bien, même s’il était vrai qu’elle procédait avec une minutie qui pouvait sembler exagérée, mais qui lui était absolument nécessaire.

Ses cheveux tressés retombaient sur son épaule, et quelques mèches rebelles aux reflets bruns venaient s’aventurer non loin de ses yeux, sans qu’elle s’en trouve gênée.
Les doigts qui recousaient la plaie étaient agiles, certes, mais en les regardant de plus près, ils avaient quelque chose d’étonnant. Ils n’étaient pas lisses, parfaits, gracieux, comme les doigts de fée de toutes les femmes de la cour. Ils avaient quelque chose d’usé. Quelques écorchures, même, à certains endroits.

Après avoir planté par deux fois l’aiguille dans la chair de Kanaw, Eleanora se décida à parler de nouveau. Peut-être voulait-elle relancer la conversation, pour détourner l’attention du jeune homme de ce qu’elle était en train de faire à sa main. Ou peut-être pas…


- Ce que tu as dit à propos de ma sœur, tout à l’heure…

Elle laissa passer un silence, suspendant sa phrase. Hésitation ? Non, puisqu’elle continua finalement :

- C’est la chose la plus gentille qu’on m’ait jamais dite.

Ironie ? Cela semblait plus que probable, après tout… Et pourtant, non. Pas une trace d’hypocrisie ou de cynisme. Elle ne prit pourtant pas la peine de relever la tête de son travail, et ne s’en tint pas là :

- L’effacer… Tu n’imagines même pas à quel point cela peut être simple. Un assassinat, c’est ce à quoi tu songeais ? Non, c’est bien trop primaire… Et nous seront aussitôt les cibles parfaites des accusations. Il y a bien mieux. Une revanche exemplaire, je peux te l’assurer… D’ici peu, ma sœur et son mari glisseront du devant de la scène jusqu’aux coulisses.

Cela n’expliquait en rien ce qu’elle avait derrière la tête, mais Kanaw ne pouvait rien espérer de plus que cette maigre explication. Il n’avait pas d’autre alternative que de la laisser agir à sa guise. Elle marqua un pause dans ses paroles, non dans ses gestes. Elle avait déjà recousu la première blessure, et s’attaquait à la seconde lorsqu’elle reprit :

- Je crois que le feu et la glace ont un défaut majeur, Kan… Ils ne peuvent rester bien longtemps « côte à côte », sans se faire du mal…Mais peut-être est-ce justement là que réside leur force. Et peut-être est-ce une autre de mes raisons de me trouver ici… Le feu n’est pas vraiment le feu, sans la glace qui lui fait obstacle…

Elle planta pour la dernière fois l’aiguille dans la chair blessée, fit un nœud au fil, le coupa avec ses dents, puis conclu, inébranlable :

- Et mort, tu ne me sers à rien.

Conclusion plutôt dure, mais qu’elle rendit presque logique, en la soulignant d’un sourire parfaitement entendu. Il savait ce qu’elle voulait dire par là. C’était d’ailleurs réciproque.
Soudainement, Eleanora releva la tête, et tourna son regard vers la porte, en fronçant légèrement le nez. Elle n’était sûre de rien, mais elle avait la sensation diffuse de sentir une autre présence qu’eux, non loin. Derrière cette porte, plus précisément. Mais les vapeurs du vin, la proximité de Kanaw, et l’odeur de son sang rendait cette certitude très approximative.

Elle chassa ses doutes d’un mouvement de tête gracieux, et se pencha vers le Capitaine, en commentant :


- Tu permets…

Elle déchira d’un geste sec le bas de la chemise du jeune homme, le transforma en une bande d’une longueur satisfaisante, et l’enroula soigneusement autour de la blessure, en finition de ses soins. La plaie paraissait nettement plus propre à présent. Et certainement un peu moins douloureuse. Supportable, donc.

Sans plus prévenir, Eleanora se releva de son siège, planta un baiser frais sur le front du Capitaine, puis se dirigea vers la porte, négligeant de donner la moindre explication. Quand bien même elle se tromperait, elle voulait malgré tout vérifier si…

La jeune femme ouvrit la porte, jeta un regard circulaire, et remarqua Lycia, assise sur un tas de corde, et qui semblait attendre quelque chose. Eleanora ne remarqua pas qu’il s’agissait en réalité d’une jeune fille. Elle s’effaça pour la laisser entrer, tout en murmurant simplement


- Bonjour.
Revenir en haut Aller en bas
Lycia Malawé
Mercenaire
Lycia Malawé


Nombre de messages : 66
Navire : Punition Expéditive
Totem : Mii, petit papillon
Date d'inscription : 21/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeJeu 28 Juin - 15:55

Si Lycia fut étonnée par la venue de la femme, elle n'en montra absolument aucun signe.

Elle avait attendu pendant de longues minutes, sans réagir, comme statufiée. Et puis, un instant plus tard, alors qu'elle pensait que c'était le bon moment pour aller frapper à la porte, elle était restée bien sagement assise, comme réagissant à quelque chose de totalement instinctif. Et, effectivement, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrait sur la jeune femme aperçue tout à l'heure.

Lycia n'expliquait pas cette espèce de sixième sens, pour la simple et bonne raison qu'il ne se manifestait que d'une manière totalement aléatoire. En effet, cela lui arrivait parfois de sentir qu'il fallait mieux continuer à agir comme elle le faisait, plutôt que de partir sur quelque chose de complètement différent. Mais cela était tellement soudain, et si peu contrôlé, qu'elle se demandait parfois si ce n'était pas le pur hasard qui dictait ses pas.

Le "Bonjour" de la jeune femme sonna étrangement faux aux oreilles de Lycia. Pourtant, il avait été prononcé avec banalité, et cela mit quelque peu mal à l'aise Lycia. Vraiment, elle n'appréciait pas cette femme.

"Bonjour." répondit-elle sur le même ton, tout en levant ses 1m83 de son tas de corde.
Apercevant que la jeune femme l'invitait à entrer dans la cabine du capitaine, elle devint soudain méfiante.

Elle ne la connaissait pas, alors pourquoi lui demander de les rejoindre? Lycia n'en finirait donc jamais de trouver étrange les manières de ses pairs. Haussant les épaules, elle vint à la hauteur de la jeune femme, la dépassant d'une bonne tête.

"Je peux?"murmura-t-elle d'une formidable voix de basse, tellement semblable à celle d'autres hommes.

Mais, sans attendre la réponse de la femme elle entra dans la cabine.... et se retrouva nez à nez avec le capitaine - *Comment s’appelle-t-il déjà?* -, la main entourée d'un bandage, propre en apparence.

*Au moins le voilà qui n’est plus obligé de souffrir pour rien.*

Sans prononcer un seul mot - à quoi cela aurait-il servi? Ce n'était pas à elle de parler - elle attendit, comme elle savait si bien le faire, que les choses se dénouent d'elle-même.
Revenir en haut Aller en bas
http://rpg-krondor.actifforum.com
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeJeu 28 Juin - 17:24

Le Capitaine observait le visage de la princesse, alors qu'elle jugeait de la gravité de la blessure. C'était étrange, qu'elle s'en approche autant. D'un autre côté, il ne connaissait pas grand chose en médecine. Pour lui, cela pouvait très bien être normal de plonger son nez sur une plaie.

Elle se redressa un peu, pour décrocher sa broche et en prendre l'aiguille. Bizarrement, il ne se sentait pas rassuré, de savoir qu'elle allait faire de la couture avec sa peau. Il n'était pas en tissu, et il avait suffisamment mal ainsi. Cependant, il n'eut pas le temps de marquer sa désapprobation, que l'or traversait sa peau, et le fil glissait en lui. C'était particulièrement désagréable, au point qu'il se mordit sa main valide, pour s'empêcher de crier.

Eleanora lui parlait, pendant ce temps là. Il écoutait, bien sûr, et fixait ces doigts peu princiers. Alors, soit elle mentait, soit c'était vrai, personne ne lui avait fait de compliment comme celui qu'il venait de faire. Cela avait de quoi étonner le Capitaine, qui pensait que la Cour serait plus prompte à complimenter les princesses. Ou alors, Eleanora était vraiment mise de côté, par rapport aux autres...

Il fronça vaguement les sourcils. Sa fiancée avait prévu quelque chose pour sa belle-sœur. Mais il n'était apparemment pas en mesure de savoir en quoi cela consistait. Il s'en rendrait bien compte en temps et en heure, de toutes manières...

La réponse de la jeune femme au sujet de la glace et du feu était encore plus intéressante. Il cessa de se mordre la main, pour la fixer avec un sourire ironique. Elle se contredisait elle-même, dans ses paroles... Cependant, ce n'était pas le moment de lui faire la réflexion. Il la laissa couper le fil, puis arracher le bas de sa chemise pour faire un bandage, sans faire un geste. Kanaw avait su être immobile pendant l'opération. Valait mieux faire confiance à la princesse que d'entendre quelqu’un dire qu'il fallait amputer... et c'était souvent le cas, dans des navires et des conditions pareilles.

Il se redressa après le baiser sur son front, pour se lever, et regarder la princesse se diriger vers la porte, pour l'ouvrir. Avant que cela ne soit fait, il dit d'une voix amusée :


-Le feu et la glace ne doivent pas trop se fréquenter, mais ils ne sont rien l'un sans l'autre... c'est bien cela, ce que tu m'as expliqué... Etrange...

Kanaw avait déjà regagné son sourire habituel, lorsque la porte s'ouvrit, et que Lycia entra. Lui non plus ne savait pas l'existence de la féminité de la personne qui venait de pénétrer dans la pièce. Féminité parfaitement dissimulée, d'ailleurs.


-Bonjour, Erik.

Il fit signe à Eleanora de s'approcher un peu...

-Vois-tu, Eleanora, j'avais engagé Erik pour qu'il s'occupe des deux personnes que tu veux éclipser. Mais je n'ai pas eu le temps de lui en faire part... Et comme cette mission n'a plus lieu d'être... Erik, vous sentez-vous capable de faire partie de l'équipage un peu plus longtemps, et de tenir tête au monstre dont les civils parlent ?


Le Capitaine s'éloigna un peu, pour aller vers sa table.


-Le Roi offre une excellente récompense à l'équipage qui vaincra cette bête, j'ai donc besoin de bons combattants. Et c'est justement pour combattre que je vous ai engagé... A vous de voir si cette aventure vous charme...

D'un tiroir, il tira un paquet de cartes, qu'il se mit à mélanger, tout en demeurant à distance des autres personnes dans la pièce. Il faudrait penser à lui dire de faire plus attention à sa main blessée, sinon, il allait faire rater la maigre opération.

Le Croc Noir déposa le paquet sur la table, et tira la première carte. Il la présenta aux deux personnes en face de lui, face visible. Un neuf de pique. Vu la distance, quelqu'un qui avait une bonne vue, ou une légère myopie, ne devrait pas avoir trop de problèmes pour déterminer de quelle carte il s'agissait. Au contraire, si la myopie était sérieuse, il était quasiment impossible de voir ce qui était inscrit.


-Tu me diras tout à l'heure de quelle carte il s'agit, Eleanora.

Le jeune homme se remit à mélanger les cartes, toujours avec son sourire habituel, et rangea le paquet à sa place. Il appuya de nouveau ses dires au sujet de la participation de Lycia à la chasse au monstre.

-Je vous laisse choisir, Erik, et voir si ma proposition vous intéresse. Bien sûr, si la victoire sur le monstre nous appartient, et n'est pas due à la Marine ou aux Pirates, j'ajouterai votre part du butin à votre paye... Ceci dit, si vous attendiez devant cette porte, peut-être aviez-vous quelque chose à me demander, n'est-ce pas ?

Le Capitaine retourna près de ses deux interlocuteurs. Sa main valide glissa dans le cou de la jeune femme, un geste tendre, entre deux personnes qui ne savaient pas réellement l'être.
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeJeu 28 Juin - 19:02

Immobile, Eleanora toisa la personne qui s’était redressée devant elle, avec une froide indifférence. Ses yeux ne la fixaient pas vraiment, comme regardant bien au-delà… Comme si elle songeait déjà à tout autre chose. Si bien qu’il n’y eut pas une once de réaction de sa part, au « je peux » de la nouvelle venue. A vrai dire, cela n’empêcha nullement Lycia d’entrer… Et la princesse n’en avait cure, visiblement.

Elle referma la porte dans un mouvement machinal, et resta un instant la main posée sur la poignée, comme statufiée, tournant résolument le dos aux deux autres personnes de la pièce. Cette étrange attitude ne dura que le temps de quelques secondes. Un air songeur traversa son visage, puis elle pivota gracieusement, pour poser résolument son regard d’argent sur le dos de Lycia. Elle n’y voyait pas assez pour remarquer que cette personne n’était pas ce qu’elle prétendait être. Et quand bien même elle aurait eu une vue tout à fait ordinaire, l’illusion était parfaite. Le Capitaine également n’y avait vu que du feu.

Et au fond, ce n’était pas un détail qui intéressait Eleanora. Loin de là… C’en était même à se demander si elle avait encore conscience qu’elle venait de laisser entrer une tierce personne. Elle la regardait, certes… Mais de la même manière qu’elle aurait fixé un mur de briques. Elle ne se demanda même pas pourquoi cette personne ne disait rien… Il y avait pourtant de quoi se poser des questions. Lycia attendait visiblement devant la porte… mais elle semblait n’avoir rien à dire.

Eleanora méditait à tout autre chose. Les quelques mots prononcés par Kanaw, avant qu’elle n’ouvre la porte, paraissaient l’avoir plongée dans un mutisme persistant. Aucune expression ne transparaissait sur son visage de marbre, et pourtant…

En entendant son prénom, cependant, elle parut revenir à elle, et la statue reprit vaguement vie, pour esquisser un ou deux pas nonchalants, sous le geste du Capitaine, qui l’invitait à s’approcher. Sans paraître écouter ce qu’il était en train d’expliquer, elle reprit son verre encore plein, et se mit à le siroter distraitement, faisant glisser son regard de Kanaw à Lycia.

L’assassin auquel il pensait, c’était cet homme-là… Un simple détail, donc, puisqu’il n’avait plus lieu d’être l’assassin de qui que ce soit. Elle se chargeait personnellement de cette affaire. De toute façon, il ne faisait aucun doute qu’elle n’aurait jamais laissé personne le faire à sa place…

Soudain, Kanaw commença à faire quelque chose d’inattendu. Le regard aléatoire de la Princesse tenta de se fixer sur les gestes de Capitaine, sans y parvenir complètement. Elle ne montra aucun signe extérieur de surprise ou de perplexité. Seulement un léger signe du menton, désignant la main à peine soignée. Puis un murmure sobre :


- Attention à ta main, Kan.

Avertissement tout simple, mais on sentait une sorte de question dans sa voix. A la vérité, elle se fichait pas mal qu’il rouvre sa plaie, ou qu’il réduise ses soins à l’état de simple souvenir. En revanche, elle avait une étrange impression. Impression qui devint une certitude lorsqu’elle vit le jeune homme tirer une carte et leur présenter. Faisant illusion à la perfection, sans ciller, elle observa l’objet avec une apparente neutralité, et un air qui voulait à peu près dire « et bien oui, et alors ? ».
Mais la réalité était toute autre. La réalité était qu’elle ne voyait absolument pas ce qu’il était en train de leur montrer. Cela se résumait à une forme floue, noire. Et rien de plus. En revanche, elle saisissait parfaitement où il voulait en venir.

La jeune femme étira ses lèvres en un sourire entendu et maîtrisé à merveille. Quelle carte ? Pour elle, l’important n’était pas de le savoir, mais de réussir à comprendre pourquoi il faisait cela. Non, plus précisément encore… Comment avait-il pu en arriver à avoir autant de soupçons ?
On ne pouvait rien remarquer de son visage angélique, froid et distant, mais la glace de son regard côtoyait maintenant les flammes de la colère. Une colère parfaitement contenue, et qui ne semblait pas être du genre à exploser d’une seule traite… C’était plutôt une rage lente, calme, mais d’une certaine manière, encore plus dangereuse.

Kanaw jouait avec le feu… Ou la glace, peu importe. Le résultat ne sera pas si différent.

Le reste des paroles du Capitaine fut noyé dans le nouvel état second de la Princesse. Peut-être les entendit-elle sans y prendre garde, ou peut-être ne tendit-elle même pas l’oreille pour les comprendre. Il s’adressait au dénommé Erik. Et elle, ruminait déjà une froide revanche.
Le seul indice qui pouvait la trahir, était ses doigts, tellement serrés sur son verre qu’ils en étaient devenus blancs.

Peut-être qu’en glissant sa main dans le cou d’Eleanora, le jeune homme sentit la tension qui l’animait. La peau de la Princesse était tout aussi froide que ses lèvres, mais fut tout de même parcouru d’un frisson quasiment imperceptible. Un frisson… de dégoût ? De colère ? Ou simplement de trouble ? Kanaw était libre de l’interpréter comme bon lui semblait…

… compte tenu du fait que la jeune femme attrapa la main intacte du Capitaine et y referma durement ses doigts, en une étreinte qui n’avait absolument rien de tendre… sans pour autant être particulièrement agressive. Une mise en garde ? Cela n’en avait pourtant pas l’apparence, à première vue…

Eleanora sourit doucement, presque avec une tendresse qui ne pouvait pas être sincère, puis murmura à l’adresse de son fiancé :


- Il y a des monstres bien plus dangereux que celui-là, Kan…

Un constat qui n’en était pas un, évidemment. Mais elle n’ajouta rien, se murant à nouveau derrière une apparente neutralité. Son regard glissa de nouveau vers Erik, dont elle sembla attendre sagement les réactions et les probables réponses à ce qu’on venait de lui dire.
Revenir en haut Aller en bas
Lycia Malawé
Mercenaire
Lycia Malawé


Nombre de messages : 66
Navire : Punition Expéditive
Totem : Mii, petit papillon
Date d'inscription : 21/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeJeu 28 Juin - 21:39

Erik...

Comme ce nom sonna étrangement doux aux oreilles de Lycia. Elle n'en finissait pas de le savourer, à chaque instant, à chaque fois que quelqu'un le prononçait, à chaque moment où les autres avouaient publiquement que, pour eux, elle était... un homme. Rien de plus, rien de moins. Un homme, tout simplement.

La première question du capitaine - son nom toujours sur le bout des lèvres, juste là, prenant un malin plaisir à vagabonder en liberté sans faire mine de se laisser attraper - la laissa de marbre. Si le comportement des autres, et surtout des femmes, la laissait parfois perplexe, elle savait également beaucoup de choses sur certains moments... fort semblable à celui-là. Et ce qu'elle savait, précisément, c'est le capitaine n'allait pas s'empêcher de continuer à parler.

Et cela ne manqua pas de se produire, bien que cette fois-ci, Lycia n'était pas tout à fait certaine qu'il lui parlait vraiment à elle... Mais à qui d'autre aurait-il pu parler? A la femme... derrière elle? Improbable. Lycia en conclut donc que c'était encore bien à elle que l'on s'adressait. Ou plutôt non, à Erik, cette fois, véritablement. Cela l'amusa... mais elle ne desserra pas les dents.

La femme restait en retrait la mettait mal à l'aise. Pourquoi ne s'était-elle pas avancée.... à sa hauteur au moins? Que cachait-elle, encore?
*Va-t-elle découvrir qui je suis vraiment? Ou veut-elle juste me faire craquer? Et bien... voyons donc qui sera la plus maligne de nous deux.*

Pendant que le capitaine sortait un jeu de carte, et en montrait une - un neuf de pique nota négligemment Lycia - cette dernière réfléchissait à ce que venait de dire le capitaine. Un monstre? Une récompense? Le monstre à lui seul aurait pu la motiver mais la mention de l'argent lui fit rappeler qu'ici, elle était sur un navire de corsaires, et non de simples marins de l'armée. Si l'argent ne les motivait pas, qu'est-ce qui aurait bien pu le faire?

Un prénom vint papillonner aux oreilles de la jeune femme. Eleanora... Ainsi c'était son nom? Et bien, voilà qu'elle avait une longueur d'avance maintenant.
*Je connais ton nom....* se dit-elle, de plus en plus amusée par la situation *...mais pas toi.*
Certes, elle savait que cela ne l'avançait strictement à rien, des Eleanora, il devait en avoir des centaines, des milliers dans ces îles ! Mais c'était toujours cela pour découvrir qui se cachait derrière toute cette froideur....

Elle ne put méditer davantage, le capitaine s'adressant une fois de plus à elle. Et cette fois, pas questions de se défiler. Il fallait répondre, même si ce n'était qu'avec deux mots. Deux petits mots qui changerait certainement, une fois de plus, sa vie. "J'accepte" brûlait-elle de dire.

Mais le capitaine lui avait posé une tout autre question, qui la déstabilisa quelque peu. Certes, elle voulait lui parler... mais de quoi déjà? Qu'est-ce qui était si important pour qu'elle attende devant cette porte? Aucune importance. Quelle que fut la question, elle avait sa réponse.

Elle s'avisa un peu tard que l'homme était à présent derrière elle, certainement près de la femme. Néanmoins, elle n'avait vraiment pas envie de les fixer tous les deux... enfin, surtout elle. Pourquoi avait-elle autant de mal avec les personnes de son sexe? Elle ne préférait même pas y penser.

Fixant l'endroit où s'était tenu quelques secondes plus tôt le capitaine, elle se décida à parler... d'une voix retenue. Pas question de parler fort. Sa voix... l'une des rares choses, avec ses yeux, qui pouvaient encore la trahir.

"Mon Capitaine" commença-t-elle, quelque peu déçue de ne pas avoir reçue à se souvenir, finalement, de son nom "je serais vraiment ravie de vous aider à traquer ce monstre, s'il existe, et jusqu'en Enfer s'il le faut."

Ironie? Non, bien évidemment que non. Après tout... Parler était un trop gros effort pour qu'en plus Lycia s'amuse à y glisser de l'ironie ou de l'humour.

"Quand à ma question, je pense que vous venez d'y répondre. Je suis ravie de mettre mon épée à votre disposition... contre rémunération, il en va de soi."

Il n’en allait pas du tout de soi, mais il fallait bien jouer le jeu. Jusqu’au bout. Quoiqu’il en coûte. L’aventure en valait bien la peine.


Dernière édition par le Dim 8 Juil - 18:43, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://rpg-krondor.actifforum.com
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeVen 29 Juin - 6:17

-Les femmes, Eleanora.

Il n'avait pas l'air de se rendre compte qu'il venait de vexer sa fiancée, derrière son joli sourire, et ses yeux insensibles.

-La femme est plus dangereuse que n'importe quel monstre.

Kanaw laissa une légère pression sur la main de la jeune femme. Impossible de savoir à quoi il pensait, et à quel point il se rendait compte de la situation. Le Croc Noir pouvait très bien n'en avoir rien à faire, simuler son désintérêt, ou songer totalement à autre chose, que cela aurait le même effet sur ses expressions.

Peut-être posait-il son attention sur le mercenaire qu'il avait engagé, et qui acceptait son offre. Très bien. Une fine lame n'était pas de refus, dans ce genre de missions. Il ferma les yeux :


-Merci beaucoup, Erik.


Puis il lâcha la main d'Eleanora, et s'avança vers Lycia, qui était bien plus grande que lui. De sa main valide, il exerça une pression sur l'épaule de la jeune femme, et lui dit :


-Vous pouvez disposer, maintenant, s'il vous plaît.

[HRP : je fais comme si Lycia était partie, était donné qu'à son retour de week end, nous serons en vacances. Ca permet de ne bloquer personne ^^]

Kanaw referma la porte derrière le mercenaire, puis croisa les bras, en fixant la princesse. Vu la lueur des yeux de la jeune femme, non, elle n'avait pas apprécié l'épisode de la carte. Il s'approcha d'elle, puis annonça :

-De nouveau seuls, ma Dame.

Il s'installa dans un fauteuil, posant consciencieusement sa main sur l'accourdoir, et reposa son regard sur Eleanora. Décidément, elle était réellement devenue de glace.

-Vu ta réaction, j'ai appuyé sur un sujet de discussion assez malvenu.

Eleanora. Il ne savait pas s'il devait voir une enfant mal-aimée par sa famille, ou une femme dangereuse, en elle. Dans les deux cas, elle était presque imprévisible. Presque, parce qu'elle avait besoin de lui. Et même s'il n'arrivait pas à savoir pourquoi, cela le mettait, pour l'instant, hors de danger... Pour l'instant. Une chose était sûre, il était difficile de ressentir bien longtemps de la compassion pour cette femme, qui ressemblait plus à un animal sauvage qu'à une princesse.


-... Tu m'en vois désolé. Mais j'aimerais bien savoir quelle est la carte que tu as vue... histoire de voir si je peux paniquer pour ma main, ou si je peux penser à autre chose.


Les doigts de sa main droite caressaient leur accoudoir, en dessinant plus ou moins précisément des formes. Etait-il en train de penser à autre chose, encore une fois, où posait-il un silence volontaire dans ses paroles ? Il releva la tête, puis effaça son sourire.

-Je manque de tact, certes, mais il est des choses que nous devrions nous dire, n'est-ce pas ? Que tu aies vu ou pas cette carte, cela m'est égal, mais je juge que c'est quelque chose que je devrais déjà savoir... Nos bagues de fiançailles, Nora, ce ne sont pas des simples bijoux, ce sont nos premières chaînes.

Kanaw s'assit un peu plus confortablement dans son fauteuil. Ce qu'il était en train de dire... c'était important. Et il le montrait dans sa façon d'être, si sombre.

-Le feu et la glace... Pour se côtoyer, ils font des sacrifices. Elle fond et lui s'affaiblit... Je suis prêt à sacrifier des choses pour toi, Nora, à perdre des secrets... Mais pour construire nos vies ensemble, il faudra bien que tu en fasses aussi. Et que tu te venges de mon manque de tact...

Le Croc Noir ferma les yeux, laissant glisser sa langue sur ses lèvres. Puis il arqua un sourcil.

-J'ai encore le goût de ton baiser...

Un jour viendrait où il faudrait aller plus loin qu'un simple baiser. Un mariage était censé se consommer. Et il était certainement dans leur avantage que de faire un héritier... pour l'instant ils n'en étaient pas là. Il fallait survivre, car mort, ni l'un ni l'autre ne pouvait servir à grand chose...

-Toi non plus, tu ne serais pas de grande utilité, morte... C'est pour cela que je dois savoir comment te protéger.

Et c'était peut-être là où il voulait en venir. A ce besoin de la protéger. Si ses yeux étaient une faiblesse, il pourrait être son regard.

Et ensemble, être invincibles.
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeVen 29 Juin - 22:59

L’ombre d’un sourit ironique naquit le temps d’un éclair sur les lèvres d’Eleanora, lorsqu’elle entendit la réponse du Capitaine. Les femmes, oui… Il n’aurait pu mieux dire. Mais savait-il seulement ce que signifiait ses propres mots ? Elle en doutait fortement… Tout comme elle doutait des intentions réelles de son fiancé. Derrière la colère froide qui l’avait envahie, il y avait surtout la méfiance, teintée d’une nuance de soupçon… La Princesse n’avait pas été faite pour accorder naturellement sa confiance, à qui que ce soit… Tous, elle en était persuadé, n’étaient pas ce qu’ils prétendaient être.

Jusqu’à ce marin, non loin d’elle, qu’elle entendit approuver la proposition. Elle ne sut pas exactement pourquoi, mais quelque chose ne tournait pas rond. Ce fut surtout lorsque le dénommé Erik passa près d’elle pour sortir de la pièce, qu’elle en fut encore plus certaine… Un très court instant, ses pensées furent détournées d’une rage dangereuse envers Kanaw, et elle fronça légèrement le nez. Cet homme n’avait pas une odeur caractéristique. Il se dégageait tout autre chose de sa personne… Quelque chose de différent, d’inhabituel.

Heureusement pour Lycia, ce détail parut particulièrement désinvolte et inutile, aux yeux de la jeune femme. Elle se contenta donc d’esquisser un sourire poli à souhait, accompagné d’un léger signe de tête courtois, en guise d’au revoir, juste avant que le marin ne referme la porte. Sur eux deux.

Presque immédiatement, les yeux d’Eleanora, comme deux lames acérées sortant de leurs fourreaux, se portèrent sur le visage de son fiancé, qui arborait un air plutôt calme et sûr de lui. Impassible, tout comme elle. Les lèvres figées en un sourire qui mettait mal à l’aise, mais charmait tout à la fois, la Princesse fit quelques pas vers la table, y déposa son verre, puis s’y adossa, les mains posés sur le bois. De la sorte, elle semblait presque indolente. Comme si elle ne l’écoutait même plus, alors qu’il était en train de lui expliquer quelque chose d’essentiel.

Et dans le même temps… Son corps tout entier irradiait d’une sourde envie de revanche. Ou simplement d’un besoin d’assouvir une montée de violence, qu’elle parvenait cependant à maîtriser.
Elle se contint tout le long du monologue du jeune homme, sans changer une seule fois d’expression. C’en était quasiment exaspérant, de ne plus rien sentir d’autre qu’une absence totale de sentiment, dans le moindre de ses mouvements. Ou plutôt, dans son immobilité parfaite, pour l’heure.

Lorsque Kanaw en arriva à sa conclusion, on sentit poindre sur son visage un sourire détaché. Croyait-elle à la sincérité de tout cela ? Rien n’était moins probable… Le tout était de savoir si lui-même, croyait dur comme fer à son propre discours. Pendant une longue, interminable minute, il ne se passa absolument rien. Si bien qu’on aurait même pu se demander si Eleanora n’avait pas décidé de s’enfermer dans un mutisme décidé.

Mais non… Finalement, il y eut un battement de cil de sa part, puis un mouvement de tête, et elle se redressa, bien droite. L’éclat de fer de ses yeux ne s’était pas atténué. Au contraire, il grandissait à vue d’œil…Elle esquissa un nonchalant signe du menton en direction de la main blessée du jeune homme, et articula froidement :


- Ta main ira très bien, tant que tu cesseras de trop t’en servir. Mais tu sais aussi bien que moi que la question n’est pas du tout là.

En effet, il n’y avait aucun doute à avoir à ce sujet : Kanaw pouvait bien perdre sa main, voir les deux, qu’elle ne réagirait pas autrement. Avec ce calme apparent, qui inquiétait plus encore que sa colère elle-même, la jeune femme croisa les bras. Et sa voix fut aussi tranchante et directe que ses yeux :

- Au nom de quoi oses-tu exiger quoi que ce soit de moi ? Les chaînes dont tu parles ne doivent pas devenir un fardeau… Ne force pas ce qui n’a pas à l’être. Le mariage ne peut se faire sans un minimum de confiance, c’est-ce que tu veux me dire n’est-ce pas ? Mais comment peux-tu espérer la moindre confiance entre nous, si tu commences par me forcer à dire des choses que je tais ?

Elle laissa planer un silence presque bienfaisant. Cette question n’attendait nulle réponse. C’était un simple constat. Eleanora l’appuya de son regard d’acier, sans plus bouger que cela. Il y avait certes de la froideur et de l’agressivité dans sa voix, mais aussi quelque chose d’étrangement doucereux… et d’autant plus inquiétant.

- Des secrets, dis-tu… Certains sont bien mieux là où ils se trouvent. Et lorsqu’on choisit de les révéler, c’est parce qu’on juge que le moment est venu. Que c’est un besoin… M’as-tu entendue dire quoi que ce soit ? Non… Si j’avais cru cela nécessaire et vital, j’aurais parlé. Si j’ai gardé le silence, c’est tout simplement parce qu’il n’y a rien à en dire. Ce n’est en aucun cas un problème…

En quelques gestes, elle eut reprit en main le jeu de carte du jeune homme. Tentant de les toucher le moins possible avec ses propres doigts, elle ferma les yeux, et les approcha de son visage, les faisant défiler l’une après l’autre. Elles avaient toute plus ou moins la même odeur de renfermé, certaines plus nette que d’autre. Mais une seule était encore entièrement enveloppée de l’odeur de Kan. Après l’avoir repéré, elle la saisit, déposa le reste sur la table, et rouvrit les yeux, pour lui lancer le fameux neuf de pique.

Un seul murmure vint commenter son geste :


- Quelqu’un d’autre remplace déjà mon regard…

Il n’y eut pas plus d’explication. Rien. A la réflexion, le Capitaine était loin d’avoir obtenu les renseignements qu’il souhaitait. Elle avait admis qu’il y avait quelque chose, certes… Mais elle n’avait en aucun cas expliqué de quoi il s’agissait. Le fin mot de l’histoire restait relativement dans l’ombre. Et ce n’était pas ce qui intéressait Eleanora pour le moment. Quand bien même on la sentirait intéressée pour quoi que ce soit…

Dans un mouvement félin, elle se glissa jusqu’au jeune homme et s’installa sur ses genoux, presque avec une sorte de tendresse dangereuse. Où voulait-elle en venir ? Kanaw pouvait toujours se poser la question, il n’obtiendrait certainement pas la réponse tout de suite… La jeune femme se mit à tracer un cercle imaginaire avec le bout de son index, sur le dos de la main blessée, frôlant le bandage de fortune, comme une menace.


- Le tact m’importe peu, tu devrais le savoir… En revanche, je me demande quelque chose… Morte, je ne te sers à rien pour l’instant, c’est certain. Mais ensuite ?… Oui, quand je t’aurais donné tout ce que tu souhaites avoir… ai-je seulement une garantie que tu n’essaieras pas de me tuer ?… Qui me dit que cette jolie manœuvre n’est pas simplement un moyen de trouver une faiblesse de ma part… pour savoir l’utiliser plus tard ?

A peine avait-elle terminé de prononcer ces mots qu’un poignard jaillit subitement de ses vêtements, et vint se poser juste sous la gorge de Kanaw. L’arme était encore un peu rouge du sang du Capitaine, puisque la Princesse n’avait pas pris soin de l’essuyer auparavant.

Eleanora souriait pourtant, sagement… La lame posée sur le cou de son futur époux, elle reprit, le plus calmement du monde, en défiant de son regard les flammes des yeux de Kanaw :

- Et là… Ai-je manqué mon coup ? As-tu eu peur que je ne te tranche la gorge par inadvertance, par un geste mal calculé ?

Lentement, sans bouger l’arme de sa place, la jeune femme approcha son visage de celui du Croc Noir, si près qu’il pouvait sentir son souffle contre sa joue. Un souffle calme, régulier, maîtrisé… Parfaitement normal en somme. Et chose surprenante, si ses lèvres étaient froides, son souffle, lui, était d’une tiédeur remarquable.
Un héritier… Songeait-elle à cette perspective, de son côté ? Bien plus que Kanaw ne l’imaginait. C’était précisément la clef de son plan… Et tuer son fiancé n’était certainement pas au programme. Alors le jeune homme ne devrait pas avoir à s’en faire, en théorie. En théorie…

Parce que la lame s’approcha un peu plus de sa peau, menaçante, froide.


- Cessons un instant de parler par métaphores, Kan. La glace fond, oui. Moi pas.

De son autre main, elle avança ses doigts et frôla les lèvres de son fiancé, redessinant leur contour avec précision et douceur. Sensuelle… Elle commençait sérieusement à le devenir, même si son charme côtoyait toujours une notion de danger réel. Surtout avec cette dague dans la main… l’effet n’était évidemment pas complet. Et le but n’était certainement pas de le séduire.

Elle murmura encore, ouvrant à peine les lèvres, qui n’étaient désormais plus qu’à quelques centimètres de celles de Kanaw :


- C’est le vin que tu sens encore… Mes lèvres n’ont pas le goût que tu leur espères tant… Viens, ose seulement le vérifier…

Aucun doute là-dessus : c’était un pur et simple défi. La preuve : la pression sur le cou de Kanaw se fit plus forte avec l’arme, et les lèvres de la Princesse s’approchèrent encore, sans pour autant toucher les siennes. Si le jeune homme avançait son visage pour l’embrasser, il avait de forts risques qu’il se retrouve avec la gorge tranchée… ou pas.
Revenir en haut Aller en bas
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeSam 30 Juin - 15:01

Le neuf de pique entre les doigts, Kanaw avait l'air de s'amuser avec sincérité. Elle lui disait bien des choses, sans sembler s'en rendre parfaitement compte. Elle lui avouait ne pas pouvoir réellement voir, mais elle lui montrait qu'elle avait un autre atout entre les mains. Attendait-il autre chose de la part de sa fiancée ?

Bon, décidément, il avait vexé Eleanora, à un point tel qu'elle en devenait dangereuse. Les menaces n'avaient pas beaucoup d'effet sur le Capitaine. Il en fallait plus pour l'impressionner. Ceci dit, il écouta l'avis de la jeune femme sur ce qu'il lui avait demandé. Ce qu'elle était sauvage, cette enfant...

A croire qu'elle ne le connaissait absolument pas.

Il fronça vaguement les sourcils quand elle lui demanda ce qu'il comptait faire, lorsqu'elle aurait agit comme il le désirait. La tuer ? Le Croc noir avait envie de partir dans un sombre ricanement. Il se contenta de soupirer, jusqu'à ce quelle se mette à le... séduire ?

Kanaw savait parfaitement, jusqu'ici, qu'il était dans un grave état de manque. Cinq jours sans toucher à une femme, sans en aimer une, c'était peut-être la partie la plus difficile, pour lui, de ce voyage. Quitter les Champs Elysées, c'était simple. Traverser des fleuves presque indomptables, il en avait la capacité. La chasteté pendant cinq jours, là, c'était presque impossible pour lui.

Et elle le mettait à l'épreuve. Savait-elle qu'il avait un mal fou à résister à cela ? Voyait-elle son regard briller légèrement, presque invisible, d'une chaleur autre que celle du défi ?

Il se mordit la lèvre, releva légèrement la tête à la pression sur son cou, puis ferma les yeux.

-Tu dois bien mal me connaître, pour dire des bêtises comme celles-là.

La carte fut jetée sur le côté.

-Effectivement, je suis capable de te tuer, une fois que j'arrive à mon but. Mais... mais je ne tue pas comme un pirate. Mes parents et ma sœur auraient une tendance à te tuer dans n'importe quelle condition. Moi... pas. Si j'ai confiance en toi, je te laisserai en vie. Quel Roi tuerait sa Reine, s'il avait confiance en elle ?

Sa main droite se posa sur la hanche de la princesse :

-Le problème, c'est que je ne peux pas avoir confiance en quelqu'un qui me cache des choses, comme toi. Apprendre seulement maintenant que tu es presque aveugle, que tu puisses ou non vaincre ce handicap, cela me déplaît. Je ne sais pas plus pourquoi tu as tant besoin de moi -ce n'est pas faut de me poser la question-, et j'ai constamment l'impression que tu me mens... A ma place, tu ferais quoi ? Tu me laisserais faire, ou tu te demanderais si je ne serais pas mieux mort, une fois ma mission terminée ?

Il rouvrit les yeux, les posa dans ceux de la femme.

-Je peux te renvoyer la question, d'ailleurs.


Discrètement, ses doigts se retrouvaient en train de caresser le ventre de la princesse.

-Ca tombe bien, que tu ne veuilles pas fondre. Je ne compte pas m'éteindre. Mais figure-toi que je ne suis pas arrivé jusqu'ici en prenant des risques constants sur ma vie. C'est dans notre intérêt, que nous devons nous confier l'un à l'autre... Dans notre intérêt, celui de nos enfants, et celui de notre futur peuple.

Le Capitaine soupira. Il avait visiblement terminé son monologue... plus exactement, c'était une mise en garde. A elle de voir s'il fallait l'écouter, désormais.

-Maintenant, tue-moi si ça te chante, moi, j'ai une envie que je ne peux plus refouler.

Le Croc Noir brisa la distance entre eux deux, l'embrassa avec une passion qui n'était plus du tout restreinte. Sa langue entrouvrit rapidement les lèvres de la princesse, dans un baiser des plus fougueux...
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeSam 30 Juin - 23:35


Le poignard ne bougea pas d’un pouce, le visage d’Eleanora non plus… Elle semblait insensible à tout ce qu’il pourrait bien lui dire, quoi que ce fut. Et pourtant… les paroles du Capitaine avaient de quoi être intéressantes. Et même si la Princesse ne paraissait plus écouter, peut-être était-elle d’une attention toute particulière…

Quoi qu’il en fut, elle ne cilla pas, et n’esquissa pas le moindre mouvement de protestation, lorsque la main du jeune homme s’égara sur sa hanche. Visiblement, les gestes de Kanaw n’avaient absolument rien à voir avec ses mots. Et Eleanora restait tout autant de glace, quand bien même l’intimité devenait de plus en plus réelle entre eux… Intimité bien étrange, à la réflexion, puisque son fiancé avait toujours une lame sous la gorge.

Un simple détail, apparemment. Il semblait même que la jeune femme ait oublié qu’elle le menaçait. Elle ne paraissait plus prendre garde à l’arme qu’elle tenait d’une main ferme. Ses yeux acérés ne quittaient plus ceux de Kanaw, avec une froide impassibilité. Comme si les paroles du Croc Noir glissaient simplement sur les défenses d’Eleanora, sans jamais l’atteindre… Elle ressemblait à une citadelle inexpugnable, aux remparts d’acier et de glacier.

Mais rien ne prouvait que c’était réellement le cas. Peut-être que son immobilité parfaite était simplement due au fait qu’elle méditait sérieusement les paroles du jeune homme. Comment savoir ? Elle avait beau être bornée, têtue, déterminée… Elle n’était pas idiote. Et ce qu’il disait ne l’était pas non plus. Loin de là.

Il passa comme un doute, sur le visage de la Princesse… Un doute, une hésitation… Prenait-elle une décision ? Pensait-elle vraiment à ce qu’elle venait d’entendre ? Il soulevait un problème important. Un problème qui pouvait aller à l’encontre de ses ambitions. Et dans l’hypothèse où il disait la vérité… Elle n’avait rien à craindre de lui, si elle gagnait sa confiance… Mais, elle, pourrait-elle lui accorder la sienne ?

Une question qui restera sans réponse pour l’instant… Car Kanaw ne lui laissa pas le temps de répondre à son monologue, ou même seulement de prononcer un mot. Elle ne sembla pas réaliser le sens de sa dernière phrase, ou peut-être ne la trouvait-elle pas importante… Toujours était-il que les lèvres du jeune homme franchirent la distance qui les séparaient des siennes, malgré la menace de l’acier sur son cou.

La réaction d’Eleanora ne fut pas immédiate. Au contraire… Elle resta un instant de marbre, sans le repousser, ni l’encourager, subissant seulement la chaleur d’un baiser qu’elle l’avait défié de donner. Le défi n’avait d’ailleurs plus rien à voir dans cette histoire, vu la passion que mettait le Capitaine en l’embrassant…

Et finalement, la main libre de la jeune femme glissa jusqu’à la joue de son fiancé, et Kanaw put nettement sentir que les lèvres de glace répondaient à son baiser. Mais pas de la même manière… Elle était bien plus mesurée, bien plus calme que lui. Il y avait toujours cette étrange douceur, mêlée à quelque chose de nouveau… La soie était bel et bien au rendez-vous, mais accompagnée du goût salé des embruns. Et de l’indomptable fougue de l’océan.

Consciente ou non de son geste, elle appuya un peu plus sur le poignard qu’elle tenait toujours, et une petite goutte de sang germa sur le cou du Capitaine, pour venir glisser le long de la lame. Elle n’y prêta pas la moindre attention, et termina enfin le baiser, arrachant ses lèvres des siennes avec une certaine brusquerie. Pendant qu’il l’embrassait, son fiancé avait pu sentir que la froideur de la bouche d’Eleanora n’était pas inaltérable. Petit à petit, elle avait finalement atteint une certaine tiédeur… Ce qui expliquait peut-être pourquoi la jeune femme y avait mis fin.


- D’accord.

Ce fut tout ce qu’elle commença par dire, du ton le plus neutre qui soit. Si l’on exceptait sa respiration un peu plus accélérée qu’à l’ordinaire. D’un geste désinvolte, elle éloigna son poignard de sa cible et le laissa tomber juste au bord du fauteuil. Puis elle glissa sa main vers celle que Kanaw laissait visiblement errer tout à son aise au niveau de son ventre. Avec douceur et fermeté tout à la fois, elle le força à s’en éloigner, mais garda sa main dans la sienne.

Ses yeux gris furent traversés d’une lueur qu’on ne lui connaissait pas, puis elle les baissa vers le neuf de pique. D’où la carte se trouvait, elle ne pouvait plus y déchiffrer quoi que ce soit. Cela ne semblait nullement la toucher. Mais elle ne fixait plus les yeux de son fiancé, alors qu’elle reprit :


- Je ne suis pas prête à faire confiance à quiconque, mais s’il le faut pour obtenir ce que je souhaite, alors tu seras le seul à la posséder. Dans la mesure où tu n’en abuseras jamais…

Elle reposa sagement la main de son fiancé sur son propre genoux, et releva la tête vers lui, esquissant un sourire qui aurait presque pu paraître sincère. Presque… Parce qu’on sentait une pointe d’amertume dans son attitude détachée.

- Je ne suis pas presque aveugle… Je vois, mais seulement à une certaine distance. Et surtout d’un œil. Le second, lui, a presque atteint la cécité, en effet. Cela me donne une évaluation des distances plutôt approximative, d’où le fait que certains de mes gestes sont plus lents que d’autres.

Elle racontait tout cela avec une voix posée, comme si elle n’était nullement affectée par ses propres mots, et qu’elle se contentait de formuler une leçon à un élève attentif. Eleanora esquissa un signe de tête vers le cou du jeune homme :

- A cause de cela, je suis censée être plutôt maladroite. Mais tu as pu constater par toi-même que ce n’était pas tout à fait le cas. Sinon tu serais peut-être mort. Ce sont les odeurs, qui me guident. La tienne, je la connais par cœur. Je n’ai aucun mal à cerner tes mouvements, et tout le reste… Si je ne vois pas les choses, je les sens. Grâce à mon totem.

Elle laissa passer un long silence. Peut-être en avait-elle terminé ? Elle avait expliqué ce qu‘il voulait savoir au sujet de ses yeux, non ? Alors c‘était suffisant.
Non, ça ne l‘était pas, visiblement… Elle esquissa un haussement d’épaule, comme pour chasser l’importance de ses paroles.


- Quant au fait que j’ai tant besoin de toi… Il y a trois raisons, bonnes ou mauvaise. La première, c’est que mon père ne m’a jamais regardée autrement que comme un fardeau. Son seul désir est de se débarrasser de moi. Il lui importe peu de trouver un parti qui m’accommode. Au contraire, il veut m’éloigner de lui, et de la cour. Pour avoir la paix, je suppose… Les prétendants auxquels il avait pensé pour moi auraient cloîtré mes ambitions. Je ne pouvais pas les manipuler aussi bien que je l’aurais dû : mon père l’avait déjà fait à ma place.

Elle eut un soupir las, et caressa du bout des doigts les lèvres de son fiancé, d’un geste distrait.

- Toi tu es différent. Mon père croit t’avoir entièrement sous son contrôle, mais tu réussis à le leurrer. Il ne songe pas un seul instant que tu puisses être un danger. Pour lui, ce mariage ne lui nuit pas du tout. Il pense se débarrasser d’un poids, et te garder en même temps sous son aile.

Eleanora marqua un temps de pause à son explication, jetant un regard circulaire autour d’eux, comme si elle commençait seulement à faire attention aux objets et meubles de la pièce. Elle s’humecta machinalement les lèvres avant de poursuivre :

- La deuxième, c’est que tu es un Corsaire. Que tu en sois le chef est un atout de plus, certes. Mais de tous les prétendants qui m’ont été donnés de rencontrer, tu es le seul à posséder un bateau. Plusieurs bateaux, même… Et un bon navire, dans ce monde, est un pouvoir certain.

La jeune femme sourit doucement pour appuyer ses dires. Elle ne lui avait pas encore parlé de son propre navire… et de ce qu’elle faisait, lorsqu’elle ne se trouvait ni à la cour, ni avec lui. La confiance était-elle assez installée pour qu’elle en arrive à ce stade ? Peut-être pas…
Eleanora ferma les yeux, et eut une légère moue ironique :


- La troisième, ce sont tes yeux.

Et c’était tout. Elle ne développa absolument pas cette dernière raison quelque peu inattendue. Et elle l’avait dit d’une telle manière, que cela en paraissait presque l’évidence même.
De nouveau, on eut l’impression que la discussion était close. Mais elle reprit finalement la parole :


- Alors non… Je ne te tuerai pas, même après que tu m’aies donné tout ce que je souhaite. Ta mort ne me seras pas plus utile que ta survie. Et crois-le ou non, mais je ne tue jamais sans une excellente raison… Maintenant, si comme tu l’as dit, c’est effectivement dans notre intérêt de nous confier l’un à l’autre, je crois avoir rempli ma part du contrat.

Ses deux mains glissèrent lentement dans le cou du jeune homme, pour remonter le long de ses joues, et le forcer ainsi à la regarder, elle seule.

- Maintenant c’est ton tour… Raconte-moi pourquoi tu crains sans cesse de tuer tout l’équipage, dès que tu te sens pris d’un accès de rage… Dis-moi pourquoi le trône de mon père te fascine tellement…
Revenir en haut Aller en bas
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeDim 1 Juil - 23:33

Il esquissa un sourire satisfait, après un tel baiser. Qu'elle lui réponde était encore plus plaisant que s'il le faisait seul. Et puis... un instant, le Corsaire avait eu l'impression d'embrasser l'océan. Quoi de plus agréable pour un marin tel que lui ?

Bon, la princesse avait son petit caractère. Il faudrait prendre le temps de lui apprendre que les baisers devaient s'arrêter doucement... que c'était mieux que d'arracher ses lèvres à son fiancé.

Kanaw écoutait d'un air distrait, en glissant sa main sur son propre cou, alors que sa fiancée parlait. L'un comme l'autre ne semblait qu'avoir très peu d'intérêt pour ce qu'on lui expliquait. Avec cette technique, le Corsaire passait régulièrement pour un imbécile aux yeux des autres. La princesse, elle, semblait indomptable... Les deux étaient tout autant redoutables...

En essuyant cette goûte de sang sur son cou, il posait ses yeux sur les lèvres de la jeune femme. Elle lui disait des choses qu'il n'aurait peut-être pas sues, même en la torturant. Vraisemblablement, même si elle ne voulait pas dire simplement ce pourquoi il était là, elle pouvait lui expliquer pourquoi lui. C'était déjà beaucoup. C'était énorme, avec Eleanora.

La princesse lui releva le visage. Il changea son sourire pour quelque chose de plus ironique. Il n'y avait plus que leurs yeux. La glace d'Eleanora, et les flammes de Kanaw.


-Mes yeux sont morts, pourtant. Ils n'expriment plus rien.

C'était vrai. En règle générale, les rares sentiments qui s'y inscrivaient étaient dessinés par des haussements de sourcils, ou un jeu avec ses paupières. Son regard était d'or et de feu, mais c'était un feu sans joie ni haine. Des flammes sans but.

-Ton totem te permet de te déplacer par rapport aux autres. Le mien peut me rendre fou. Si je me mets en colère, mon pouvoir se réveille. Je deviens beaucoup plus fort, certes, mais je suis incapable de reconnaître mes alliés et mes ennemis. Le seul jugement que je suis capable de donner, c'est la mise à mort pour tous les êtres vivants qui sont à ma portée... Et plus ça bouge, plus ça panique, et plus j'ai envie de briser des os et de faire couler du sang.

Sa main droite se déposa sur la hanche de la princesse. Têtu ? Probablement.

-J'ai une maîtrise de moi assez exceptionnelle, mais je suis toujours un être humain. Donc je peux perdre mes moyens.


Il souriait, là, en fixant la princesse. Ses lèvres disaient qu'il pouvait très bien la tuer sans se rendre compte de son geste, et pourtant... il avait l'air parfaitement détaché de cela. L'avait-il accepté ? Se savait-il assez fort pour éviter de s'énerver constamment contre elle ?


-Le trône de ton père n'est qu'un moyen d'accéder à ce que je désire... tout en étant une histoire personnelle.

Allait-il arrêter ici son explication ? Il remonta légèrement ses doigts sur le corps d'Eleanora.

-Je ne peux pas assouvir les flots, alors je contrôlerai tous ceux qui peuplent les océans. Prendre la place de ton père, c'est diriger non seulement les Corsaires, mais aussi la Marine... Et si une telle chose est possible, si je peux jeter deux flottes sur les Pirates, ils ne seront plus d'une grande importance.

Il caressait le dos de la princesse, en fermant les yeux...

-Après, c'est ton père qui a commandité la mort de mes parents. Il faudra bien que je les venge un jour.

Soudainement, il retira sa main d'Eleanora, pour la poser sur l'accoudoir. Ses yeux n'exprimaient toujours rien. Peut-être tuerait-il le père de la princesse, mais cela paraissait si peu important. Serait-elle seulement d'accord, elle ? S'y opposerait-elle ?

Kanaw sourit de nouveau, de cet air imprenable, puis demanda :


-Au fait, je crois avoir deviné qu'il était dans nos intérêts de posséder un héritier. Tu sais au moins comment faire un bébé ?

Et oui, il fallait commencer par le début...

-Et soit dit au passage, tes lèvres ont le goût de l'océan... Je trouve ça plutôt étrange, pour une princesse...
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeLun 9 Juil - 22:15

Face à la première réplique de Kanaw, plutôt inattendue, la réaction d’Eleanora fut pour le moins étrange. Le coin de ses lèvres s’étira très légèrement pour dessiner une sorte de moue, entre ironie et amusement. Quoique… Avec elle, il était toujours si difficile de savoir où était la limite entre l’humour et la sincérité.

Ses yeux étaient morts, disait-il… Impossible de savoir si elle partageait cette pensée ou non. Peut-être était-ce justement pour cette raison qu’elle avait dit cela… Ou bien au contraire, peut-être s’amusait-elle du fait qu’elle l’avait choisi pour la raison inverse.
Ce qui était sûr, dans tous les cas, ce furent ses mots, aussi simples et détachés qu’à l’ordinaire, mais dont on décelait qu’ils portaient en eux tout autre chose. Une moquerie ?


-Ah, dans ce cas, j’ai dû me tromper. Tant pis…

Et puis elle se remit à fixer avec d’avantage d’attention ces yeux qui n’exprimaient soi-disant plus rien. L’intensité de son regard était telle, qu’on ne pouvait décemment pas y croire tout à fait. C’était étrange comme une jeune femme qui ne voyait au reste pas grand chose puisse avoir des yeux aussi coupants.

Elle ne donnait l’impression d’aucune surprise, fascination, satisfaction ou autre… Il aurait pu lui raconter n’importe quoi, qu’elle n’aurait pas bronché. Comme d’habitude en somme…
Et de la même manière, Kanaw pouvait difficilement deviner ce que ses gestes obstinés produisaient sur la Princesse. Il ne passa sur son visage ni lassitude, ni agacement… ni plaisir non plus.

Il y eut pourtant une petite lueur naissante au fond de ses yeux, lorsque Kanaw expliqua que s’il ne pouvait assouvir les flots, au moins, il assouvirait ceux qui y demeurent. Peut-être avait-elle trouvé un allié encore plus fidèle qu’elle ne l’avait songé… Il partageait une partie de ses désirs. Une partie… bien suffisante. Mais qu’elle venait tout juste de découvrir. En un sens, il n’avait pas tout à fait tort. La confiance avait du bon. Parfois.

En l’occurrence, maintenant, elle apprenait beaucoup de choses, et s’en abreuvait sans doute avec le plus grand soin du monde, même si elle n’en montrait rien.
Rien non plus lorsque son fiancé annonça crûment qu’il devrait tuer son père, un jour ou l’autre. En était-elle si choquée que cela ? Absolument pas. Partageait-elle cet avis ? Y avait-elle songé ? Encore quelque chose qui resterait caché derrière l’acier de ses yeux.

Des yeux qui se fermèrent doucement à la question pour le moins inopinée du Capitaine, au sujet des bébés. Une question qui aurait pu en vexer plus d’une, soit dit en passant… Mais ce ne fut visiblement pas son cas. Loin de là…

Dans un geste d’un naturel déconcertant, elle lui tapota légèrement la joue, tout en répondant :


-Je sais surtout que tu es très calé en la matière. Mais si tu veux que je te l’explique en détail, je n’y vois aucun inconvénient. Mais avant…

Dans un mouvement souple, elle se releva de ses genoux, hors d’atteinte de ses mains, du moins pour l’instant. Elle se glissa derrière le fauteuil, en se guidant un peu du bout des doigts, qu’elle laissa frôler les épaules du jeune homme pour le contourner.
La Princesse se pencha alors au-dessus de l’épaule de son fiancé, et entoura son cou de ses bras. Son souffle tiède vint caresser légèrement la peau du jeune homme, alors qu’elle reprenait :


-… Il y a peut-être autre chose qu’il serait bon que tu apprennes. La tradition veut que les futurs mariés n’aient aucune relation avant le mariage en question…

Elle exerça une légère pression sur son épaule. Eleanora souriait toujours, inlassablement, avec un calme olympien. Elle semblait à la fois s’amuser beaucoup de ses propres mots, et en même temps, n’y voir aucun intérêt réel.

-En conséquence, héritier il y aura, je ferai tout pour… Mais quand le moment sera venu. Il faut savoir attendre son heure… Avant toute chose, ma sœur doit quitter le devant de la scène.

Le ton était toujours aussi neutre. Mais il se dégageait de ses mots quelque chose de fondamentalement inquiétant. Personne n’aimerait être à la place de sa sœur, c’était une certitude.

Eleanora perdit un instant ses yeux dans le vide, droit devant elle, et passa doucement sa langue sur ses lèvres, comme si elle voulait vérifier par elle-même le constat de Kanaw.


-Je suis une Princesse qui t’a attendu sagement à bord d’un navire, et qui vogue en ce moment à tes côtés sur les eaux d’un fleuve dangereux. Que mes lèvres te semblent posséder le goût de la mer ne me paraît pas si bizarre que cela, non ?

Elle s’éloigna enfin de lui, et s’approcha nonchalamment de la table, sans plus prononcer un mot. Conversation close ? Peut-être pas… Elle ne semblait pas penser à quoi que ce fut, et pourtant… Il fourmillait très certainement un tas de choses dans son esprit aussi catégorique que cruel.
Elle tira une chaise et y prit place, croisant les jambes et posant son coude sur la table, naturellement. Le fait qu’elle se trouvait sur un bateau qui remontait tout droit des Enfers n’avait pas l’air de la perturber outre mesure.


-Ce qui est amusant…

Elle releva la tête et le fixa de plus belle, arborant son énigmatique sourire qui mettait si mal à l’aise :

-… c’est que nous ne souhaitons pas des choses si différentes, au fond… La seule nuance que j’apporterais à tes ambitions, serait au sujet des Pirates. Je ne pense pas que jeter deux flottes contre eux pour les éliminer soit une judicieuse idée. Au contraire…

La jeune femme esquissa un gracieux et désinvolte geste de la main, comme pour chasser ses propres mots.

-Mais nous n’en sommes certes pas encore à ce stade. Quant au meurtre de mon père, nous étudierons la question plus en détail le moment venu.

Aucune once de remord, de sentiment… Sa voix n’avait même pas tremblé à ses paroles. Eleanora restait bel et bien insensible, quoi qu’elle puisse dire ou penser.
Il passa un nouveau et presque habituel moment de silence suite à cette étrange conclusion, puis on entendit une dernière fois la voix placide de la Princesse ajouter finalement :


-Ainsi dont… Tu peux frôler la folie meurtrière. Les monstres sont donc bien plus nombreux, en mer et sur terre, qu’on ne le pense tous… Mais tous les monstres ne sont pas à anéantir. Certains peuvent devenir des armes sûres…

Et même si la voix d’Eleanora était sans l’ombre d’une tonalité spéciale, elle résonna comme une interrogation, au milieu de la pièce.
Revenir en haut Aller en bas
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeMer 11 Juil - 15:44

Installé dans son fauteuil, Kanaw n'avait pas l'air d'être gêné par le manque de réactions de celle qui se trouvait sur ses genoux. Peut-être avait-il l'habitude, après tout, de ce morceau de glace aux formes féminines. Peut-être n'espérait-il pas la choquer...

Et pourtant, cette petite lueur au fond des yeux de la princesse, alors qu'il expliquait son but, ne passa pas inaperçue. Et bien ? L'intéressait-il plus que prévu ? Il aimerait beaucoup son avis, à cet instant précis. Savoir si elle trouvait que son idée était bonne, ou mauvaise.

Cependant, cela ne vint pas dans l'immédiat. Elle se releva, puis passa ses bras derrière lui. Menace ? Si c'était une menace, elle était riche de paroles agréables. Elle ferait tout pour avoir un enfant avec lui ? Il s'en réjouissait d'avance. La seule ombre au tableau était qu'elle repoussait ses avances, pour le moment. Plus que jamais, il espérait que la sœur d'Eleanora disparaisse rapidement dans les ombres. Cette femme subissait cette attirance entre deux personnes ambitieuses. Elle était sur leur chemin, et, elle en payerait le prix fort.

A la réflexion sur le goût des lèvres de la princesse, il arqua un sourcil. Pensait-elle réellement qu'il allait croire à une telle sottise ? Kanaw n'était pas dupe : pour donner un argument aussi ridicule, elle lui cachait quelque chose. Et pourtant, allait-il lui faire remarquer ? Pour apprivoiser un animal sauvage, il fallait y aller doucement, le mettre en confiance... Eleanora était capable de mordre, si on lui forçait trop la main. Alors il se contenta de lui sourire d'un air amusé, alors qu'elle se déplaçait vers la table, lui signifiant par cet extraordinaire silence qu'il ne la croyait pas. Qu'il ne fallait pas le prendre pour un imbécile, non plus...

La suite de la conversation porta sur le sujet qui l'intéressait. Et bien, oui, ils n'en étaient pas encore aux moments où il fallait choisir que faire du Roi actuel, ou des Pirates. Pour l'instant, ils devaient avancer, dans l'ombre, jusqu'à se mettre en lumière. Apparaître comme un couple parfait... et conquérir le monde.

Et la dernière remarque de la princesse ? Un frisson se glissa dans le corps de Kanaw... Difficile de savoir de qui elle parlait...


-Le monstre dont tu veux faire une arme... est-ce moi, ou celui que nous allons combattre ?

Le regard de feu et d'or de l'homme se posa sur la jeune femme.

-Si c'est celui que nous allons combattre, c'est une idée intéressante, mais je ne sais pas si nous avons la force nécessaire pour le faire.

Il se redressa quelque peu dans son fauteuil, fixant la princesse. Là, à une certaine distance l'un de l'autre, calmes sur des eaux déchaînées, ils pourraient presque paraître... irréels.

-Et pour ce qui est de l'héritier, je trouve que les nobles se posent bien trop de questions. Parce qu'il n'y a que la noblesse pour interdire les liens physiques avant le mariage.

Un regard pour sa main blessée. Qu'allait-il dire, pour briser le silence qu'il commençait à installer dans la pièce ? Ramener le sujet vers les lèvres d'Eleanora ?

-Je n'ai pas goûté aux eaux du Cocyte, mais je sais que les eaux autour des Champs Elysées ne sont pas salées. Et es-tu seulement sage ?

Rien de plus. Au moins, elle savait qu'il doutait de ses paroles.

-A part cela, je suis heureux de savoir que nous partageons quelques buts. Il n'en sera que plus simple pour nous entraider...

Le Croc Noir se mit à rire doucement, sans raison apparente. Simplement rire, comme un fou, comme un dément.

-Merci, princesse. J'ai hâte d'assurer notre alliance par deux anneaux... peut-être apprivoiserez-vous le monstre que je peux devenir...

Un temps. De réflexion, peut-être. Il sourit, de cet air un peu cruel, qu'il arborait si facilement face à elle, pour ensuite murmurer :

-Ceci dit, je veux bien que tu m'expliques comment faire un héritier. Puisque je dois laisser de côté mon envie pour les gestes, autant écouter...
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeJeu 12 Juil - 13:28

Le silence de son interlocuteur signifiait d’avantage à Eleanora, que la moindre de ses paroles. Même si elle n’en montrait absolument rien, elle avait saisi le message. Un message qui n’avait rien de bien compliqué… Kanaw ne la croyait pas. Et elle pouvait difficilement lui en vouloir.
Avait-elle seulement cru que détourner la conversation sur les eaux du Cocyte allait lui faire oublier que son baiser n’était pas uniquement celui d’une Princesse ? Elle ne parut guère ennuyée qu’il n’en pense pas un mot.

Son visage semblait pensif, et ses yeux qui fixaient à présent un vide qu’elle contemplait seule, laissait penser qu’elle devait réfléchir intensément. Mais rien n’était moins sûr, si l’on s’attardait à admirer la grâce naturelle de son maintien, et le haussement d’épaule désinvolte qu’elle esquissa simplement. Comme si tout lui était égal… jusqu’à cette conversation. Ce qui était sans doute très loin de la vérité…

Mais si Kanaw avait réussi à convaincre la Princesse que la confiance mutuelle était l’un des atouts majeurs de leur réussite, Eleanora n’était pas encore naïve au point de dévoiler toute sa personne à un individu qui lui cachait certainement autant de choses qu’elle.
Sinon, pour qu’elle raison agirait-il de la même façon ? Avec ce sourire calme, cet air détaché… Il lui ressemblait bien plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre.

Mais peu importait… Cet ressemblance dans leurs façons d’agir ne pouvait être que bénéfique. Elle en était à cette conclusion, lorsqu’elle sentit, plus qu’elle ne vit, la réaction de son fiancé à sa dernière phrase. Avait-elle finalement réussi à le mettre mal à l’aise ? Etait-ce seulement son but ?
Non, elle avait l’air plutôt sérieuse. Ce qu’elle disait au sujet d’un quelconque monstre n’était pas des paroles en l’air.

La glace croisa le feu, et Eleanora se contenta un instant de le fixer sans ciller, alors qu’il lui demandait de quel monstre elle parlait réellement… Et dans un sens, il se mit à approuver ses paroles. Peut-être l’ambivalence de ses mots était-elle voulue… La jeune femme esquissa un léger sourire, neutre, puis hocha la tête en guise d’approbation.


- Celui que tu préfères…

Murmura-t-elle pour toute réponse. Puis elle croisa calmement les bras, et s’installa un peu mieux sur sa chaise, faisant mine d’écouter avec beaucoup d’attention ce qu’il se mit à lui répondre.
Intéressantes ou non, les paroles du Capitaine parvinrent jusqu’à elle… et Kanaw put presque remarquer l’ombre d’une expression amusée, l’espace d’une fraction de seconde, lorsqu’il répliqua que les nobles avaient des coutumes ridicules. Mais ce fut si bref qu’il était impossible d’en être absolument sûr.

Elle n’en fit aucun commentaire, et fit glisser doucement son regard vers la bouteille de vin juste devant elle, dont elle observa les reflets rougeâtres, semblables à du sang, plissant les yeux.
Voulait-elle éviter son regard, alors qu’il lui faisait remarquer que les eaux des Champs Elysées n’étaient pas salées ? Ou souhaitait-elle simplement lui prouver que tout cela ne l’intéressait guère ?

Quoiqu’il en fut, à ses paroles-ci, elle ne réagit nullement. Non… Eleanora n’était pas encore assez apprivoisée pour dévoiler le secret qui lui tenait le plus à cœur… Celui qui n’était qu’à elle. Et qu’elle ne partagerait que quand elle en verrait l’inestimable utilité. Pas avant.

Eleanora ne descella pas les lèvres tandis que son fiancé se mettait à rire, sans raison apparente… et d’une manière qui la fit sourire étrangement. Rien dans ce que faisait Kanaw n’était visiblement susceptible de la déstabiliser.
Pourtant, elle arqua un sourcil pour appuyer sa perplexité, lorsque le jeune homme en face d’elle accepta finalement un cours sur la manière de faire perdurer la dynastie. Elle laissa passer un moment de silence presque paisible, malgré le léger tangage du bâtiment, puis elle décroisa les bras, et saisi sa lourde tresse, pour l’enrouler autour de ses doigts d’un geste machinal.


- Les nobles ont une haute opinion d’eux-mêmes… Ils se croient les seuls capables de différencier amour, union et enfantement. Et visiblement, d’après eux… ces choses se font selon un ordre logique à respecter.

Elle expliqua cela d’une manière qui ne laissait aucun doute, quant au fait qu’elle ne partageait absolument pas cette façon de voir les choses. On pouvait même parfaitement déceler la pointe de dégoût et de répugnance avec laquelle elle avait prononcé « amour ».

- Mais quand bien même tu n’approuves pas cela… Il faudra s’y plier, pour mon père. Si tu es prêt à m’épouser pour le pouvoir, tu es également capable du reste, non ?

Elle lâcha ses cheveux et se redressa, réajustant d’un air distrait les plis de sa chemise.

- Et cesse de te montrer si pressé, Kan… Nous partageons les mêmes buts, certes. Et l’entraide est sans doute la meilleur chose que nous ayons, dans l’hypothèse où elle sera complète. Mais il y a une autre vérité, plus simple encore… pour l’heure, ce que tu désires, c’est une femme. Pas moi, juste une femme.

Il n’y avait ni mépris, ni reproche, ni rien de ce genre dans ses paroles. C’était comme si elle se contentait de constater l’évidence. Et qu’elle n’en avait rien à faire… La preuve, elle fit quelques pas vers le hublot, et se mit à contempler l’eau qui glissait au dessous d’elle, simplement.

- Et tu n’es pas le seul qu’il faudra apprivoiser.

Elle avait à peine ouvert les lèvres pour murmurer cette affirmation.
Affirmation qui fut presque aussitôt suivie par une toute autre explication. Quelque chose qui n’avait rien à voir avec le sujet principal de la discussion.


- D’ailleurs, en parlant d’apprivoiser… Il me semble que ce monstre que tu pars combattre, n’est pas à négliger… Idée intéressante, dis-tu ? Plus que cela, je pense… Avec une créature pareille, diriger les flots devient un jeu d’enfant. Alors un simple conseil… Si tu le trouves, étudie-le. Ne le tue que si tu n’as pas d’autre choix… Chaque être à son point faible. Et chaque arme, son manuel d’utilisation.

Un petit instant de silence suivit ses paroles. Eleanora déposa son front sur la vitre, tout aussi froide que sa propre peau. Puis elle esquissa un sourire que Kanaw ne put voir, avant d’ajouter soudain, balayant tout aussi vite le poids de ce qu‘elle venait de dire.

- Tu es quelque un de surprenant, Kan… Tu sembles préférer rester ici, à m’écouter te raconter quelque chose que tu sais plus que n’importe qui, et qui n’arrangera en rien ton état… plutôt que de te précipiter pour reprendre la barre à un de tes matelots, et guider toi-même ton navire. Le Cocyte également, a besoin d’être apprivoisé.

La jeune femme se retourna subitement, un léger sourire au coin des lèvres. Elle ne paraissait absolument pas inquiète quant à l’idée qu’elle venait elle-même d’émettre, au sujet du danger du fleuve. Au lieu de cela, elle fit quelques pas vers lui.
A aucun moment elle n’avait relevé l’allusion au sujet des eaux, salées ou non. Simple oubli ? Ou voulait-elle éviter adroitement le sujet ?


- Ceci dit… puisque tu sembles tellement y tenir… Je décline toute forme de responsabilité.

Il n’y avait pas vraiment de forme d’humour dans sa voix, mais ses yeux coupants dégageaient quelque chose d’autre, d’à peine décelable. Mais quelque chose d’autre tout de même. Nonchalamment, elle vint s’installer sur l’un des accoudoirs du fauteuil du Capitaine, croisant les jambes avec un calme déconcertant.

- C’est très simple. Faire un héritier se conçoit en trois conditions essentielles.

Elle se mit à compter sur ses doigts, dégageant d’abord le pouce, qu’elle brandit sous le nez du jeune homme, tout en confondant l’acier de son regard avec les flammes du sien.

- La première, fondamentale, c’est qu’il faut être deux, de sexes opposés. Au moins… Disons que c’est le chiffre minimal. La deuxième…

Elle dégagea son index, l’air toujours aussi naturelle. Elle avait simplement l’air d’une personne faisant une leçon d’ordre intellectuel à une seconde personne parfaitement ignorante. Et sa voix neutre avait une résonance presque gaie, qui lui donnait une manière étrange…

- … c’est qu’il faudra de préférence être nus. Habillés, c’est encore faisable, mais c’est nettement moins confortable, n’est-ce pas ?

Question rhétorique, sans nul doute possible. Cependant, une interrogation ne pouvait s’empêcher de demeurer sans réponse. Eleanora parlait-elle en connaissance de cause ?… ou pas.
Expérimentée ou non, elle n’en continua pas moins sa leçon.


- Nombreux disent qu’il faut « amour » et « passion » pour concevoir un enfant. Ceux-là n’en feront sans doute pas beaucoup… Ce sont des détails, facultatifs, à mon humble avis. Donc, le troisième point…

Et hop, troisième doigt pour appuyer le compte, tandis que son autre main se mit soudainement à tapoter négligemment le genoux du jeune homme.

- … et certainement le plus difficile. Il faut que l’appareil génital masculin soit au meilleur de sa forme. D’où l’intervention de la partenaire. Démonstration ?

Et la main de la Princesse glissa légèrement du genou du Capitaine, frôlant légèrement sa jambe. Eleanora n’avait pas l’air plus perturbée que cela. Au contraire, elle semblait toujours aussi calme. Et son ultime question nécessitait-elle une réponse ?
Une autre question pouvait surtout s’affirmer… Quel était le but réel de la jeune femme ? Un test ?
Revenir en haut Aller en bas
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeVen 13 Juil - 3:09

Kanaw souriait de sa manière si étrange, entre dérision et franchise, en écoutant les paroles de la princesse. Vraisemblablement, elle voulait mettre de côté la discussion sur ses lèvres. Bien. Elle lui cachait quelque chose. La question était de savoir quoi. Il pouvait la faire surveiller, mais cela serait risqué : dans la mesure où elle s'en rendrait compte, elle pouvait très bien le prendre mal.

Et il ne voulait pas la perdre. Alors il devait lui faire confiance. C'était bien à cela qu'ils jouaient. Si elle décidait de lui taire quelque chose, ce n'était pas pour le plaisir de l'embêter, c'était parce qu'elle ne jugeait pas utile de lui en parler.


Quand elle expliqua qu'il fallait se plier à cette règle de nobles pour le Roi, il laissa croître son sourire. Apparemment, elle avait dit quelque chose de suffisamment drôle pour qu'il ait du mal à ne pas le montrer... Pourtant, aussi amusant cela puisse être, Kanaw prit un air froid quand elle lui dit qu'il ne la cherchait pas.

Il y avait des moments, comme celui-ci, où le feu ne réchauffait pas. Où il ne devenait plus grand chose d'autre, à part destruction. Une lueur plus rouge qu'à l'habitude traversa le regard de l'homme, qui fixait Eleanora.

Et elle lui parla de batailles, d'armes, et cela ne semblait pas le mettre de bonne humeur. L'avait-elle vexé ? Peut-être. Ou alors, elle avait souligné une faiblesse, un manque de ce Capitaine. Lorsqu'elle se leva, pour s'avancer vers lui, n'importe qui aurait pu penser qu'elle était suicidaire. Mais la princesse était presque aveugle, et le Croc Noir silencieux. Et puis, ce qu'elle fit le surprit.

Kanaw ne devait pas s'attendre à ce qu'elle lui explique réellement comment faire des enfants. Parce que, il n'allait pas le réfuter, il savait bien comment lier deux corps. Et pourtant, elle prenait soin de décortiquer sa leçon. Lui, il la regardait dans les yeux.

... Lorsque vint le moment fatidique où elle laissa glisser sa main sur son genou, puis sa jambe, un étrange frisson prit le Capitaine. Savoir s'il était habitué, ou non, était impossible. Peut-être était-ce le manque, qui le faisait réagir ainsi.

La main du marin attrapa celle de la princesse. Et il demeura, un instant, ainsi. Ses yeux enflammés contre la glace. Les mots vinrent :


-Tu me plais.

Kanaw semblait plus calme. Bien sûr, il n'était pas aussi amusé et amusant qu'il y avait quelques minutes, mais il n'était pas non plus sur le point de tuer la jeune femme qui était assise à côté de lui.


-Mais tu me demandes beaucoup de choses. Et je ne comprends pas tout.

Une mèche sombre glissa sur le visage de l'homme.

-D'abord, tu refuses de me faire l'amour pour faire plaisir à ton père. Est-il seulement obligé d'être au courant de nos activités ? Cela m'étonnerait qu'il aille jusqu'à vérifier... Et puis tu as l'air un tant soit peu au courant de la chose. Soit tu as essayé, soit tu veux me le faire croire...

Il demeura un très court instant les yeux clos, puis les rouvrit, en déposant la main de la jeune femme sur son cœur de marin.

-Pour ce qui est des femmes, je n'en ai jamais désiré une en particulier. Je croyais que tu savais que je n'étais pas capable d'aimer... Je peux brûler dans la luxure, oui, mais jamais je ne serai capable de vouloir une femme précise. Je ne sais pas faire ça... Il n'y a rien sous tes doigts.

Doigts qu'il prit de nouveau dans sa main. Doucement, il déposa un baisemain sur la peau d'Eleanora. Elle n'avait pas des mains de princesse. Pareil pour ses lèvres... La main de la jeune femme reprit sa place sur la jambe du Capitaine, qui murmura :

-Mais tu peux continuer ta course. Peut-être seras-tu l'exception à tout ce que je ressens... Quoiqu'il en soit, si tu poursuis ta démonstration, sache que je ne me retiendrai pas. Et si, au contraire, tu décides que je n'en ai pas besoin, je demeurerai sagement assis.

Sagement ? Et pourtant, il se redressa légèrement, pour déposer ses lèvres sur celles de la jeune femme, et goûter de nouveau à cet arrière-goût salé. Bref, le baiser se termina lorsque le fiancé se réinstalla confortablement dans son fauteuil. A peine quelques secondes, cet échange aurait presque pu ne pas exister, après tout... et pourtant...
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeVen 13 Juil - 20:59

Eleanora avait-elle remarqué que quelque chose n’allait pas, au cours de ses paroles ? Avait-elle croisé cet air froid de la part de Kanaw, et cette étrange lueur rouge qui le rendait d’autant plus inquiétant qu’on ne savait pas vraiment ce qu’il voulait ?
Rien n’était moins sûr. Et quand bien même la jeune femme aurait parfaitement eu conscience d’avoir dit ou fait quelque chose susceptible de le vexer, elle n’en parut absolument pas perturbée.

Elle préféra d’ailleurs ignorer royalement ce qui pouvait passer pour une menace, dans l’attitude de son fiancé. Quoi qu’elle ait pu dire, elle le pensait visiblement… ou au moins, elle assumait parfaitement l’avoir dit. Le reste importait peu.
En revanche, si elle était véritablement en mesure de comprendre que quelque chose n’allait pas… il ne faisait aucun doute qu’elle rangeait cette précieuse information dans un coin de sa tête, sans en connaître sa véritable valeur.

A quel sujet l’avait-elle donc à ce point agacé ? Qu’avait-elle dit de si terrible qui vaille un si brusque changement d’attitude ? Si Kanaw fonctionnait plus ou moins comme elle, alors cela signifiait tout simplement qu’elle venait de pointer du doigt une des faiblesses du Capitaine. Une faiblesse, ou quelque chose qu’il regrettait de ne pas posséder…

Dans l’instant précis, peu importait de s’attarder longuement sur ce détail… Un autre attira d’avantage l’attention de la Princesse. Cette fois-ci, il était certain que le frisson qui avait parcourut le jeune homme ne lui avait pas échappé.
Le sourire d’Eleanora se modifia légèrement, prenant à la fois une teinte malicieuse et innocente au possible. Elle n’avait pas l’air vraiment satisfaite… Elle s’amusait simplement, peut-être. Encore que… jusqu’à maintenant, chacune de ses actions avaient été guidée par un intérêt, un but. Alors, ici… Quel était-il ?

Quoiqu’il en fut, la jeune femme laissa enfin paraître une émotion sur son visage. Quelque chose qui ressembla à une réelle surprise, bonne ou mauvaise, quand il prononça trois simples mots, inattendus. La stupéfaction – s’il s’agissait bien de cela – fut si brève dans ses yeux, qu’elle pouvait passer inaperçue.

Eleanora fronça pourtant les sourcils, volontairement cette fois-ci, comme pour lui montrer à quel point elle se montrait perplexe face à ses paroles. Il ne comprenait pas tout, prétendait-il … Qu’y avait-il donc à comprendre, dans les mots de la Princesse ? Qu’avait-t-elle donc exigé de lui ?

Doucement, la jeune femme ferma les yeux, et son sourire laissa passer une légère faille… La malice et l’innocence calculée s’effacèrent, pour faire place à une expression plus neutre. Témoin plus qu’évident de son envie de ne rien laisser transparaître… Elle l’écouta calmement émettre des soupçons justifiés quant à sa connaissance en la matière, et son refus de s’engager. Sans l’interrompre, sans un geste.

Pourtant, l’acier réapparut derrière ses paupières, qu’elle rouvrit subitement en sentant qu’il déplaçait sa main au niveau de son cœur. Imperceptiblement, elle bougea quelque peu ses doigts, comme pour mieux sentir les battements réguliers qu’elle sentait sous sa peau, et qui se répercutaient petit à petit le long de son bras.

Sous l’étrange contact, son regard se perdit dans le vide, et Kanaw pouvait même se demander si la suite de ses paroles avait atteint ou non l’esprit de sa fiancée.
Cela parut cependant le cas, lorsqu’elle se mit à esquisser un léger mouvement de tête, comme une sorte d’approbation. Il n’était pas capable d’aimer… Visiblement, elle était parfaitement d’accord avec cette idée. Et de son point de vue, c’était loin d’être un défaut. Bien au contraire.

Son regard revint se fixer sur ses propres doigts, que le Capitaine décora d’un baiser, avant de les reposer précisément à la place qu’il leur avait fait quitter quelques secondes auparavant. De là, ils ne bougèrent plus, comme immobilisés par leur propriétaire.
Et cependant, un léger détail pouvait encore surprendre le jeune homme… Eleanora était peut-être de glace et de froideur, mais sa main, pour l’heure, dégageait une étonnante tiédeur, inhabituelle.

Elle ne parut pas s’en alarmer, ou même le remarquer. La conclusion du Capitaine fit renaître la malice exagérée sur son visage, et la Princesse secoua légèrement la tête, comme pour chasser définitivement l’inutilité de tout cela.
Mais un geste de la part de Kanaw interrompit le sien. Eleanora se figea tandis que les lèvres de son fiancé rencontraient les siennes, pour la troisième fois en l’espace de peu de temps. Il ne lui avait pas laissé le temps de réagir, de comprendre, ou même de répondre… Il ne saurait donc jamais si elle avait l’intention de le faire.

La Princesse ramena lentement son autre main vers ses lèvres, et les effleura du bout des doigts, comme si elle voulait s’assurer de n’avoir pas été victime d’hallucinations. Ses yeux fixaient le hublot, sans vraiment le voir, évidemment, et elle sembla oublier momentanément la présence du Capitaine.
Jusqu’au moment où, soudainement… Elle laissa échapper un rire. Un rire un peu énigmatique, certes, mais d’une fraîcheur et d’une simplicité charmante.


- Sagement assis… C’est trop aimable à toi. Tellement que je vais peut-être avoir un mal fou à y croire… Mais puisqu’il faut se faire confiance…

Sa voix n’était plus si neutre, si impassible. Elle mettait toujours mal à l’aise, par son étrange désinvolture, mais elle avait aussi quelque chose d’un peu plus agréable. Est-ce que par le plus grand des hasards, Kanaw était en train de l’apprivoiser plus qu’il ne l’imaginait ?

La main qui frôlait ses propres lèvres s’envola avec légèreté, pour se poser sur celles du jeune homme, reproduisant exactement les mêmes gestes qu’avec elle-même.


- … puisque tu m’as prouvé qu’il y avait du bon dans la sincérité… Je dois avouer que ça n’a rien de désagréable.

On aurait pu être tenté de lui demander « ça quoi ? », mais c’était certainement fort déconseillé. D’autant plus que ce « ça » était plutôt explicite, compte tenu du fait qu’elle frôlait les lèvres de son fiancé avec une application évidente. « ça » égal, « le baiser », vraisemblablement…
Elle ne s’en tint pas là…


- Cela étant dit… Je ne pense pas qu’il soit nécessaire et vital de continuer plus avant… Je suis certaine que tu connais la suite sur le bout des doigts… Et je ne peux pas être ce que tu appelles l’exception, puisque ça n’existe pas.

Le ton était si catégorique qu’il ne permettait sans doute aucune protestation à ce sujet. Elle n’était pas résignée, ni désolée d’avoir à admettre une telle chose… Non, elle semblait trouver cela parfaitement normal. Et on ne peut mieux.

Malgré ses paroles, sa main restait bel et bien posée au même endroit, résolument. Et naturellement. Comme si cela avait été toujours sa place.


- D’ailleurs à ce propos… Je suis parfaitement consciente de ton incapacité à aimer. C’est précisément ce que je te dis, Kan… Tu veux une femme, quelle qu’elle soit. Un être aux courbes qui te plaisent, et qui puisse satisfaire un instant le désire qui te brûles. Et c’est tout.

Un haussement d’épaule dérisoire vint souligner le peu d’importance qu’elle apportait à la gravité de ce qu’elle ne faisait que constater. Visiblement, il n’y avait pas de quoi en être triste, de son point de vue.
Eleanora se mit à dessiner des cercles sur la jambe du jeune homme, soigneusement, et presque machinalement.


- Tu as l’air de le regretter, je ne vois pas bien pourquoi… Aimer ça n’existe pas, c’est aussi simple que ça. Les hommes utilisent ce mot quand bon leur semblent, uniquement pour justifier toutes les erreurs qu’ils commettent… C’est fuir, et donc, c’est lâche. Je n’aime pas. Et je m’en porte très bien.

Comme pour souligner ses paroles, elle lui adressa un sourire quasiment rayonnant, qui contrasta grandement avec la froideur soudaine de ses yeux, durant tout ce petit discours.

- En revanche… Peut-être ai-je rêvé, mais j’ai senti les battements d’un cœur sous mes doigts… S’il n’y a rien, d’où venaient-ils donc ?

Etait-elle en train de faire de l’humour ? Cela paraissait très peu probable… mais après
tout pourquoi pas ? Toujours était-il qu’elle ne s’éternisa pas sur la question plus longtemps… Elle choisit de laisser passer entre eux un silence bienfaisant, pensif.
Silence qu’elle brisa finalement, d’une voix douce et défiante à la fois…


- A la cour, à propos de mon cœur, la rumeur dit qu’il a toujours été de fer… Peut-être ont-ils raison, peu importe… Cela dit, puisque j’en suis encore à l’honnêteté… Cela fait toujours plaisir d’apprendre que l’on plaît à son futur époux.

Elle approcha légèrement son visage du sien, faisant mine de vouloir l’embrasser, mais à la place, souffla légèrement sur une des mèches du jeune homme, pour la remettre en place. Elle ponctua son geste d’un sourire, presque tendre.

- Un époux qui est bien assez attirant pour me plaire, à moi aussi… Et un époux qui use visiblement de beaucoup d’arguments pour obtenir de moi bien plus qu’un baiser, je me trompe ?

Question rhétorique, une fois de plus. Elle ne lui laissa absolument pas le temps d’y répondre, de toute manière, et reprit aussitôt.

- Je te propose quelque chose… Si tu réussis à me montrer qu’il y a un intérêt réel, pour moi, de te dire si je suis ou non expérimentée en la matière… Je te répondrais, en toute sincérité.

Eleanora s’éloigna légèrement, secoua la tête pour remettre ses propres cheveux en place, puis, pendant une fraction de seconde, s’humecta les lèvres, dans un geste qui parut inconscient.
Revenir en haut Aller en bas
Kanaw Llyr
Capitaine des Corsaires.
Capitaine des Corsaires.
Kanaw Llyr


Nombre de messages : 979
Age : 36
Navire : Punition Expéditive
Totem : Kaano - Loup
Date d'inscription : 10/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeLun 23 Juil - 17:39

Kanaw, de sa proximité avec la princesse, pouvait observer la moindre des expressions de la jeune femme. Et c’était, en quelque sorte, passionnant.

En effet, de loin, elle aurait pu faire croire à un masque d’impassibilité inviolable. Pour le jeune homme qui l’avait sur ses genoux, elle réagissait à presque toutes ses paroles. Et quand elle s’enfermait derrière sa froideur, c’était encore plus intéressant. En ne montrant rien, elle en disait beaucoup… Ce petit jeu qui s’installait entre eux la rendait adorable…

Pour le reste, quand elle prit la parole, elle lui parut plus agréable qu’à son habitude. Se passait-il quelque chose entre eux, qui suffirait à les rendre proches ? Se passerait-il quelque chose d’infime, mais de dangereusement puissant ? La glace et le feu ont chacun une telle ambition que ce pacte qu’ils sont sur le point de faire serait décisif. Bien sûr, il n’aurait pas immédiatement sa place au pouvoir. Bien sûr, il ne dirigerait pas immédiatement les flots… Mais…

Ses pensées furent coupée par l’aveu de la princesse. Elle trouvait ses baisers agréables ? Elle n’en avait pas l’air, jusqu’ici. Elle semblait si indifférente à ses avances. Plus maintenant… Il savait qu’il ne la dérangeait pas plus que cela en l’embrassant. Bien.

Ensuite, il avait l’air moins amusé des mots de la jeune femme. Eleanora et lui ne partageaient pas toujours les mêmes avis. Là, c’était sensible : il croyait en l’amour, mais se sentait incapable de ressentir ce genre de choses ; elle n’y croyait pas, et cela lui plaisait que Kanaw soit ainsi.

Lui, il n’appréciait pas ce genre de remarques, son manque d’intérêt précis pour les femmes. Oh oui, il aimait la féminité, ses courbes, ses voix, ses gestes… il n’aimait pas « une » femme. Et c’était, pour lui, une faiblesse. Se brûler dans les orgies, ce n’était pas forcément une excellente chose pour un capitaine, non ?

Alors, ses yeux rougirent, brillant de cette colère sourde qu’il montrait, parfois. Il l’écoutait. Il la comprenait, mais ne partageait pas son opinion. Kanaw fulminait de colère envers lui-même. Les femmes… peut-être qu’il ne s’en méfiait pas assez. D’où lui venait ce problème, déjà ? Il s’était mis à courir les jupons peu après avoir laissé sa sœur fuir, et être entré au service du Roi. Etait-ce lié ? Son côté volage était-il du à la perte de l’amour de la seule femme de sa famille qui lui restait ?

Qu’importe. La question n’était pas là.

Son regard cilla un instant lorsqu’elle s’approcha de lui, puis souffla sur une mèche qui lui tombait sur le visage. Et puis vint une étrange proposition…

Un sourire amusé se posa sur les lèvres du jeune homme, qui déposa sa main valide sur la hanche de sa fiancée.


-Tu me vois fort heureux de te plaire…

Ses doigts gentiment posés, son regard flamboyant croisa celui de la princesse.

-Vois-tu, l’intérêt de me dire si oui ou non tu es expérimentée, par delà le fait que cela ne t’engage en rien envers moi, puisque je ne vais pas pour autant te sauter dessus… l’intérêt, c’est que lorsque nous serons suffisamment liés pour être intimes, je saurai comment agir avec toi.

Doucement, il retira sa main, puis ferma les yeux.

-Disons que lorsque la femme est expérimentée, je suis capable de ne plus faire attention à mes gestes. Mais si tu n’as jamais fait ce genre de choses, je serais bien plus attentif envers le moindre de tes désirs… Voilà… En gros, cela me permettra de savoir si je dois éviter de te faire mal, ou si tu sais comment agir.

Son regard d’or et de flammes se posa de nouveau sur la femme qui s’était installée si près de lui. Lutte d’influence, ou non, ils savaient tous deux défendre leurs intérêts, finalement.

-Nous ne partageons pas le même regard sur l’amour. Il faudra me convaincre de tes paroles. Pour l’instant, je demeure, à mes yeux, faible. C’est tout.

Lentement, il passa sa main dans sa propre chevelure.

-Enfin, il faut que je me prépare mentalement au prochain fleuve. Je ne veux pas prendre trop de risque dans les flammes…

Le Croc Noir se redressa, puis souffla légèrement dans le cou de la princesse :

-Tu as du te tromper, et sentir les battements de ton propre cœur. Je suis mort à l’intérieur.

Il rit, doucement, et plissa les yeux, pour paraître plus attentif aux réponses de la princesse. Mais…

-Tout à l’heure, quand nous étions à la barre, tu avais l’air intéressée par cet objet. Tu sais conduire un bateau ? Ou ça t’intéresserait que je te l’apprenne ?
Revenir en haut Aller en bas
https://totems-des-mers.forum-actif.net
Eleanora Montgomery
Princesse.
Princesse.
Eleanora Montgomery


Nombre de messages : 472
Age : 36
Navire : Rose Noire
Totem : Cal - Renard
Date d'inscription : 24/06/2007

A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitimeDim 29 Juil - 20:58

Eleanora savait créer à elle seule une foule de significations, pour un seul et unique mot : indifférence. Car son visage taillé dans la glace, et ancré dans cette sorte d’impassibilité qu’elle cultivait si bien, dessinait des nuances, presque imperceptibles. Sa froideur n’était jamais la même…

Elle fut donc bien différente, lorsque ses yeux glissèrent aisément jusqu’à la main de Kanaw, pour jauger avec détachement son geste de la poser sur sa hanche. Aucune réaction, l’inverse en aurait surprise plus d’un. Pourtant, ce détachement n’avait rien à voir avec l’apparente indifférence qu’elle arborait quand elle l’écoutait parler… En fait, on eût dit qu’elle regardait cette main, comme elle aurait remarqué un quelconque insecte se baladant sur ses vêtements. A ceci près que si cela avait été un insecte, elle l’aurait chassé… Or, elle n’en fit rien.

Si le Capitaine s’amusait tellement de ses infimes changements d’expression que lui seul pouvait voir, il était plutôt gâté… Car le regard de la jeune femme fut traversé d’un éclat métallique, tandis qu’elle le redressa vers le visage de son fiancé. Ses lèvres dessinaient un sourire convenu, posé… mais quelque chose d’inexplicable, dans son attitude, laissait planer un certain malaise.

Elle semblait absorber littéralement l’argumentation que Kanaw était en train de lui fournir… sans paraître l’écouter d’avantage que n’importe lequel des matelots de ce navire. Il y eut même un moment où son regard cessa de fixer celui du jeune homme, pour se perdre dans un vide qu’elle fut la seule à contempler. D’apparence, elle resta de marbre… Mais Kanaw pouvait sentir tout autre chose émanant d’elle. Comme si elle était en train de… le juger.

De peser le poids de ses paroles. Son argumentation, si bénigne semblait-elle, demeura en suspension entre eux. Il y avait autre chose en jeu, qu’un simple besoin de réponse… Eleanora n’avait certainement pas proposé de révéler ce genre de chose, par une envie subite. Voulait-elle tester quelque chose ? Ou était-ce de la simple curiosité ?

Quoi qu’il en fut, il y eut bel et bien une conclusion à toutes ses réflexions qui défilaient dans son regard, trop rapidement pour qu’on les remarque. Et cette conclusion passa inaperçue, noyée dans l’acier de ses yeux.
La Princesse était loin d’être stupide. Elle avait compris en un clin d’œil qu’elle n’avait pas le choix… Le Capitaine avait tourné son argumentation d’une telle façon, qu’elle se trouvait obligée de répondre. Ou plus précisément… qu’elle que fut sa réaction, le jeune homme aurait sa réponse.

Ce qui parut parfaitement lui convenir, puisque son sourire poli se mua en une expression satisfaite. Elle demeura cependant silencieuse, comme si elle devinait qu’il n’avait pas encore finit de parler… Mais le reste était peut-être un peu moins important à son goût. Ou bien, important d’une façon différente, puisque son détachement se modifia légèrement, passant par une sorte de mépris teinté de dérision.

L’amour… Rien que ce mot aurait presque pu la faire grimacer, si elle ne savait pas parfaitement se maîtriser. Même ses yeux ne trahirent pas ce dégoût qui la tenaillait, quand on lui parlait d’une faiblesse qu’elle jugeait la plus stupide qui soit au monde.
Il se croyait faible ? Cela n’avait pas l’air d’intéresser la Princesse outre mesure…Mais il ne faisait aucun doute que leurs avis différaient grandement, à ce sujet…

Le premier mouvement qu’esquissa enfin Eleanora depuis plusieurs minutes, fut celui d’approuver d’un signe de tête entendu et caractéristique, lorsque le Croc Noir fit remarquer qu’ils n’allaient pas tarder à devoir traverser le fleuve de flammes. Elle n’en fut ni déstabilisée, ni inquiète.

En revanche, elle cligna des yeux, dans un geste qui pouvait sembler involontaire, mais qui, peut-être, ne l’était absolument pas, lorsqu’elle sentit le souffle du jeune homme caresser la peau de son cou. Le coin de sa bouche s’étira en une moue ironique sous le murmure de Kanaw… auquel elle répondit d’un ton à peine audible, et d’une simplicité désarmante :


- C’est impossible… Le mien est d’acier et de glace, l’aurais-tu oublié ?

Puis elle s’éloigna légèrement, les yeux clos, toujours aussi calme. Jusqu’à ce qu’il lui propose de lui apprendre à manœuvrer un bateau. Une expression indéchiffrable traversa son visage, et elle rouvrit les yeux vers lui. Pas une faille, pas un sentiment… et pourtant, il était certain qu’il y avait quelque chose de nouveau, quelque part en elle.
Elle le fixa un long moment, semblant à nouveau le jauger. Et juger le poids de ces dernières questions… pour savoir quoi y répondre ? Ou pour comprendre le but de ces paroles ?

Cet instant de flou ne dura que le temps d’une fraction de seconde. Tout juste le temps qu’il lui avait fallu pour savoir parfaitement quoi répondre à cette proposition. Elle secoua donc la tête avec dérision, et eut un sourire renversant de simplicité.


- Crois-tu vraiment que mes yeux, tels que tu les connais à présent, me permettent seulement de réussir à guider un navire entier ?… Mon totem a ses limites… Et je ne comprends pas la raison de cette proposition…

En somme, elle n’avait absolument pas répondu à la question. Elle s’était simplement arrangée pour en poser une autre à la place… Et ce, d’une manière si habile, et d’un ton si naturel, qu’il n’était pas aussi simple de déceler l’impression de trouble diffus qui se dégageait pourtant d’elle.

Et puisqu’elle continuait de tenir les rênes de la conversation, du moins pour l’instant, elle choisit de ne pas demeurer plus longtemps sur ceci… Le reste n’en était pas moins important. C’est pourquoi elle poussa un soupir faussement résigné, et baissa légèrement la tête, en une sorte de révérence à la manière des vaincus.
Elle semblait pourtant invaincue, à cet instant précis… Mais en signe de reddition, elle prit la main valide de Kanaw, et la plaça face à la sienne, paume contre paume.


- Je dois avouer, Kanaw Llyr, que tu n’es pas dépourvu d’imagination pour parvenir à tes fins… J’ignore en quoi cette réponse peut t’apporter le moindre réconfort, ou la moindre satisfaction, mais tu as admirablement bien joué. Que je vois l’intérêt de te répondre ou non, tu l’auras, ta réponse…

Ses yeux d’aciers se plantèrent une fois de plus dans ceux de Kanaw, comme un phare dirigerait un navire perdu en pleine océan. Elle approcha légèrement son visage du sien, ménageant l’effet de ses propres paroles, avec une indifférence délicieuse.

- … et puisque c’est ainsi… je préfère encore qu’elle vienne de moi, cette réponse. Non…

La jeune femme laissa planer un très court silence, qu’elle souligna d’un petit haussement d’épaules négligent. Non… A quoi ? Même aussi limpide, sa réponse restait encore d’une ambiguïté presque agaçante.
Ce fut peut-être pour cela qu’elle répéta encore, de manière à ce que plus aucun doute ne persiste :


- Non, je n’ai pas l’expérience que l’on croit me voir dotée… Si je connais de nombreux hommes de toutes sortes, aucun ne m’a jamais touchée.

Ce n’était pas tant ses paroles, mais plutôt son attitude, qui avait de quoi déconcerter. Parler de la pluie et du beau reviendrait au même, pour elle… Ou presque. Il était si difficile de deviner ses sentiments à l’égard de ce qu’elle venait d’avouer. De la fierté ? Des regrets ? De la honte ?… Kanaw n’avait toujours devant lui qu’une froide indifférence, avec toutes ses nuances. Quand bien même Eleanora avouait un détail aussi intime, elle n’en demeurait pas moins… elle-même.
Plus encore par sa conclusion, teintée d’humour dérisoire :


- Te voilà donc fixé, Kan. J’espère que cela t’ira.

Et passant du coq à l’âne, sans la moindre transition, elle retira sa main, secoua la tête et se redressa, quittant les genoux de son fiancé, pour frotter machinalement les pans de sa tenue, sans y prêter en réalité la moindre attention.
Et pendant qu’elle remettait de l’ordre dans ses vêtements, Kanaw put l’entendre ajouter :


- Quant à cette conception de l’amour… Cette divergence d’opinion égayera nos soirée, ne t’inquiète pas…

Plaisantait-elle ? Visiblement oui, vu son sourire en coin. Mais elle ne laissa rien paraître de plus. Il fallait surtout traduire ces quelques mots par tout autre chose : elle aussi, ne démordrait pas de sa position si facilement, et elle avait très certainement un avis bien arrêté sur la question. Ainsi qu’une foule d’arguments pour la soutenir.
Arguments qu’elle choisit de taire pour l’instant.

A la place, Eleanora esquissa un léger signe du menton vers la porte de la cabine, comme pour l’inviter à en sortir, enfin. Elle souligna son geste d’un simple murmure :


- Allons voir si les flammes de ce prochain fleuve vaincront celles de tes yeux…
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Empty
MessageSujet: Re: A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]   A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
A contre-courant [Equipage de Punition Expéditive]
Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
 Sujets similaires
-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Totems des Mers :: Monde des Humains :: Les Enfers Aquatiques :: Les Fleuves Infernaux [Printemps] :: Le Cocyte-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser