[C2] Le campement des Rebelles

Dans les terres, un petit village sert de campement aux Rebelles, avec pour base l'auberge où travaille Hugue Bloëd. Les lieux sont peuplés par les Pirates, au bord d'un cours d'eau, non loin d'une de ces forêts si caractéristiques de cette île.

Quand Tegarw descendait une colline en courant, cela donnait presque l'impression qu'il battait la terre sous ses pas, au point de la meurtrir. On l'aurait presque entendue, cette pauvre terre, pleurer les coups qu'elle recevait. Mais il n'en avait rien à faire. A cet instant précis, cela lui passait bien au-dessus de la tête. De toutes manières, jamais le sol de l'avait plus intéressé que cela, sinon, peut-être qu'il ne l'aurait pas tant rougit de sang.

Cela faisait un moment qu'il courait, à la même vitesse grâce à sa formidable endurance, dans son armure massive que peu de monde aurait su porter. Cela faisait un moment qu'il se pressait, pour rejoindre le quartier général. Les jeunes, comme il le disait, devaient savoir ce qu'il avait vu. Alors Tegarw avait laissé ceux qui patrouillaient à ses côtés dans les terres, puis s'était mis à traverser la distance nécessaire au pas de course. L'ancien soldat avait rejoint son but après plus d'une heure de course en armure... sans style, certes - vous avez déjà vu un ours courir debout, vous ? - mais efficacement.

Les belles campagnes d’Aobénite défilaient sous ses yeux… enfin, c’était surtout les forêts qu’il voyait, calmes, changées sous les mains des hommes, pour devenir plus ordonnées qu’elles n’auraient du l’être. Il sauta au-dessus d’un court d’eau, pour atterrir dans un tintement d’armure. Il se redressa, puis reprit sa course, de plus en plus déterminé. C’était à se demander si son endurance et sa force avaient une fin, s’il pouvait un jour s’arrêter, et ressentir la fatigue… et non, il n’était pas entraîné pour faiblir, depuis toujours il faisait en sorte d’être une arme mouvante, bien plus dangereux qu’une lame.

Le village fut visible, les rues traversées en vitesse, deux trois personnes bousculées. Là, l’auberge…

Et bam, il ouvrit la porte avec probablement plus de force qu'il n'en fallait, faisant sursauter quelques personnes. Il se baissa quelque peu pour passer l’entrée.

-Les pavillons des Corsaires et de la Marine sont visibles !

Les regards de presque tout le monde étaient posés sur lui.

-C'est l'Roi ! Il a décidé de nous envoyer ses chiens. Préparez-vous à faire couler du sang dans les prochains jours, beaucoup de sang, les gars !

Bon, ses sourcils se froncèrent enfin, pour observer les gens présents dans la salle. Et pour entendre les avis de ses proches sur ce qu'il venait de dire, un peu essoufflé.

C'était une journée bien calme qui avait commencé ce matin, le train train quotidien, les gens râlant encore et toujours, les ouvriers venant prendre une bière à la pause, et le serveur flottant dans la marée incessante de client qui n'était, comme tout les jours, pas très haute tant que le soleil lui faisait resplendir ses rayons au travers des carreaux.
Sauf que lorsque les premiers habitués commencèrent à affluer, que dans la salle derrière les gens s'amassait pour une raison moins politiquement correcte, la porte s'ouvrit avec fracas le coucher de soleil laissant rayonner l'armure du Tank comme il l'appelait.
Il? C'était Hugues Bloëd le serveur de la taverne, le recruteur de la rébellion aussi, celui qui avait conclut tant bien que mal un pacte avec la sanguinaire Erwana, le Balais, le Manche et autres surnoms qu'on pouvait lui donner, il restait néanmoins un des membres clé de la Résistance.
Le Tank? Tegarw Aelhaearn, bras armé de la Résistance c'est grâce à lui que tout à débuté, que le rêve est devenu une réalité, une réalité tellement dangereuse que le voilà à annoncer la venue des représailles, et quelles représailles mes amis! La Marine -ce qui était prévisible avouons-le- et les Corsaires!
Tant de monde pour eux, c'était presque trop d'honneur pour leurs modestes entreprise. C'était surtout très fâcheux, déjà qu'ils avaient du s'allier contre leurs gré à ses chiens de pirates, ils étaient maintenant à la merci de non pas un mais deux de leurs adversaires directes.
Et cela sans qu'ils aient pu toucher à un cheveux du roi... Hugues jura intérieurement mais vint tranquillement vers l'ancien militaire en arborant son habituel sourire et en lui disant de sa voix, voix qu'on appréciait entendre mais qu'on oubliait presque aussitôt qu'il avait fermé la bouche, ne sachant pas exactement son timbre de voix, mais n'oubliant jamais les mots que... Qui déjà avait prononcé?

Ohlà mon gros nounours du calme, passe dans l'arrière salle veux-tu? On ne va pas effrayer les clients alors que c'est presque l'heure de pointe!

Sur ses mots il passa un bras dans le dos de son armure et l'amena tranquillement vers la porte de l'arrière salle en disant l'air de découvrir un miracle.

Mais c'est que tu à l'air à bout de souffle! Allez vient te reposer derrière j'ai ta boisson préférée en fut, je vais la mettre en perce!

Mais une fois de l'autre côté de la porte, il soupira en se plaçant directement face à Tegarw et en le scrutant de ses yeux bleu cyan avec un air qui n'avait plus rien de candide et qui aurait pu choquer bon nombre de ceux qu'il appelait ses "meilleurs clients", et il demanda d'une voix toujours aussi légère mais dont l'intonation grave restait pénétrante.

Alors qu'à tu vu? Ils s'y sont mis à combien de navires? Ne me dit pas que ce sont des capitaines de grande envergure! Comment croit-tu qu'ils nous prennent tant au sérieux?

L’heure était venue. Plus vite qu’il n’aurait pu le penser. Au fond, était-il véritablement prêt à entrer dans un conflit d’une telle importance ? Si Clive avait pu se douter, au début de sa haine formée à l’égard du Roi et des trois puissances, qu’il en arriverait si vite à être cible de leur colère à tous, il se serait probablement ravisé.

Clive n’aimait pas la foule. Pas qu’il détestait les gens en général, mais disons qu’il se passait volontiers de leur compagnie. Et là, son nom était tellement populaire que ça lui aurait presque donné des boutons. Sa tête mise à prix… Cela dit, cela devait arriver un jour ou l’autre. Les rebelles ne sont pas forcément appréciés dans un système monarchique. Nulle part, d’ailleurs, qu’ils sont appréciés.

Et bien… Si le conflit venait à lui, Clive ne ferait pas marche arrière. Après tout, n’était-ce pas dans ses ambitions les plus sincères que de prouver au régent et à toute sa clique de malheur, qu’ils n’étaient pas si puissants que ça ? Certes, il était un peu jeune. Il était assez inexpérimenté en ce qui concernait les stratégies à établir. Mais, chose curieuse et jusqu’à ce jour incomprise, il avait la tête d’un leader. Soit… Il ferait avec.

Mais pour l’heure, il fallait rejoindre les deux autres hommes qui, à son égal, voyaient leur tête mise à prix : Tegarw et Hugue. Un soldat dont la réputation n’était plus à faire et un aubergiste qui devait probablement être renseigné sur tout ce qui se passait dans le monde, ce n’était pas à négliger en les circonstances.

Clive n’était plus maintenant qu’à quelques pas du campement des rebelles. Il tenait dans sa main une lettre. Son sceau de cire rouge sang était déjà coupé. Une bonne nouvelle dans ce papier ? Peut-être, mais en tout cas le visage de Clive ne semblait pas être réjouit pour autant. En fait, difficile de véritablement déterminer ce qu’il pouvait ressentir. La colère ? Non… L’inquiétude ? Mmh, ça s’en rapprochait, mais de l’inquiétude non pas peureuse, mais plus méfiante.

Et le voilà qui arrivait alors. Il voyait se dessiner l’auberge tenue par Hugue Bloëd qui n’était maintenant plus qu’à une cinquantaine de mètres. Son regard restait fixé sur cette petite résidence, bien qu’il sentait se poser sur lui le regard des éventuels gens qui le croisaient alors. Il ne les laisserait pas sentir le trouble qui l’habitait alors de plus en plus. Une espèce de fierté mal placée, d’être connu ainsi, même s’il n’aurait jamais accepté ça auparavant.

Et il poussa bientôt la porte. Alors qu’il rentrait doucement, il vit Hugue emmener Tegarw dans l’arrière salle. Sans un mot prononcer, il les suivit alors, en posant alors sur une petite table la lettre qu’il ouvrit. Outre le petit texte, il y avait en bas de page la signature et le sceau d’Erwana Llyr, confirmant une alliance inévitable mais solide, tant qu’on restait conforme aux ordres de la Capitaine des Pirates.

-Mes amis… Cela ne sera pas de tout repos.

Dit-il alors simplement, en s’appuyant contre un des murs et croisant les bras, regardant alors les deux hommes déjà présents dans la petite pièce. Cette promesse de pacte avec Erwana Llyr, même si elle était indispensable pour un espoir de réussite face à la guerre qui se préparait contre eux, était également une épée de Damoclès au-dessus de leur tête.

[HRP : visiblement, il y a un détail qui n'a pas été compris : les Pirates, d'après le scénario, sont déjà alliés aux Rebelles - et c'est su depuis quelques temps par tout le monde - .]

Tegarw soupira, décidément, la situation ne lui plaisait pas. Il n'était pas loin de paniquer, pas loin de prendre ses armes, pour aller à la rencontre de ces bateaux. Sauf que seul, il ne pouvait pas faire grand chose contre tout un équipage. Et il ne savait pas nager. L'eau, c'était pas son truc.

Hugue vint derrière lui, le poussa légèrement, pour qu'il passe dans l'arrière-salle. Docile, le combattant avança en baissant la tête pour éviter de se cogner, puis se tourna vers Hugue... et Clive, qui les avait suivis. Ne faisant pas plus attention que cela à ce que venait de dire le meneur d'hommes, il frappa d'un grand geste contre le mur le plus proche, et grogna.

-J'ai vu environ quatre bateaux arriver... d'ici demain, ils auront probablement accosté. Et ils portent les pavillons des Pirates et de la Marine. Le plus proche est effectivement celui que je connais comme le bateau du Capitaine Corsaire. Le dessin du pavillon est suffisamment ridicule pour qu'on le reconnaisse de loin.

Il croisa ses bras immenses, ressemblant désormais à un roc pensif, planté là par hasard, mais prêt à débouler à la première colline sur lequel on le poserait. Il était prêt à se battre, mais ne savait pas si c'était le cas pour chaque personne ici présente.

-Le Roi ne fait pas dans la demi-mesure, quand il est énervé. Et pas mal de rumeurs disent que sa première héritière est morte. Ca fait suffisamment pour un type capricieux, quand il veut justifier ses guerres. Et puis à sa place, j'avoue que je ferais cramer les épines que je trouve dans mon pied. Et si je les surestime, je m'en tape, vaut mieux ça que de se faire surprendre.

Ses yeux se posèrent sur Clive, et sur sa lettre. Il le fixa un court instant, sans savoir quoi dire réellement, puis soupira. Une mauvaise nouvelle ne venait jamais seule.

-Qu'est-ce qu'il se passe, Clive ?

Une profonde inspiration… Le grand air de la mer qui doucement quittait ses humbles narines, car ils arrivaient à proximité d’Aobénite. Deux semaines s’étaient écoulées depuis leur départ de Riothamus. Deux semaines qui ne furent pas vaines à ses yeux car elle en avait profité pour prévenir ses Pirates face au danger qui les guettaient, les motivant ainsi à un peu plus de prouesse au combat.

Au fil des jours, elle en faisait de véritables armes de guerre, sans doute pour compenser le déplorable échec que constituait à ses yeux la lutte contre Tianh.
Tant de couardise… Elle avait vu l’honneur des Pirates bafoué en un seul combat. Des lâches. C’était à se demander pourquoi ils avaient choisi la voie de la piraterie… Simplement parce qu’elle était la seule accessible à leurs yeux sans faire aucun effort ? Mais Erwana Llyr n’était pas un Capitaine de barque de plaisance. Elle était la Capitaine d’un navire au moins autant redouté que les plus valeureux de la Marine ou des Corsaires.

Elle n’aurait su l’expliquer mais depuis quelques jours, le sourire restait suspendu à ses lèvres. Peut-être la perspective d’une bataille qui s’annonçait épique, peut-être la satisfaction d’être suffisamment renommée pour qu’on veuille s’allier à elle, peut-être parce que le pouvoir qu’elle représentait pour les autres lui semblait d’un coup encore plus grandi… Oh oui, il y avait certainement de ça. Et même… Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas vu son frère… C’était peut-être ça. D’ailleurs, elle était presque sobre ces temps-ci. Presque, parce que vu tout l’alcool qu’elle avait déjà dans le sang, la sobriété lui était sans doute à jamais impossible.

Et on la voyait désormais. L’île, se profiler déjà, et avec elle cet amas d’arbres, de sapins, de végétaux en tous genres. Une île recouverte d’un voile vert, qui la différenciait indubitablement de l’île estivale de Riothamus, dominée en grande part par les étendues désertiques et sableuses. La Capitaine se perdit un moment dans la contemplation de ces plantes en surnombre, avant de se redresser du pont où elle était appuyée. Elle reprit la barre et appela ses matelots :

-Jetez l’ancre, messieurs ! Nous sommes arrivés à destination.

Ordre fut donné, les matelots chargés de l’amarrage jetèrent l’ancre à l’eau, qui alla se loger entre des grosses pierres et un amas de sable, au fond de l’eau. On fit descendre les barques et Erwana, ainsi qu’une partie des pirates, arrivèrent sur la terre ferme de l’île.

Dirigeant bien évidemment l’expédition, il ne fallut pas longtemps à Erwana Llyr pour trouver le lieu du campement des Rebelles. Pourtant, incroyablement sereine, elle n’hésitait pas à se complaire dans l’admiration de l’île, comme si elle était là en visite de courtoisie. Une guerre se profilait, une lutte terrible entre les puissances, et pourtant rien n’arrivait à ôter à Erwana son sourire. Il semblait même moins sadique que d’ordinaire. On en était à un point tel qu’il aurait même pu la rendre… charmante. Vraiment, elle était d’excellente humeur. Et rien ne semblait à même de l’inquiéter ou de détruire ses défenses psychologiques.

A l’approche du campement, pourtant, quelque chose changea. Dans sa démarche, et dans le regard qu’elle avait pour observer les alentours. Plus de hauteur, d’arrogance, comme toujours. Consciente de sa force et de son pouvoir, avec un ego démesuré, Erwana Llyr jubilait du regard craintif et admiratif qu’avaient les gens qui la croisaient. Oui, elle sentait que même si elle constituait un danger public numéro un, les gens étaient comme… impressionnés. Enfin, c’est ce qu’elle voyait.
Elle poussa la porte de l’auberge de Hugue. D’un geste qui ne trompait pas. Un animal féroce faisait son entrée dans la savane, féroce et dangereux.

-Annoncez ma présence.

Dira-t-elle bientôt, sans fixer quelqu’un de particulier. Comme un maître ordonnerait à un esclave, sans même daigner le regarder. Juste parce que avec Erwana, il fallait avoir de la prestance. Il fallait que l’on sente le dédain à des kilomètres quand elle marchait. Enfin, pour ça, il n’y avait aucun problème, elle était très douée.

Tirant véritablement un tonneau comme il l'avait dit un peu plus tôt il s'en servit en réalité comme siège tout en continuant à fixer Tegarw d'un air qui avait le paradoxe de mêler la tristesse de devoir en arriver là à la farouche exaltation d'enfin marquer le monde d'une emprunte distincte, que leurs combats n'étaient pas vain.
La preuve la plus évidente était ces quatre bateaux qui venaient à leurs rencontre, vers ce nœud du destin où maintes choses allaient se régler.
Son habituel sourire troqué contre une mine triste, sérieuse et attentive assis sur son tonneau, appuyé sur son fidèle balais, il n'avait dit mot tandis que Clive entrait et que l'homme d'arme, qui semblait passablement sur les nerfs et prêt à bondir à la moindre occasion pour étriper quelqu'un, leur parla du Roi et de son récent tragique évènement qui pouvait justifier cette soudaine "guerre" contre eux.
En réalité il voulait surement écraser les insectes qu'ils étaient afin de se défouler à défaut de se consoler en tout cas c'était ainsi que le dépeignait l'espèce de boite de conserve ambulante qui leurs avait inculqué son savoir militaire.
Lorsqu'il eut finit et s'adressa à Clive pour lui demander ce qu'il se passait, alors seulement Hugue sembla s'intéresser à l'icône qui les guidait.
A eux trois ils formaient un trio on ne peut plus improbable mais qui était capable de soulever une population entière, Clive et son charisme, Tegarw et sa rage, sa volonté de briser ses anciennes chaines ainsi que sa science des armes et Hugue... C'est lui qui était chargé des informations, après tout pourquoi pas? Il entendait tout et n'importe quoi dans son établissement!
D'ailleurs en parlant d'information quelqu'un toqua doucement à la porte non loin d'eux, celle qui communiquait avec la salle principale de son établissement et où ses clients profitaient de boissons alcoolisées.
Alors il se leva, esquiva habilement ses deux confrères et alla entrouvrir la porte, une personne que les deux autres ne voyaient pas mais que Hugue reconnaissait comme un des éclaireurs ayant été posté sur une plage, il avait beau être borgne il avait une bonne vue et lui chuchota quelques mots, assez bas pour que seul le chargé au renseignements puisse entendre quelque chose de cette voix très marquée par un étrange accent.

"Les pi'ates iviennent eudéba'quer et leu' chef ben elle 'amene ses fesses pa' là"

Puis sur un geste au guetteur de reprendre la place qu'il occupait avant la porte se referma et le serveur se retourna lentement pour regarder ses deux compagnons avec une mine livide mais résolue.
On était loin de son ton désinvolte et léger qu'il avait habituellement, ses mains serraient toujours ce même balais, sa chemise laissant voir ses cicatrices peut être un peu plus que d'habitude, on était aussi loin du flot incroyable de paroles strictement sans aucun intérêts qu'il pouvait lâcher lorsqu'il était en forme, non lorsqu'il se décida à oser desceller ses lèvres il ne put qu'articuler d'une voix assez mal assurée...

Mes amis... Je crois bien qu'Elle est arrivée.

Deux semaines bénites. Un temps favorables à la navigation, des eaux turquoises, aucun malade et un entrainement intensif. Shalimar se sentait bien. La vie sur le navire lui remontait le moral et chassait ses idées noires. Bien qu'elle soit toujours froide et distante avec les hommes, il lui arrivait de s'amuser, chanter et blaguer avec certains membres de l'équipage, dont Kyra. Leur capitaine ne les ménageait pas. Il faut dire qu'avec leur cuisant échec il y avait de quoi être remonté. Tout les jours, ils s'entrainaient au combat, aux exercices de réflexes. Si certains marins se blessaient durant l'entrainement, elle ne soignait que les profondes coupures et les blessures graves. Tout ceux qui avaient des petits bobos se les gardaient. Ainsi ils pouvaient se rappeler de leur erreur, entrainer leur corps à se soigner seul et apprendre à supporter la douleur. Erwana ne lui pardonnerait pas si elle transformait ses marins en chiffe-molle ou donzelle.

Elle leur avait annoncé le but de cette aventure: une bataille. Pirate et rebelle contre Marine et corsaire. Cette bataille en perspective la réchauffa mieux qu'un bol de soupe. Enfin un moyen de prendre leur revanche. Un moyen de plus pour enrager le roi. Et un moyen pour que Shali puisse se venger sur son passé. Si son père en faisait parti des commandants présents,elle aurait le plaisir de le tuer en personne. Elle en rêvait depuis qu'elle avait quitté son village, pour tout le mal qui lui avait fait.

Erwana ordonna de jeter l'ancre. Ils venaient d'atteindre l'ile. L'équipage se chargea des manœuvres tandis qu'un groupe de marin , dont shalimar accompagnait le Capitaine. Vu qu'elle était leur médecin, shalimar se rendait sur terre pour examiner l'état des rebelles. Il ne manquerait plus qu'ils soient tous malades, infirmes ou non entrainés pour voir leurs chances de se venger diminuer. Shalimar suivait Erwana, qui dirigeait leur petit groupe. La sorcière en profita pour examiner les lieux. Les petits campements étaient propres, les gens semblaient être en bonne santé. Finalement, ces rebelles semblaient être de potentiels bons combattants. Ils arrivèrent enfin au campement/village des rebelles. La population les regardaient passer, intriguée et impressionnée par le capitaine Erwana. Celle-ci les conduisit à la taverne et demande à être annoncée.

La taverne regroupait pas mal de personne. Les conversations s'arrêtèrent lorsqu'Erwana pénétra dans la salle principale. Shalimar eut une moue un peu dédaigneuse. la majorité des gens étaient vêtus de haillons, avaient des mines d'ivrognes finis et l'air un peu pataud. C'est vrai que l'habit ne fait pas le moine et que les apparences sont trompeuses. Mais pour le moment... Shalimar était un peu déçue. Enfin si son Capitaine s'était jointe à eux, c'est qu'ils devaient être des hommes assez courageux. Shalimar lui faisait confiance. Elle attendit derrière elle, ses mains posées sur son fouet, que quelqu'un les annonce aux chefs des Rebelles.

Clive s’apprêtait à répondre à Tegarw quant à la question de « ce qu’il se passait », mais c’est alors qu’Hugue annonçait Son arrivée.

-Voilà, en gros, ce qu’il y a…

Souffla-t-il avec un air absent. Clive n’avait pas peur. Au vu de l’existence qu’il avait mené jusque-là, c’était plutôt compréhensible, et il était à la limite de se considérer comme « chanceux ». Faut dire, éviter des incendies, survivre à des affrontements entre Corsaires et Pirates, c’était pas donné à n’importe quel paysan. Non, Clive avait de la chance, c’était un fait. C’est pourquoi l’annonce de l’arrivée d’Erwana, si elle avait le don de faire paniquer Hugue, laissait pourtant Clive d’un calme religieux. De son point de vue, il n’avait rien à perdre : combattre aux côtés d’une légende vivante, ça avait du bon. Même si son ambition la plus profonde était de prouver qu’aucune de ses trois puissances n’était invincible, s’ils parvenaient déjà à amoindrir celle de la Marine et des Corsaires, un bon bout de chemin était fait.

A le voir, alors qu’il redressait doucement la tête, cela ne faisait aucun doute qu’il avait même hâte de la rencontrer. Etait-elle donc si impressionnante ? Etait-elle donc si imposante, si arrogante ? Cette rencontre promettait tellement de choses… Bonnes ou mauvaises, en tout cas, les Rebelles sortiraient de l’oubli, de leur vie de « parasite » aux yeux du souverain. Non, les Rebelles pourraient enfin s’affirmer en tant que puissance. En tout cas… C’était son but.

-Peut-être serait-ce de circonstance d’aller l’accueillir avec une bonne bouteille… Le voyage a du lui donner soif… Et nous connaissons tous son raffinement en ce qui concerne un bon vin. Ce n’est pas tous les jours que tu reçois une telle voyageuse, Hugue.

C’était avec un délice tout particulier que Clive sentait monter en lui ce que l’on appelle communément l’adrénaline. C’était le moment ou jamais de déployer son charisme inexpliqué. La première impression devait être sans conteste la meilleure, surtout pour une personne d’une telle envergure, qui se fiait énormément à son instinct.

Il s’approcha bientôt de la table et ôta son manteau à capuche. De son sac en bandouillère de cuir noir, il sortit ce qui semblait être une arme, un poignard sans doute, maladroitement emballé dans un tissu de couleur sombre.

-On n’accueille pas une personne telle que cette femme sans lui offrir un cadeau, n’est-ce pas ?

Ca avait du bon, d’être forgeron. Il déballa bientôt le poignard minutieusement forgé de ses mains, pour le montrer à ses deux compagnons. Dans le pommeau était incrusté un rubis étincelant, rappelant sans difficulté la vue d’un bain de sang. La lame était d’une finesse impressionnante, et l’on ne doutait pas que l’arme fut adroitement aiguisée.

-Pensez-vous que cela fera l’affaire ?

Des doigts fins, qui glissaient tout doucement sur le bois. Une silhouette, habillée, drapée de gris, sur le pont, qui regardait l'horizon. Le visage, presque invisible, caché comme à l'accoutumée par une capuche. Abaigh était sur là, immobile, à observer cette île qui se dessinait non loin. La Terre : enfin.

Personne ne rôdait autour d'elle, mais ça, elle en avait l'habitude. Peu de membres de l'équipage osaient l'approcher et son séjour sur le navire n'avait pas arrangé les choses. Fort heureusement, le Capitaine n'avait aucunement décidé de se séparer de la Cartographe aux habitudes plus que bizarres et étranges.

L'échec qu'ils avaient subi avait rendu les dernières semaines difficiles, et c'était normal. Comment un Capitaine tel qu'Erwana Llyr aurait-elle pu laisser passer cet échec sans le faire payer à son équipage? Alors, en compagnie des autres, Abaigh s'était entraînée. Cela ne l'avait pourtant rapproché de personne.

Abaigh était restée dans son éternelle solitude, dans sa cabine, à faire ses cartes, à mesurer, à chercher, à étudier. La nouvelle d'une proche bataille n'avait rien changé à son comportement, si ce n'était qu'elle montait plus souvent sur le pont afin de voir s'ils se rapprochaient de leur destination.

Elle avait particulièrement hâte d'arriver sur cette île afin de poursuivre ses recherches sur son père. Jamais elle n'avait oublié son père, jamais elle n'avait laissé tomber. Oh, elle aimait la vie de Pirate et elle ne voguait pas sur les eaux uniquement dans le but de retrouver son père, mais il faut bien avouer que c'était l'une de ses principales motivations.

Alors, sur ce pont, elle esquissa un sourire. Enfin. Le premier depuis longtemps.

Une fois l'île atteinte, l'encre fut jeté et Abaigh accompagna le Capitaine, Shalimar, ainsi que quelques pirates. Sa capuche encore plus rabaissée qu'à l'ordinaire afin de cacher son visage, elle s'avança à la suite de Shalimar, en silence, comme d'habitude. Abaigh n'était que très rarement bavarde.

Ils arrivèrent finalement à destination et pénétrèrent à l'intérieur d'une auberge. Les yeux d'Abaigh balayèrent l'assemblée, et sous sa capuche son regard s'assombrit. Elle n'aimait pas attirer l'attention, elle n'aimait pas que les regards se posent sur elle. Là, c'était râté. Leur entrée avait braqué tous les regards vers eux.

Bientôt, ceux qu'ils étaient venu retrouver, ceux aux côtés desquels ils allaient se battre allaient venir les accueillir.

Deux semaines c'étaient écouler depuis cette histoire dans l'auberge et le jeune valet avait appris à mieux connaître Shali qui pouvait se surprendre de voir le jeune homme de moins en moins timide envers elle. Kyra était en effet à l'aise en compagnie de Shali. Les mêmes matelots avaient souvent tenter de lui faire la vie dure sur le vaisseau pirate, mais Kyra ne c'était jamais laisser avoir. Les blessures qu'il avait reçu peu de temps après n'étaient certes plus visible et le jeune valet avait eu une conversation avec sa capitaine et avait comprit et continua à être toujours le petit valet docile envers elle sans toute fois laisser les autres le prendre pour un niais. Shali avait été pour beaucoup pour le jeune valet, elle lui avait ainsi sans même s'en rendre compte appris à être plus confiant avec lui-même. Malgré tout certains se plaisaient de rigoler sur la virginité du jeune valet qui selon eux voulait juste se faire la capitaine.

Ils arrivaient chez ces gens avec qui ils allaient s'allier pour combattre les hommes de la marine et des corsaires. En tant que valet de la capitaine, Kyra avait suivit dans l'auberge. Il ne connaissait pas vraiment Abaigh, elle qui restait toujours dans sa cabine. Le peu qu'il avait vu d'elle il semblait aimé. Kyra la trouvait en effet jolie, mais il n'était pas là pour cette raison. Durant les deux dernières semaines il c'était entraîner afin de montrer qu'il avait beau être le valet, il savait se battre et tenait à ne pas être mit à part durant les prochains événements. Muet comme dans ses habitudes il se tenait prêt de son chef sa main sur son katana attendant les ordres son regard sombre et ténébreux semblait un peu perdu dans ses pensées. Il n'aimait lui non plus aucunement de voir autant de monde autour de lui, mais ne démontra rien du tout pour le bien de la mission.

Tegarw laissa s'échapper un soupir. Et bien, la chef des Pirates était là. Cela se voyait sur son visage que ce n'était pas non plus, à ses yeux, la meilleure nouvelle qu'on puisse lui donner. Bon, d'accord, ils avaient demandé de l'aide aux Pirates, mais pour l'homme d'armes, ils ne valaient pas mieux que les autres. Ils se disaient maîtres de la Liberté mais se donnaient leurs propres fers. Et leur liberté, ils l'obtenaient en pillant les autres peuples.

Donc, si on demandait l'avis de Tegarw, il n'y aurait déjà plus de Pirates dans ce monde. Au fond de lui, il n'espérait qu'une chose : que ces bateaux qui venaient, et leurs équipages, en viennent à s'étriper. Cela ne serait que bon pour ceux qui méritaient la vraie Liberté. Alors autant faire en sorte de perdre la chef des Pirates de manière plutôt radicale.

L'ancien soldat croisa ses bras sur son armure, en observant d'un air distrait l’œuvre du forgeron.

-C'est bien un truc de femmes, les poignards. Ca devrait lui plaire.

Oui, parce que pour Tegarw, toute arme ne faisant pas au moins un mètre était considérée comme arme pour femme. Poignards y compris. Lui il se battait avec des haches énormes, des épées à deux mains, et autres petits jouets dignes de sa carrure - qu'il était probablement le seul à pouvoir transporter, d'ailleurs - . Il trouvait donc cela ridicule que quelqu'un comme la chef des Pirates n'utilise que des poignards. Des trucs qui, après tout, ne transperçaient pas les armures.

-Bon, occupez-vous d'elle, je risque d'être désagréable avec une femme pareille.

Et d'un geste de la main, il ouvrit la porte vers la salle principale, et, de sa silhouette de fer et de muscles, haut comme un ours, il domina la pièce de sa taille et de sa force visible. Il était, vu son regard, très peu conseillé aux Pirates de se montrer agressifs. Ses lèvres ne se descellèrent pas : il avait décidé de ne pas parler tout de suite, il ne le ferait pas.

Alors qu'il se dandinais, passant d'un pied à l'autre sans vraiment savoir quoi faire dans une telle situation, tout en observant alternativement Clive et Tegarw il entendit une idée lumineuse sortir de la bouche de celui qui les guidait. Une bonne bouteille! C'est vrai que peu de monde résistait à un breuvage de choix comme il en avait au fond de sa cave...
Aussi se faufila-t-il habilement entre eux-deux en disant au passage.

Je reviens dès que j'ai trouvé ce qui lui plaira!

Et ensuite sans porter un œil à la dague et, sans écouter un mot de ce qu'avaient put lui dire ses deux confrères, il ouvrit la trappe et sembla plonger dans les ténèbres de la cave. On aurait pu croire sans le connaitre qu'il fuyait la Capitaine des Pirates, enfin il faut avouer qu'en le connaissant les doutes n'étaient pas vraiment écartés...
Quoi qu'il en soit on vit aussi le balais -qui était tombé au sol au moment où il avait ouvert la trappe- suivre la voie de son maitre et se faire aspirer avant que la trappe ne retombe en soulevant un nuage de poussière.
Accroché aux barreaux de l'échelle d'une seule main, son balais dans l'autre il descendit jusqu'à ce qu'un de ses pieds touchent terre, ensuite une fois pleinement dans la cave à peine éclairée par un ou deux soupirail il chercha attentivement une bouteille susceptible de satisfaire leur "Invité". D'après les bruits qui courraient elle était une grande amatrice de vin -enfin il avait plutôt entendu le terme alcoolique mais les gens ont la langue un peu trop pendue parfois, résultat bien souvent on la leurs coupait- ainsi se mit-il en devoir de dénicher son meilleur vin.
Ce ne fut pas long en vérité, il épousta quelques sujets susceptibles de convenir -en se tenant à son balais, pour ceux qui étaient assez haut- et sortit une vieille bouteille qui devait être là au moins depuis la création de l'auberge il y a des années de cela alors que ce n'était même pas lui le gérant.
Enfin armé de son présent il commença à remonter les échelons laissant, à son plus grand désespoir, son balais faute de main pour le tenir.

-Très bien, allons-y en ce cas…

Clive, de son pas assuré, quitta bientôt la pièce où ils étaient tous trois confinés, pour retourner dans la salle commune de l’auberge. Il s’avança, toujours souriant, vers la Capitaine des Pirates dont l’entrée était à l’origine d’un calme pesant, lourd de bavardages, murmures que l’on devinait en rapport avec elle.

-Capitaine Erwana Llyr, c’est un honneur et un plaisir de vous retrouver ici, dans notre modeste campement. Je suis Clive Tensyo, avec qui vous vous êtes entretenu par missive. J’ose espérer que votre voyage jusqu’ici fut agréable.

La Capitaine toisa sans condescendance l’homme qui se trouvait alors bientôt face à elle, et qui la caressait avec des tas de paroles aussi polies qu’insupportables. Elle détestait les lèche-bottes. Et ce sourire qu’il tenait accroché à ses lèvres semblait la défier, sans fin.

-Hm.

C’est tout ce qu’il arrivera à obtenir d’elle. Elle n’avait décelé les lèvres, et n’avait même pas répondu à sa brève inclinaison. Elle se contenta de le regarder un peu plus, telle un faucon fixant sa proie. Contrairement à la plupart des gens qui la rencontraient pour la première fois, celui-ci ne semblait pas ressentir cette appréhension, cette crainte qui lui tenaillait le cœur.

Avec une volonté sans faille de la dresser dans le sens du poil, comme un animal enragé que l’on voudrait apaiser pour l’attraper, il lui présenta bientôt l’arme qu’il avait confectionné de ses mains, résolu à obtenir d’elle une réaction, un sentiment, quoi que ce fut qui aurait pu adoucir la tension qui était née entre eux au premier abord.

-Recevez avec ce modeste présent, l’assurance d’une totale alliance entre nos troupes rebelles et votre immense puissance pirate. Nous, les rebelles, sommes des hommes de parole. Si l’un venait à trahir ce pacte que je scelle à cet instant, soyez assurée qu’il n’y trouvera autre pardon que la mort.

La Capitaine soutint un moment le regard du chef présumé des rebelles, avec ce qui semblait être de l’intérêt. Du moins, un tout petit peu. Elle prit alors l’arme qu’il avait forgée et ôta le tissu qui l’enrubannait, pour montrer le poignard au grand jour. La finition, tant de la lame que de son pommeau, était incroyablement minutieuse et délicate. C’était une très belle et sans aucun doute une très bonne arme. Elle reçut le présent en la glissant directement à sa taille. En guise de remerciement, elle hochera doucement la tête vers l’avant.

-J’espère que vous êtes aussi bon combattant que vous êtes forgeron. Maintenant, veuillez nous installer, mes quelques pirates présents et moi, car nous revenons d’un long voyage qui nous a donné grand soif.

-Mais bien entendu, ma Capitaine.

Il la devança alors et d’un regard fit se lever quelques hommes installés, afin de rassembler des tables pour avoir suffisamment de place pour les Pirates qui étaient entrés.

-Installez-vous tout à votre aise. Je m’en vais quérir Tergarw, notre chef militaire et Hugue, propriétaire de l’auberge.

Aussitôt dit, aussitôt fait, le forgeron s’inclina devant Erwana avant de s’en retourner dans la pièce sur le côté, afin d’appeler ses deux partenaires.

-La voilà installée. Je ne pense pas qu’elle posera de problème. Je propose que nous y allions tous les trois, elle ne veut apparemment pas se séparer de ses Pirates, celle-là… Qu’à cela ne tienne, ça ne me dérange pas de parler devant eux.

Erwana Llyr s’installa sans un mot, en observant un moment la porte par laquelle Clive venait de s’enfuir. Puis, elle se tourna vers Shalimar, Abaigh et Kyra.

-Soyez attentifs à tout, je me méfie des fouines dans son genre. S’il croit m’amadouer avec un cadeau, il se met le doigt dans l’œil. Je pense qu’ils se méfient de nous autant que nous nous méfions d’eux. Même si ils n’ont aucun intérêt à nous trahir, tout du contraire… Ils ne font pas le poids face à nous.

Le jeune valet qui comme toujours avait resté silencieux et discret avait regarder la scène de l'homme qui avait donner un cadeau à sa capitaine. Sa main toujours sur le bout de son katana prêt à le sortir en cas d'urgence démontrait vraisemblablement sa méfiance envers ces gens. En fait même Erwana le savait Kyra n'avait confiance en personne et cela depuis le premier jour où elle l'avait rencontrer. Il avait par contre démontrer maintenant qu'il n'était pas ce petit valet niais et qu'il était capable de se faire comprendre si besoin était. Le jeune valet était parfois songeur en se demandant si un jour il serait autre chose que le domestique du capitaine, mais en son fort intérieur il savait que tant que Erwana le prendrait comme son valet il serait au moins plus en sécurité. Mais pourquoi s'inquiéter en fait, il avait toujours su combattre et tuer s'il devait le faire. Kyra prit finalement place prêt de sa capitaine comme était la place du valet attendant ainsi les ordres de la grande dame. Le jeune valet jetait par moment un regard à Shali avec qui il apprenait de plus en plus à s'affirmer, mais il sentait également le regard de ses marins qui rêvait de lui en coller une tout de même poser sur lui.

Songeur Kyra se demandait également comment allait Evelyne, puis la voix de sa capitaine le ramena à la réalité et Kyra fit un signe positif quand elle leur demanda de rester sur leur garde et de réagir en cas d'urgence. Elle n'avait pas confiance en ces types et cela était pareil pour le jeune valet. Kyra prit le verre qu'on lui remit mais ne le but point pour le moment il observait les gens comme il savait toujours le faire. Le jeune valet semblait froid et méfiant comme toujours. Ce visage angélique sans émotions ou quasi sans vie était en tout temps le regard de Kyra. Jamais il ne changeait de regard, jamais personne ne l'avait vu pleurer. Personne sauf Shali et Evelyne à l'auberge. Ce jeune homme restait toujours le mystère pour plusieurs, jamais une fille de joie avait pu avoir ses faveurs, jamais il ne c'était amuser avec les autres. Mais le jeune valet savait qu'il ne pouvait pas dans un monde de pirate laisser transparaître ses faiblesses et il se détestait pour l'avoir fait une fois. Des sentiments cela était une chose qu'il ne devait en aucun cas avoir ou démontrer. Kyra était maintenant assit confortablement à la table observant de son regard sombre et presque meurtrier ce qui se passait telle une poupée sans vie ou à demi vivante. Peut-être un jour il briserait cette carapace complètement, mais cela ne serait pas pour tout suite effectivement.

Le jeune homme qui les avait accueillit les conduisit à une table. Shalimar attendit que son capitaine soit installé avant de prendre place. Erwana leur demanda de faire attention et de se méfier de tous. La sorcière comptait bien faire attention. Déjà, elle n'allait pas boire la boisson qu'on leur apportait. Du moins, pas maintenant. Elle attendrait que leur hôte arrive et commence à boire. Elle pouvait aussi traiter la boisson mais devait pour cela demander l'accord de son capitaine.
L'ambiance de la taverne s'était considérablement refroidit à leur entrée et ne s'améliorait guère. Les conservations étaient peu nombreuses et avaient pour sujet leur venu. Shalimar s'en amusa. Elle adorait quand les hommes avaient peur d'elle. Elle observa de sa place l'assemblée. Un homme retint son attention.

Celui-ci était adossé contre le mur et les toisait de toute sa hauteur. Il était bâtit comme un ours et pouvait avoir une force de taureau. Vu le regard que lui jetaient certains membres de l'assemblée, il devait être quelqu'un d'important. Shalimar lui renvoya son regard noir. L'homme ne lui plaisait pas. Elle s'adressa à son capitaine.

"Capitaine, je pense que l'homme au fond est l'un des capitaines de la rébellion."

C'est en silence qu'Abaigh avait observé l'arrivée de l'homme. L'un des rebelles, l'un des hommes avec lesquels les Pirates étaient désormais alliés. Alliés... Ceci était malgré tout un bien grand mot. On ne pouvait dire des Pirates qu'ils étaient les alliés de qui que ce soit. Cela dit, les Rebelles et les Pirates avaient intérêt à se battre ensemble en ces temps sombres.

L'homme offrit un présent à Erwana et c'est avec un certain intérêt qu'Abaigh observa l'arme. Une magnifique arme blanche : Abaigh les aimait, et aimait surtout les utiliser. Quelle était agréable, cette sentation, quand une lâme transperçait de la chair humaine.

Finalement, elle détacha son regard de l'arme pour le reposer sur les personnes présentes dans l'auberge. Une quantité incroyable d'hommes : cela devait leur paraître étrange que des femmes puissent en imposer autant. Erwana avec son charisme et sa cruauté sans pareil, Shalimar avec sa stature et son air imposant le respect et la peur, et Abaigh avec son air mystérieux et dérangeant qui en faisait frissonner plus d'un. Au milieu de ces femmes, il y avait Kira, jeune au visage d'Ange mais qui était un combattant redoutable sans scrupule.

Quoi qu'il en soit, les murmures qui s'élevaient doucement de cette assemblée laissait bien entrevoir la crainte et la méfiance des hommes présents : Parfait. Les Pirates étaient de toute façon tout autant méfiants, si ce n'était plus.

Finalement, l'homme qui était venu les accueillir ordonna à des hommes de préparer des tables et des chaises pour les Pirates puissent s'installer. Il s'en alla ensuite chercher le Chef Militaire ainsi que le propriétaire de l'auberge.

Erwana leur précisa alors qu'il fallait qu'ils restent sur leurs gardes et Abaigh se contenta d'acquiesser d'un simplement mouvement de la tête qui fit doucement glisser un peu plus sa capuche et qui donc, assombrit encore un peu son visage.

Finalement, elle fit comme tout le monde et s'installa sur une chaise. Elle n'aimait pas trop cela : Les regards étaient braqués sur eux et elle scruttait chaque recoin. Si jamais les autres tentaient quoi que ce soit contre eux, ils allaient le regretter.

Elle non plus, elle ne toucha pas au verre qu'on lui amena. Elle avait pour habitude de ne jamais boire un verre qu'on lui apportait et d'ailleurs, on l'avait souvent vu boire à une gourde qu'elle gardait toujours attachée à sa ceinture. Que voulez-vous? Il était une période où on ne pouvait faire confiance à personne.

-Cet endroit me déplaît...

Elle avait parlé dans un murmure à peine audible, de cette voix froide, glacée, désincarnée. Finalement, son regard s'attarda sur un endroit bien précis, à peine à quelques centimètres sur sa gauche. Sauf qu'à cet endroit, il semblait ne rien y avoir. Cependant, vu le comportement d'Abaigh, elle semblait y voir quelque chose, et même bien le voir. Elle se pencha un peu sur le côté, comme pour tendre l'oreille. Elle resta quelques instants ainsi, semblant écouter quelque chose, puis se réinstalla correctement.

Son regard, plus sombre que jamais, se posa sur un homme, assit plus loin à une table, qui les dévisageait. La main d'Abaigh glissa tout doucement sur son poignard, attaché docilement à sa ceinture. Elle le sortit de son fourreau et le posa sur la table. Elle laissa ensuite glisser ses doigts dessus, tout en fixant l'homme. Le message d'Abaigh était clair : un mouvement de trop et le poignard finirait entre les deux yeux de l'homme. Bien entendu, le message était valable pour tout ceux qui étaient présents ce soir.

Voila près d'un bon quart d'heure qu'ils patientaient ici. Cette attente commençait à taper sur les nerfs de Shalimar. Pour qui se prenaient ces gens? On ne traite pas ses alliés comme des moins que rien. Abaigh non plus n'aimait cet endroit. Et le manque d'actions risquait de mettre de très mauvaise humeur Erwana. Et l'homme qui les toisait de loin commençait à agacer la sorcière de plus en plus.
"Capitaine, je vais voir ce que font nos "alliés".

Shalimar se leva lentement. En faisant cela elle toisait en même temps l'assistance. Une ambiance glaciale emplissait la pièce, mais shalimar n'en n'avait que faire. La tête bien haute et sa main gauche sur son fouet, elle se dirigea à pas lents et décidés vers la porte des cuisines. Elle sentait que les rebelles la suivaient des yeux, prêts à intervenir en cas de problème. Le gorille qui la gardait mis ses mains sur les hanches et la regarda avec dédaignement. La voyant s'approcher il mis un pied devant le passage. Shalimar s'arrêta devant lui. Cet homme ne l'impressionnait pas. Elle mis sa main sur la poignée et ouvrit la porte. Son regard toujours rivé dans celui de l'homme taureau, elle pénètra dans la cuisine.

Un homme montait les échelons d'une échelle. Il se stoppa en la voyant. Cette situation fit sourire Shalimar. Elle appréciait de voir les hommes embarrassés en sa présence.
"Et bien Monsieur, ce serai très aimable à vous de nous rejoindre à notre table. Il n'est pas poli de laisser ses inviter seuls, surtout la veille d'une importante bataille."
Il tenait en main une bouteille que Shalimar s'en pressa de prendre. Elle jeta un coup d'oeil vers la salle. L'homme gorille lui jeta un regard noir. Elle lui souria et reporta son attention sur le deuxième homme.
"Bon, et si vous préveniez les autres chefs de la Rébellion qu'on puisse commencer l'organisation de la défense de votre ile? Car c'est pas qu'on s'ennuit mais à force d'attendre on risque de voir débarquer les corsaires sans être prêt. Et c'est vous qui avez plus à perdre que moi."

Après la bref discussion Shalimar retournait dans la pièce, sa bouteille en main. Quand elle vit que certains personnages se levaient. Elle fit un petit signe de la tête à ses deux collègues. Petit signe signifiant qu'une bagarre risquait d'éclater. Elle espéra que les Chefs de la Rébellion allait vite se montrer et s'assoir avec Erwana pour calmer un peu le jeu. Deux trois ivrognes s'approchaient déjà de Kira et Abaigh.