Au Vieux Loup

La taverne n'était pas bien remplie, ce jour-là. Enrik observait ses clients d'un oeil un peu ailleurs : à cette heure, c'était plus pour se reposer, pour la sieste, ou pour se rafraîchir, que les Corsaires venaient lui rendre visite. Certains cuieux, bien informés de son rôle ici, venaient lui acheter des informations. Dans quelques heures, le travail commencerait réellement, les filles feraient peut-être un peu plus que de servir, et les clients seraient plus imbibés d'alcool que de sueur dûe au travail.

Tenir la plus célèbre auberge d'Hafcan n'était pas ce qu'il y avait de plus simple. Toujours, il y avait des intrus. Oh, bien sûr, ses bons et loyaux services pour le Capitaine Corsaire lui avaient appris à se défendre. Il avait beau avoir un oeil en moins, caché derrière un bandeau noir, et une jambe de bois, l'aubergiste était connu pour sa force, et son amour du combat. Cet établissement lui appartenait. Quiconque s'en approchait trop, avec la volonté de le mettre en pièces, risquait sa vie.

Bien sûr, si quelqu'un payait bien, et que cela ne mettait pas en danger la santé du "petit jeune" qui lui avait sauvé la vie et qui finançait son commerce, Enrik donnait quelques informations. Au contraire, si quelqu'un devenait dangereux, à ses yeux, il se permettait de mettre des substances plutôt louches dans les alcools qu'il servait à l'indésirable. C'était sa façon à lui d'agir pour Kanaw, et de "filtrer" les mauvaises rencontres. Tout le monde n'atterrissait pas chez lui, mais, en général, les Corsaires conseillaient aux nouveaux venus sur l'île de passer à l'auberge du Vieux Loup.

Parfois, Enrik se chargeait même de mettre à l'épreuve ceux qui désiraient devenir des Corsaires. Ou de faire patienter les invités un peu prestigieux. Il avait beau tenir quelque chose qui, parfois, s'apparentait à un bordel, cela n'empêchait pas les lieux d'être riches, et agréables. Au contraire, le vieil homme, à la stature imposante, avait l'envie de le rendre magnifique.

A l'heure qu'il était, cependant, les clients se faisaient rares, et l'auberge n'avait pas ses airs de maison close. Au contraire, l'endroit, sombre, frais, donnait des vagues envies de repos, et de calme.

Enrik aimait cela. Il aimait chaque instant, chaque visage de cet établissement. Et il prenait un malin plaisir à discuter avec tous ceux qui venaient le voir. D'ailleurs, une de ses serveuses, fatiguée de se tenir debout à ne rien faire en plein milieu de l'entrée, vient entamer une discussion sur la soirée de la veille...

[HRP : sujet ouvert pour qui le souhaite ^^]

Lycia ne savait plus où donner de la tête.

Après le combat sur l'île, puis le retour dans leur monde, elle ne savait plus que mettre sur le compte de l'imagination ou de la réalité. Bien des jours après ces événements incroyables - la mort du montre mais également de Killian, l'éclair éblouissant lors du trépas de la créature - Lycia semblait encore flotter dans un nuage de confusion. Que c'était-il réellement passé? Qu'était-il arrivé à cette créature? Et puis d'abord, qu'était-elle? Toutes ces questions se percutaient dans son crâne, la rendant presque folle. Mais comment trouver les réponses? En interrogeant le capitaine? Sans trop savoir pourquoi, elle était persuadée qu'il avait bien mieux à faire que de répondre à ses stupides questions.

Le milieu de l'après-midi venait de commencer et, comme à son habitude, Lycia se promenait sur les quais, afin d'oublier les événements passés et d'essayer de se concentrer sur l'avenir. Mais, lorsqu'on avait un avenir aussi flou, imprécis et indéfini qu'elle, se posait trop de questions devenaient vite rageant. Et, ces derniers temps, elle commençait à haïr les questions.

Elle avisa une taverne, grande et bien entretenue, et décida d'aller y faire un tour, afin d'oublier quelques instants son existence misérable autour d'un verre d'alcool. Car, pour ne rien arranger les choses, Mii semblait en ce moment triste à en mourir. Il refusait de lui parler, ou alors lui raconter des chose futiles, sans importance. Pour l'instant, elle ne s'inquiétait pas outre mesure mais, si cela devait continuer... Elle ne préféra pas y penser.

La salle était presque vide, une vraie bénédiction pour la jeune femme. Se retrouver au milieu d'hommes, sur un navire, ne la dérangeait pas le moins du monde. Mais, dans une taverne, c'était tout autre chose. Les choses pouvaient vite dégénérait, et elle avait faillit dévoiler sa véritable identité bien trop de fois à son goût. Elle se méfiait de ces endroits, et les fréquentait le moins possible. Néanmoins, cet après-midi, elle allait avoir besoin d'un autre réconfort que ses pensées.

Elle alla s'installer au bar, et commanda une bière bien fraîche. Elle n'était pas une spécialiste des alcools forts, redoutant à chaque fois d'en abuser et de le regrette par la suite. Une fois servie, elle promena son regard sur la salle. Elle était presque vide, oui, et les rares clients semblaient absorbés dans leurs pensées. Rechignant à faire de même, elle entreprit d'inspecter avec minutie sa choppe.

Peut-être que quelque chose d’intéressant allait finir par arriver.

Lycia mit plusieurs minutes avant de se rendre compte qu'elle fixait désespérément son verre vide. Depuis combien de temps était-elle assise là, offrant une mine pitoyable à quiconque posait les yeux sur elle? Non pas qu'elle se souciait qu'on la prenne en pitié, cela lui important si peu, mais elle ne voulait pas qu'on vienne lui adresser la parole. Et avoir une tête de chien battu ne ferait certainement pas fuir les gens... Enfin, pas tous les gens.

Elle secoua la tête, comme si cela pouvait permettre à ses idées d'être remise en place, et héla la serveuse. Aussi incongru que cela pouvait paraître, elle lui commanda une boisson fraîche, non alcoolisée cette fois-ci. La jeune fille la regarda sans comprendre, mais Lycia lui réitéra sa demande, un peu plus sèchement :
"Oui, ma fille. S'il te plaît, apporte moi une boisson fraîche, un jus de fruit, de l'eau, qu'importe ! Mais pas d'alcool !"

Lycia tenait plutôt bien l'alcool, il le fallait dans le milieu qu'elle fréquentait, mais boire plus que de raison à cette heure-ci, c'était pure folie. Elle était venue occuper ses pensées, pas noyer son chagrin dans l'alcool.

Alors que la jeune serveuse revenait avec un verre d'eau et un verre d'alcool, Lycia ne put empêcher ses yeux de glisser vers l'homme qui avait commandé cet autre verre. Il était au comptoir, lui aussi, et avait une mine d'enterrement, comme s'il venait d'enterrer père et mère. Elle remarqua alors que, lorsqu'elle était entrée, l'homme était déjà assis dans la taverne.

Vu son état, il ne devait pas en être à son premier verre. Sans savoir pourquoi... Lycia prit en pitié le jeune homme. Etait-ce à cause de son air triste et abattu? Ou bien tout simplement parce qu'elle se trouvait dans la même situation, ou presque? Quoiqu'il en soit, elle se leva et alla s'asseoir près de l'homme, sans lui demander la permission. Après tout, elle était censée être un homme, pas une femme pleine de compassion.

"Alors, que fêtes-tu pour boire comme un trou à cette heure de la journée?" Sa voix se voulait enjouée, mais le coeur n'y était pas. Elle devait avoir l'air pathétique mais qu'importe. Un peu de compagnie ne pouvait pas lui faire du mal. Et que risquait-elle, au pire ? Un refus ? Une invitation à aller voir ailleurs ? Cela ne l’effrayait guère.

Killak bu son quatrième verre d’alcool et vit l’inconnu s’asseoir à côté de lui, il lui répondit:

"Hé bien cela fait un an que mes parents on été massacré par la marine et je ne sais pas pourquoi pas."

Killak ce fichait de se confié à un inconnu, après tout il ne pouvait qu’en tirait un bénéfice, qui ne tentait rien n’avait rien, son regard était toujours le même, on ne pouvait y voir que de la tristesse. Il continua sa phrase après un long soupir.
"Et pour couronner le tout mon frère jumeaux qui enquêté avec moi sur leur mort, a disparut subitement et je ne peux pas me faire à l’idée qu’il soit mort."

Killak vida son cinquième verre que lui avait apporté entre temps la serveuse, il n’était pas très fière de son état, lui qui est d’habitude si joyeux, là il faisait pitié à voir, mais heureusement qu’il savait supporter l’alcool, il se demandait pourquoi la personne avait une mine aussi triste.

"Et vous pourquoi êtes vous abattu? On dirait que vous avez vu la mort elle-même."

Lycia fut quelque peu étonnée que son premier jugement soit le bon. Mais, elle le fut plus encore que ce soit à cause de cela. Après tout, les pères et les mères mourraient une jour, comme n'importe qui d'autre, c'était une chose inévitable pour les enfants. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi l'homme en faisait une telle histoire... Et d'autan plus si cela faisait plus d'un an qu'ils étaient décédés. Néanmoins, elle ne préféra rien dire, ne voulant pas paraître méchante ou sans coeur. Elle respectait sa douleur, même si elle ne la comprenait nullement.

Et puis... Voir ses parents mourir et les voir massacrés par des soldats, ce n'était pas vraiment la même chose. Elle se retient de poser une main compatissante sur le bras du jeune homme. Elle se sentait soudain très affreuse de ne pas ressentir plus de tristesse pour le sort de ses parents. Mais son esprit était bien trop embrumé par les derniers épisodes pour se soucier de quelque chose de bien plus concret.

"Je suis désolée pour vos parents et votre frère" finit-elle par dire, consciente de la platitude de ses propos.

Néanmoins, elle n'eut pas vraiment le temps d'y prêter attention, car le jeune homme lui posait une question. Pendant quelques secondes, elle le regarda, comme si elle n'avait pas compris ce qu'il venait de dire. Elle, abattue? Avoir vu la mort en face? Comment savait-il? Bah, il ne devait probablement ne rien savoir, comme elle auparavant. Juste un coup de chance, tout simplement.

"Vous ne croyez pas si bien dire, jeune homme. Je viens d'en voir des belles, il y a quelques jours, de celles que l'on oublie pas de sitôt. Et la mort... oui, je l'ai senti près de moi, m'effleurer la peau et emporter finalement certains de mes camarades. Un spectacle pas vraiment réjouissant."
Elle parlait comme si elle discutait simplement de la pluie et du beau temps. Son ton détaché finit par la mettre mal à l'aise. Comment cela se faisait-il qu'elle ne semblait rien ressentir? Elle trouvait ça étrange et... plutôt terrifiant.

Killak ne bougea pas ses yeux, il arrêta de boire son sixième verre ,paya la serveuse et finalement il tourna son regard vers le jeune homme assis à côté de lui.

"Je,… je suis désolé pour vos camarades, moi je me chagrine pour des événements qui on eu lieu il y a un an, je devrait faire mon deuil, mais mon frère et moi étions jumeaux, si il meurt, c’est une partie de moi qui meurt également."

L’espace d’un instant Killak eu envie de pleurer, il baissa la tête de honte et retenu ses larmes, c’était quelqu’un de très émotif pour un marin, cela dit ce n’était ni le courage, ni la dévotion, ni le savoir faire qui lui manqué au contraire. Il était moins triste depuis qu’il avait parlé au jeune homme, c’était bizarre ou tout simplement normal, il voulait tous simplement ouvrir son sac, sa faisait longtemps qu’il ne l’avait pas fait. Killak regarda le jeune homme et lui dit.

"Je ne pensait pas que sa me ferait autant de bien de me confier à un inconnu, je m’appel Killak Goddien, je suis heureux de faire votre connaissance."

Lycia regarda bêtement le jeune marin lui présenter ses "condoléances" pour ses camarades. La sensation de vide revint plus forte que jamais et un instant, sa vue se brouilla. Pourquoi? Pourquoi? semblait Demander son coeur à chaque battement. Oui, pourquoi n'arrivait-elle à ne rien ressentir? Pourquoi tout cela lui paraissait flou, vide de sens et totalement inutile? Cela commençait sérieusement à l'inquiéter, cette absence de tout sentiment.

Elle n'était pas du genre à ne rien sentir, oh ça non. Et, bien qu'elle n'était pas non plus du genre à pleurer toutes les cinq minutes, la perte d'un compagnon proche, ou le sentiment d'avoir échappé à la mort de peu lui faisait d'habitude quelque chose. Cette réaction était totalement... inattendue et perturbante. Que cela signifiait-il à la fin? Qu'elle était devenue une espèce d'automate, accomplissant sa tâche sans rien ressentir? Non, cela ne pouvait pas être possible. Sinon, pourquoi ressentait-elle un peu de tristesse pour ce pauvre jeune homme? Cela commençait sérieusement à l'agacer.

Jamais de sa vie elle n'avait autant voulu pouvoir pleurer, hurler ou exprimer ses sentiments. Mais elle n'y arrivait pas, elle ne pouvait rien faire, comme si elle était enfermée au fond d'elle-même, assistant, impuissante, à son changement. Elle se força à reprendre le cours de la conversation.

"Je comprends... Pour votre frère, je veux dire. J'ai moi-même des frères et, plus jeune, je sais que perdre l'un d'eux aurait été quelque chose d'insurmontable."
Voilà maintenant qu'elle se mettait à mentir. Certes, ce n'était pas un vrai mensonge mais... Cela ne lui plaisait pas vraiment.

Elle essaya une tentative de sourire, à la confession du jeune marin. Elle avait été toujours été gauche dans le rôle de la jeune soeur confidente. Alors, maintenant qu'elle jouait à l'homme, elle se sentait plus que mal à l'aise.

"Je suis..."
Infime moment d'hésitation. Un instant, elle ne sût que répondre. Lycia? Erik? Personne? Elle balaya ces pensées stupides d'un mouvement de la tête, comme si cela pouvait suffire à enlever les doutes de son esprit.
"Enchantée Killak, moi c'est Erik."

Elle lui tendit sa main, pour qu'ils échangent une poignée de main. Elle n'était pas friande de tels contacts avec les autres hommes mais, vu les circonstances, le jeune homme serait certainement ravi d’officialiser leur rencontre par un contact physique.

Killak serra sincèrement la main de Erik. Pourtant il ne pouvait s’empêché de se demandé pourquoi il lui avait dit « Enchantée » enfin c’était tout juste une faute de prononciation et sa ne le regardait nullement. Il éloigna sa main de celle de Erik une fois que celle-ci fut serrée.
Il avait retenu sur les paroles de sa nouvelle connaissances, la mort de ses camarades.

"Je sais que cela ne me regarde pas, mais j’aimerait bien savoir, vos camardes sont morts dans un combat n’est pas? Comment s’appelait votre adversaire?"

Killak ne savait rien du jeune homme, mise à part son nom et qu’il avait des frères, faire connaissance était une très bonne chose, il n’avait aucun amis après tout et hélas, il n’avait aucun renseignement sur le commanditaire du meurtre de ses parents, il savait peut être quelques choses.

Lycia fit une petite grimace lorsque le jeune marin lui demanda contre quoi elle s'était battu. Devait-elle tout lui raconter? Ou bien tout ceci était censé être top secret? Etrangement, elle n'en avait cure. Au fond d'elle même, elle sentait que parler lui ferait certainement du bien, lui permettrait de remettre ses idées en place et donc peut-être de perdre un peu cette froideur qu'elle paraissait avoir acquise dernièrement. Oui, parler était certainement une bonne chose. Elle ouvrit la bouche...

... Et la referma aussitôt. Parler, oui, mais pourquoi dire? Que raconter? La créature? Les trois équipages? De toute évidence, l'homme, ne faisant pas parti de l'équipage de Kanaw et n'étant certainement pas de la marine, devait peut-être être du côté des pirates. Et, dans ce cas là, ne risquait-elle pas de laisser filtrer quelques informations capitales? Encore une fois, elle chassa ses doutes. Tant pis si elle disait quelque chose qu'il ne fallait pas. Après tout, personne ne leur avait dit de garder cet épisode pour eux. Elle ouvrit de nouveau la bouche, et tenta de résumer au mieux leur aventure.

"Notre équipage avait accosté sur une île plutôt marécageuse, soit disant dans le but d'aller chasser une horrible créature. Notre capitaine organisa donc une petite expédition, dont je fis partie. Avec un autre homme, Kilian, nous allâmes donc rechercher des signes de vie de cette créature. A peine quelques dizaines de minutes plus tard, nous la vîmes foncer sur nous, comme surgit de nulle part.

D'un coup puissant de la mâchoire, elle tua mon compagnon et se dirigea à grande vitesse vers la place, me laissant indemne, à ma grande surprise. S'en suivit un combat des plus sanglants. Entre temps, deux navires nous avaient rejoins et c'est ainsi que, les trois équipages s'unirent pour vaincre cette créature tout sorite des enfers. La lutte fut longue, enragée, et certains perdirent la vie alors que d'autres furent simplement blessé.

Finalement, la créature mourut, submergé par le nombre et succombant à ses nombreuses blessures. Nous ramassâmes nos morts et nous rentrâmes, trop chamboulés par cet événement inattendu."

Lycia se tût, pas trop mécontente par son petit résumé. Certes, elle avait omis certains détails, comme leur rencontre avec cet étrange homme, mais l'essentiel était là. De toute façon, le reste, elle n'était pas certaine de l'avoir compris elle-même. Alors, pourquoi rajouter des détails peut-être totalement imaginés? Au moins, ce qu'elle avait raconté reflétait la vérité, et c'était le plus important.

Elle fit signe à la serveuse de lui apporter un autre verre d'eau, la gorge sèche par son petit résumé et attendit patiemment une réaction du jeune marin.

Killak, après avoir entendu le récit du jeune homme, lui tapota l’ épaule.

"Ha je vous comprends, sa ne sera pas facile tous les jours si vous étiez proche". Dit il d’un air rassurant, il retira aussitôt sa main pour appeler la serveuse en lui faisant comprendre qu’il lui fallait la même chose.

"Je n’en ai entendu que des rumeurs vagues à ce sujet, je suis partit longtemps à la recherche de mon frère et je vient de revenir en tant Mercenaire Pirate".

Killak ce dit qu’il n’était peut être pas un pirate comme lui, mais un corsaire, ou un homme de la marine, alors il se rattrapa après avoir bu une gorgée.

"Cependant je ne recherche rien ici, seulement la paix, je n’ai même pas encore vu ma capitaine c’est vous dire". Dit il avec un petit sourire, il ne voulait chercher la guerre entre lui, les corsaires, ou même la marines.

Lycia fut surprise par la petite tape amicale du jeune homme. Certes, ce n'était pas la première fois qu'un homme lui tapait ainsi dans le dos mais cette fois-ci c'était beaucoup plus... comment dire? Amical? Comme s'ils se connaissaient depuis très longtemps et qu'il lui signifiait son soutient par ce petit geste? Cela perturba quelque peu la jeune femme. Elle n'était pas vraiment habituée à ce genre de gestes amicaux. Néanmoins, encore une fois, elle ne broncha pas et ne se dégagea pas rapidement à la seconde où il la touchait. Après tout... Après tout, elle avait l'impression d'aller un peu mieux.

La phrase suivant du jeune marin lui confirma ses soupçons. Néanmoins, comme elle s'en doutait, cela ne lui fit ni chaud ni froid. Pour peu, elle aurait lancé un "Et, alors?" totalement désintéressé mais elle ne le fit pas. Etait-ce vraiment utile de se montrer désagréable maintenant? Non, au contraire, elle était ravie que le jeune homme s'ouvre un peu à elle, montrant ainsi qu'il n'avait pas grand-chose à cacher. Cela la rassura également. Au moins, elle savait qu'elle n'avait pas vraiment fait de bêtise en lui parlant du combat sur l'île.

Car, si elle avait bien compris, il avait parlé d'une capitaine, et justement, l'un des deux navires qui les avaient rejoint était commandé par une femme. Il y avait très peu de chance pour que cela soit quelqu'un d'autre.

"Ne t'inquiète donc pas, l'ami. Tout comme toi, je suis venue chercher entre ces murs un peu de calme et de repos. Loin de moi l'idée de provoquer une bagarre dans cette sympathique taverne. Et puis, j'aurais trop peur de te faire un peu trop mal ! Je m'en voudrais de devoir ensuite me battre contre l'équipage de ta capitaine, pour t'avoir un peu amoché !"
Lycia accompagna sa remarque d'un petit sourire, signifiant bien qu'elle rigolait et ne parlait pas sérieusement. Elle commençait à apprécier ce jeune homme, et serait vraiment déçue si ils devaient se quitter en si mauvais terme.

Killak ria, pour la première fois depuis longtemps et le plus important il avait enfin un ami, voir un confident. Il but son verre puis lui expliqua, sachant qu’il pouvait lui faire confiance son histoire.

"J’ai été élevé par mes parents, qui était des anciens de la marine, de redoutable guerrier, ma mère m’a enseigné les rudiment du combat éloigné et mon père c’est occupé de mon frère, le combat rapproché était plus son fort, nous étions très heureux de pouvoir apprendre le maniement des armes, d’apprendre la vie, mais un jour, des membres de la marine ont chargés notre manoir. Mon père est allez les combattre, tandis que mon frère ma mère et moi placions des pièges en tous genre dans notre foyer. Hélas, quand nous étions prêt à dire à mon père de fuir et de revenir, un homme lui à tiré une balle en pleine tête." Killak poussa un soupir et bu une gorgée d’eau, il reprit son histoire. "J’était fou de colère, il m’en faut beaucoup pour m’énerver, le piège fonctionna très bien, mais il restait des hommes, nous les tuâmes, mais ma mère reçu un coup mortel."

Puis il lui expliqua comment ils s’enfuirent et comment ils ont trouvé du travail.

"Mon frère s’occupé des basses besognes et moi je m’occupé de réunir des informations, nous formions une équipe parfaite, jusqu’à ce que six mois plus tard, plus de nouvelle, rien, il avait disparut, je l’ai cherché partout, mais rien."

Après que Killak eut vidé son sac, il se tourna vers son verre et le but, il donna de l’argent au patron et parla à nouveau à Erik.
"Sa me gêne de vouvoyez les gens, est que je peux vous dire tu? "

Lycia écouta avec intérêt l'histoire du jeune homme. Elle était très... touchante. Peut-être était-ce à cause de l'absence de cohésion qu'elle avait ressenti dans sa famille à elle. Certes, elle adorait son père et ses frères mais avec sa mère... c'était une tout autre affaire. Elle trouve son histoire très poignante, et cette fois, fut vraiment triste pour lui. Plus question de faire semblant avec les sentiments. Non, la tristesse lui enserrait vraiment le coeur. Son père à elle était mort, il était mort alors qu'il la protégeait contre sa mère. Et si c'était cette dernière qui.... Non, tout son être refusa à penser à cette hypothèse. Sa mère était dure, froide et sévère avec elle, mais elle ne la détestait pas. Elle se maudit pour avoir pensé une chose aussi horrible.

Elle fut si touchée par l'histoire du jeune homme que, cette fois-ci, elle ne pût s'empêcher de poser une main sur son bras, le serrant une fois puis la retirant, lui signifiant ainsi toute sa compassion.
*Pauvre petit gars, je comprends maintenant pourquoi il est si triste. Une telle mort... ce n'est pas le genre dont on en fait un deuil rapide.*

"Tu sais, je ne suis pas du genre optimiste mais, tant que tu n'as pas retrouvé le cadavre de ton frère, il peut toujours être en vie. Et puis, vous m'avez l'air plein de ressources. Je suis cer...tain, oui, totalement certain qu'il s'en est sorti mais qu'il ne peut pas encore te contacter. Ne perds pas espoir ! Quand à me tutoyer... Je t'en prie ! Cela sera moins formel ainsi."

Un instant, elle avait faillit se trahir. Oui, un instant elle avait faillit dévoiler sa véritable identité. Il n'était pas facile de parler de soi au masculin, et seul des années de pratique l’avaient empêché de se trahir lamentablement. Elle se maudit pour sa faiblesse. Comment pouvait-elle perdre ainsi le contrôle de soi-même?

Pour peu, elle allait commencer à regretter les quelques minutes auparavant où elle était incapable de ressentir la moindre émotion. Au moins, pendant cette période, il lui aurait été bien impossible de s'oublier ainsi !

" Merci pour ta compassions et également pour ton amitié, même si on ne se connaît que depuis quelques minutes, je n’ai que pour seul compagnie, mes armes à feu et ma rapière et parler m’a fait le plus grand bien, merci encore."

Il était sincère et souriant, jamais auparavant il n’avait sourit comme sa, même si cela ne lui regardait pas, il aurait aimé connaître un peu le passé de son ami, oui un ami, il avait confiance en lui.

" Je sais que cela ne me regarde pas mais, j’aimerait bien en savoir plus sur toi, tu pourrait me dire ce que tu fait dans la vie, ce genre de chose."

Lycia fit un geste vague de la main, lorsque Killak commença à le remercier. Après tout, si elle n'était pas douée pour réconforter quelqu'un, elle l'était encore moins pour recevoir les remerciements. Cela l'avait toujours mis mal à l'aise, à part quand ils étaient vraiment mérités. Et ceux là ne l'était pas vraiment. Certes, cela la touchait mais... Mieux valait en finir le plus vite possible.

La conversation prit un tour inattendu. *Lui raconter ma vie?* pensa Lycia, soudain affolée. Jamais elle n'aurait pu penser qu'on en arriverait à ce point là. Mais, après tout, cela fait pas mal de temps qu'elle n'avait pas eu une conversation sérieuse et... elle aurait dû s'en douter. Oui, elle aurait dû ! Mais elle était dans un tel état qu'elle n'avait pas fait attention. Oui, encore une fois, elle avait été imprudente. Et maintenant, elle le payait le prix fort. Alors que faire? Prétexter une urgence et s'enfuir au courant? Inventer un mensonge? Non, aucun de deux solutions n'étaient la bonne.

Si elle choisissait la première, elle allait certainement de faire plus d'un ennemi, ce qui n'était pas vraiment le moment. Par contre, si elle choisissait la seconde option, elle risquait simplement de se ridiculiser par la suite, lorsque une partie de la vérité serait découverte. Et, à ce moment, ne serait-il pas trop tard?

Non, mieux valait-il encore dire la vérité... Dans une certaine mesure, bien évidemment. *Reste vague !* s'ordonna-t-elle, soudain pleinement consciente qu'un seul faux pas signerait certainement son arrêt de mort, au sens propre comme au figuré.

"Mon père était pêcheur. J'ai grandi aux côtés de mes trois frères aînés. Ma mère ne m'appréciait pas beaucoup, où le montrait très peu. Je suppose que, après trois garçons, elle aurait préféré avoir une fille. Malgré cela, j'ai eu une enfance plutôt facile. Je sortais souvent avec mon père en mer, j'adorais ça. Et puis, cela me permettait de fuir ma mère..."

*Bon, pour le moment, je ne m'en sors pas trop mal et c'est loin d'être un gros mensonge* s'encouragea-t-elle. Et elle en avait besoin.

Elle se força à continuer :
"Un beau jour, j'ai eu envie de vivre quelque chose de nouveau, de goûter à la nouveauté. Je suis donc partie de chez moi et je me suis promené d'ici, de là. J'ai appris à manier l'épée, enfin une espèce de sabre, puis j'ai décidé de m'embarquer sur un navire, à la mémoire de mon père qui décéda alors que j'étais loin de chez moi."

Lycia marqua une pause, puis lâcha :
"Voilà, il n'y a pas grand chose d'autres à dire."
Au moins, elle était restée plutôt vague, et rien ne risquait de la trahir, ce qui était le plus important à ses yeux. De plus, elle avait très peu menti, changeant des détails pour que son histoire sonne mieux, mais guère plus. Elle était plutôt fière d'elle-même.

Killak fut plutôt triste pour Erik, après tout il n’a fait que ce plaindre tout le temps depuis leur rencontre, mais elle avait l’air d’avoir fait le deuil de son père, elle en avait dit peut mais cela suffisait à Killak, après tout il en avait déjà demandé trop à son jeune ami. Il commanda un autre verre d’eau, il n’était plus du tout ivre, ou plutôt sa tête ne tournait plus, et il était tellement absorbé par sa tristesse et par la rencontre avec Erik, qu’il en oublia l’heure sa faisait maintenant deux heures qu’il était là et plus ou moins une demi-heure à parlé au jeune homme.

"Erik, je suis désolé pour ton père, j’espère que je n’ai pas fait ressurgir les fantômes de ton passé, quoi qu’il en soit, il faut que j’y aille, ma Capitaine m’attends depuis une heure et je doit encore me faire le chemin en chaloupe ."

Il serra la main de Erik et lui dit.

"J’ai été très content de te rencontrer, j’espère que nos chemins ce rencontreront à nouveau, je serait souvent dans cette taverne quand je ne serait pas en mission."

Il s’en alla, et fit un geste de salut à Erik.

Lycia regarda le jeune Killak partir, et lui adressa un rapide signe de la main :
"Au revoir cher ami, j'espère moi aussi que nous nous recroiserons !" lui lança-t-elle avant qu'il ne sorte de la taverne, disparaissant à sa vue.

Et voilà, elle se retrouvait à présent seule, comme à son habitude. Déjà, les détails de cette rencontre commençaient à s'estomper et, au bout de quelques minutes, elle se demanda si elle n'avait finalement pas rêvé de cet homme, de cette discussion. Après tout, cela était fort possible. Elle était dans un tel état en ce moment que cela ne l'aurait pas surprise de savoir qu'en fait, son cerveau avait tout imaginé de A à Z.

Néanmoins, les preuves étaient là, et elle n'avait qu'à questionner la jeune serveuse pour s'assurer la réalité de la rencontre. Et elle n'avait pas vraiment envie de passer pour une idiote. Elle commanda donc une autre bière, et resta encore plusieurs minutes assise au bar. Les clients commençaient à arriver, et la taverne serait bientôt remplie, comme d'habitude.

Lycia n'avait guère envie de s'attarder dans le coin, mais elle n'avait pas non plus envie de le quitter tout de suite. Elle ne savait pas ce qui l'attendait dehors, et n'était pas vraiment pressée de le savoir. Sirotant sa bière, elle commença à détailler la salle et ses occupants. Peut-être qu'une partie de dé commencerait bientôt, ou alors retrouverait-elle quelques membres de son équipage, pour discuter. Certes, elle n'était proche d'aucun des marins du navire de Kanaw mais elle n'avait pas très envie de rester seule ce soir.

Un peu de compagnie, n'importe quelle compagnie était préférable à une nuit solitaire.

Dire qu'Enrik n'avait pas jeté, de temps à autres, des coups d'oeil aux deux hommes qui parlaient près de lui, c'était mentir. C'était le voir comme moins intéressé par son rôle qu'il ne l'était. Tout ce qu'il se passait d'intéressant, ici, était enregistré par le tavernier... du moins, tout ce qu'il pouvait entendre.

Il rangeait les verres, et les boissons, en préparant tout ce que lui disaient les serveuses. Des braves filles. Enrik déplaça son regard sur les gens qui entraien,t il servait ce qu'on lui commandait directement au bar, tenait quelques conversations, gardait un oeil sur tout le monde.

Et puis, il se dit que les deux types, là, qui discutaient depuis un moment, avaient quelque chose d'intriguant. D'intéressant. Il entendit parler, ou plus exactement un résumé, de ce qu'il savait être le combat contre Tianh. Pour l'instant, cela tenait encore de la rumeur, plus que de faits avérés et acceptés par tout le monde. Mais il savait que Tianh avait été battu au court d'un combat brouillon, mais épique, et que les Corsaires avaient eu un rôle à jouer. Que voulez-vous, il avait un lien avec Kanaw Llyr...

Et l'un des deux types était plus qu'une lettre écrite en peu de temps par le Capitaine, mise dans un tas de lettres de condoléances qu'il dût lire à quelques femmes. Une mine d'informations... un témoin en or, qui lui permettrait d'avoir un peu plus de détails.

Enrik faussa compagnie à un client qui portait plus d'intérêt à une serveuse qu'à l'aubergiste, et posa une choppe de bière à côté du garçon qui était demeuré dans l'auberge. Par chance, c'était celui qui avait parlé du combat contre Tianh.

-J'ai eu des échos de la mort de Tianh, il paraît que c'était l'une des plus belles morts qu'un homme aurait pu voir...

Lycia n'eût pas à attendre longtemps avant que sa solitude ne soit interrompue.

Elle regarda sans réagir le tavernier s'approcher d'elle. Peut-être avait-il juste envie de lui dire d'aller chercher un autre endroit pour boise, même si cela était peu probable. Un tavernier, qui chasse ses clients? Non, vraiment, impensable. Elle se remémora les dernières minutes qui venait de s’écouler, assise au comptoir, mais elle n'arriva pas à se souvenir d'avoir agit d'une quelconque manière qui aurait pu déplaire au propriétaire. Pas du tout inquiète, elle attendit qu'il vienne se poser à côté d'elle.
En tout cas, elle s'attendait à tout sauf à cela.

Elle le regarda sans comprendre, le fixant bêtement, comme s'il venait s'adresser à elle dans une autre langue. Tianh? Qui était-ce? Ne s'était-il pas tromper de personne? Elle avait beau fouillé dans sa mémoire, ce nom ne lui disait absolument rien.

"Excusez-moi, M'sieur, mais j'vois pas de quoi vous parlez..." finit-elle par répondre, après avoir avalée un gorgé du liquide se trouvant dans la choppe.

Et puis... Oui, bien sûr ! Le monstre ! Comment n'y avait-elle pas pensé plus tôt? Elle trouva néanmoins étrange que le tavernier connaisse le nom du monstre, alors que quelques instants auparavant, elle l'ignorait encore.
"Hum... Vous voulez peut-être parler de ce monstre que nous avons tué, dernièrement? Cette chose étrange, survie de nulle part, et qui a ôté à la vie à l'un de mes compagnons?"

Elle posa son regard vide sur lui, mais sans rien attendre de sa part. Devait-elle le questionner sur ses connaissances? Il était en tout cas trop tard pour prétendre qu'elle ne savait rien à son propos. Elle but une autre gorgée, puis décida de rester dans le vague :
"Oui, ce fut une mort spectaculaire. Mais peut-être était-ce juste dût au caractère exceptionnel de la créature."

Après tout, et encore une fois, elle n'avait pas vraiment envie de donner des détails trop précis sur le massacre. Si elle délivrait des informations importantes sans s'en rendre compte... son capitaine risquait de lui tomber sur le dos. Et cette perspective était peu réjouissante, après ce qu'elle avait pu voir de lui.

[HRP : Désolée pour l'attente ^^']

Enrik esquissa un sourire amusé. Apparemment, il s'était trompé sur ses suppositions. L'être face à lui ne connaissait absolument pas le monstre dont il parlait. Donc, le combat dont il avait entendu des bribes de descriptions n'était pas celui sur lequel il cherchait des informations.

Et puis, finalement, le Corsaire face à lui put lui donner raison, et l'intéresser de nouveau. Il vieil homme passa une main dans ses cheveux gris, puis posa son regard sur celui qui lui faisait face. Il ne savait pas combien de personnes étaient mortes, face à ce monstre, mais son client avait perdu un "ami"... enfin, quelque chose dans le genre, quelque chose qu'on n'aimait pas perdre aussi simplement.

Enrik acquiesça d'un signe de tête. Oui, c'était de ce monstre qu'il parlait. C'était cette bataille qu'il voulait connaître, et cette victoire qu'il voulait comprendre. Parce que le Capitaine des Corsaires n'était pas franchement quelqu'un de très clair dans tous ses propos, et que, parfois, on sentait vibrer une sorte de folie même dans les mots qu'il adressait sur le papier.

Peut-être eut-il le droit à une information, ou tout de moins à une supposition, bien plus alléchante que ce à quoi il s'attendait. Son oeil encore vif brilla doucement, ses mains usées par les combats et le temps se posèrent sur le comptoir, et il sourit, de nouveau.

-Oui, le Croc Noir m'a dit qu'il s'appelait Tianh, sur les papiers.

En une phrase, il pouvait, peut-être, délier la langue de cet inconnu. Généralement, les gens qui étaient aux ordres de Kanaw le craignaient un peu, mais, quand ils savaient que le tenancier du Vieux Loup savait des choses sur leur Capitaine, ils se montraient moins suspicieux. Ou pire, s'ils étaient un tant soit peu sur leurs gardes.

-Un caractère exceptionnel, vous dites ? Cette créature avait-elle quelque chose d'humain ?

Lycia haussa les épaules à la question de l'homme. Il avait eu beau mentionné le Croc Noir, c'est-à-dire Kanaw, son capitaine, elle ne lui faisait pas plus confiance pour autant. Beaucoup de gens connaissaient le surnom du capitaine, et la plupart ne le connaissaient pas personnellement. Néanmoins, elle avait entendu des rumeurs comme quoi cet homme connaissait peut-être bien plus qu'il ne le laissait paraître le capitaine des corsaires. Quoiqu'il en soit, Lycia n'allait pas jouer à la bavarde.

"Quelque chose d'humain... Oui, on peut le dire ainsi, si on occulte sa taille démesurée et sa force proportionnelle. Bref, pas le genre d'homme à faire ami-ami avec, si vous voyez ce que je veux dire."
Elle ponctua sa phrase d'une gorgée de liquide, et sembla se désintéresser de l'homme, trouvant soudain le grain du bois vraiment stupéfiant. Elle resta de longues secondes à l'admirer, avant de tourner de nouveau son regard vers l'homme.

D'une voix totalement neutre, elle lui demanda :
"Puis-je savoir pourquoi vous cherchez des renseignements sur cette créature?"
Non pas que cela la dérangeait, ou qu'elle tenait absolument à savoir la réponse. Mais c'était quand même étonnant que le tavernier, s'il possédait les contacts que la rumeur prétendait, vienne s'adresser à un simple matelot plutôt qu'au capitaine lui-même. Sans être louche, ce comportement méritait quelques éclaircissements.

Réprimant une grimace, Lycia sentit venir un début de mal de tête. Elle trouva cela étrange, d'autant plus qu'elle n'avait pas bu énormément de vin. Et comme elle tenait plutôt bien l'alcool, c'était encore plus étrange. Elle espéra que l'entrevue ne s'éterniserait pas trop, afin de profiter de quelques heures de repos, avant que le mal de tête ne se transforme en une atroce migraine.

Enrik laissa passer un silence, respectant les paroles du jeune homme en face de lui. Il y avait quelque chose d'attentif, avec cet homme, qui poussait souvent les gens à lui parler. Du moins, il était certain qu'il n'avait aucun problème pour soutirer des informations à ceux qui avaient bu un peu, et qui n'étaient pas sur leurs gardes.

Son unique oeil surveillait les faits et gestes de son interlocuteur. par habitude, probablement. Parce qu'il n'avait pas forcément confiance en tous ceux qui venaient lui parler. Et plus encore, parce qu'il n'était pas en mesure de se défendre, si on le prenait pas surprise. Dès lors, il demeurait sur ses gardes, toujours, pour ne pas être acculé. Il devait avoir été un fier navigateur, avant de devenir tavernier.

La réponse du garçon face à lui le laissa un instant perplexe. Il ne répondit pas tout de suite. il était vrai que d'après la description physique de Tianh, il n'avait pas grand chose d'humain, mais il voulait comprendre quelque chose, au sujet de sa façon d'être. Quelque chose de plus que ce qu'il savait déjà.

-Je me pose quelques questions à son sujet. Voyez-vous, je ne peux pas combattre les monstres, mais s'il en apparaît d'autres, autant comprendre pourquoi ils viennent parmi nous.

Il était franc, du moins, il en avait l'air.

-Donc je voulais savoir à quel point Tianh était comparable à un homme.

Il servit un verre à un autre client qui s'était présenté, non loin de lui, et sourit de nouveau.

-Nous devrions éviter de rester trop passifs, avec cette histoire de monstres.

Une critique au grand chef des Corsaires s'était-elle glissée dans ses paroles ? Oui, probablement. Il pensait certainement que ce n'était pas le moment de faire le bouffon à la Cour, qu'il valait mieux s'occuper de la chasse aux monstres. Seulement voilà, ce n'était pas à lui de décider ce genre de choses.